L’Europe ne veut pas rater la saison touristique, mais le Covid rend l‘équation impossible à résoudre sauf à prendre le risque d’une 4e vague <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Santé
L’Europe ne veut pas rater la saison touristique, mais le Covid rend l‘équation impossible à résoudre sauf à prendre le risque d’une 4e vague
©Thomas SAMSON / AFP

Atlantico Business

Pour tous les pays européens, les mesures de déconfinement qui se préparent sont très attendus par les professionnels du tourisme. Pas question de rater la saison. Mais l’enjeu est tel que la concurrence va être terrible. Et pour l’instant, ça part un peu dans tous les sens...

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Voir la bio »

Pour le gouvernement français, la saison touristique sera « bleue, blanc, rouge ». Le slogan est clair. Son contenu un peu moins. En bref, la stratégie est incertaine. Parce qu‘entre attirer le maximum de touristes français et étrangers et assurer le maximum de sécurité sanitaire, le compromis est assez compliqué à trouver. Cette semaine, la difficulté de faire adopter le principe du passeport sanitaire ou vaccinal par le Parlement prouve bien que la France a encore des progrès à faire pour accepter de mettre ente parenthèse certaines formes de liberté individuelles, même s’il s’agit d’assurer la sécurité du plus grand nombre.

L’enjeu du réveil des activités touristiques est incontournable, notamment pour tous les pays de l’Europe du sud. 

Le tourisme en France, c’est aussi important que l’agriculture et les industries du luxe. Mais dans ce tiercé, locomotive au niveau du PIB, c’est le tourisme qui a le plus souffert de la pandémie.

Le tourisme, ce sont les hôtels, les restaurants, les campings, les parcs à thème, le Puy du fou ou Eurodisney, les monuments de Paris, les musées… Bref, c’est une immense richesse naturelle et patrimoniale dont l’exploitation donne du travail à plus de 3 millions de personnes, 3 millions d’emplois, et gênerait 60 milliards de richesse avant le Covid. Grâce aux 90 millions de touristes. 

Alors, la France est en Europe le pays qui attire le plus de tourisme, mais les touristes qui viennent chez nous dépensent moins que ceux qui vont en Espagne.

En Espagne, ils sont moins nombreux mais restent plus longtemps. Le touriste chez nous dépense 700 euros pendant son séjour, c’est à dire moins d’argent que le touriste qui va en Espagne ou en Italie. Le touriste en France a tendance à passer. L’enjeu est donc le retenir dans l’Hexagone. Mais avant, il faut le retrouver parce que la pandémie a réduit de moitié le chiffre d’affaire du tourisme. 

À Lire Aussi

Zéro Covid : 7 réponses aux arguments de ceux qui s’obstinent à penser que c’est une stratégie impossible pour la France

Cette campagne de communication vise les étrangers mais ça ne va pas être évident, parce que la France est considérée comme un pays à risque et que jusqu’alors, la politique sanitaire n’est pas forcément très claire pour tout le monde.

Mais cette campagne va viser aussi les Français pour qu‘ils restent en France, un peu comme l’année dernière à la même époque et ça va être plus facile, parce que beaucoup n’auront pas le choix. Les atouts naturels de la France sont évidemment nombreux. Nous sommes le pays le plus riche en diversité géographique, avec la mer, la montagne… 

C’est aussi le pays où les traces de l’histoire et de la culture sont considérables. Le Mont St Michel, le château de Versailles, les châteaux de la Loire…. Mais on a des concurrents en Europe qui sont bien décidés à se défendre aussi. L’Italie, l’Espagne, la Grèce qui ont aussi une attractivité touristique très forte.

La campagne de publicité, lancée par la France, va avoir pour objectif de rassurer les professionnels du tourisme d’un côté et les clients de l’autre. Mais ça ne va pas être facile de rassurer les uns et les autres. Rassurer les acteurs du secteur, c’est offrir un maximum de liberté de choix, tout en garantissant un maximum de sécurité. 

Donc : 

1er point : il faut que le déconfinement se passe bien et ce n’est pas évident, compte tenu des normes de protection, des risques des variants et de la situation sanitaire qui est encore très tendue. 

2e point : il faut assurer la sécurité sanitaire. Donc, il faut accélérer la vaccination, le testing et régler cette question du passeport sanitaire ou vaccinal qui fait débat et qu’on a du mal à accepter. Il faudra donc, quoi qu’on dise et compte tenu de notre retard, déplacer sur les lieux de vacances les moyens de vacciner.

Pas facile, parce que le touriste voyage par définition, le virus aussi et l’Europe avance de façon unie et coordonnée sur cette question. 

L’Europe a en projet de créer un passeport sanitaire qui permettrait au porteur d’aller partout en Europe, mais il y a du retard. Thierry Breton pousse les feux mais ça ne marchera que si tout le monde l’adopte et ça n’est pas le cas.

Alors comme tous les pays sont concurrents, certains comme l’Espagne, la Grèce et l’Italie veulent prendre les devants pour attirer les touristes en engrangeant des réservations. Ils ont donc un ou deux mois d’avance sur la France par exemple.

La Grèce a annoncé très tôt que beaucoup de ses îles seront Covid Zéro. La Grèce a donc déjà reçu des réservations nombreuses en provenance de la Grande Bretagne et des États-Unis. Mais, les Français aussi ont commencé à réserver, déjà pour aller dans les îles Grecques mais pas seulement. En Espagne, pour faire la fête ou même en Italie. Coincé par son confinement et son couvre-feu qui ne seront pas complètement levés avant juin, la France est en retard parce qu’elle ne peut pas garantir aux touristes que tout sera fait pour assurer la sécurité. 

Il faudrait être prêts au 30 juin, mais on n’est pas sûr de la situation. 

Les pays qui s’en sortent sont ceux qui imposent un passeport vaccinal, parfois un test PCR négatif de moins de 72 heures. Avec encore des conditions restrictives mais c’est très rassurant pour le visiteur. 

Les pays qui sont actuellement encore fermés sont rares : le Danemark, la Norvège, la Tchéquie, la Hongrie et la Russie ont des restrictions assez sévères actuellement pour les touristes, mais nous ne sommes qu'à la mi-mai. 

L’équation que cette industrie doit résoudre est affreusement compliquée. Il faut accueillir le maximum de touristes avec le minimum de risques sanitaires parce que tous les gouvernements ont peur laisser se préparer une quatrième vague en septembre, comme l’année dernière. 

Les îles sont favorisées, la Grèce, par exemple peut assez facilement isoler ses iles. Malte va encore plus loin, Malte offre un chèque de 200 euros par personne pour séjourner au moins 3 jours. Donc, si vous cherchez une idée de vacances, dépêchez-vous de réserver parce que cette offre est limitée aux 38 000 premières réservations. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !