L’étude scientifique qui prouve que l’optimisme permet de vivre plus vieux <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Santé
L’étude scientifique qui prouve que l’optimisme permet de vivre plus vieux
©

Santé

Selon une étude américaine du Professeur Lewina Lee, professeur agrégé de psychiatrie à la faculté de médecine de l’Université de Boston, les optimistes ont plus de chances de vivre plus longtemps que ceux qui ont une approche plus négative de la vie.

Pierre Setbon

Pierre Setbon

Le docteur Pierre Setbon est cardiologue à Paris, lauréat de la faculté de médecine et ancien médecin à l’hôpital Broussais, temple de la cardiologie parisienne. Il y a plus de vingt ans maintenant qu’il s’intéresse au stress, cherchant surtout à soulager efficacement les patients désemparés et gênés au quotidien. 

Voir la bio »

Atlantico : Pourquoi le pessimisme et le stress sont-ils des facteurs de risque de maladie et de décès prématuré ? À l'inverse, par quelle relation de causalité la suppression de ce stress et l'optimisme des individus permet-il un vieillissement en bonne santé ?

Pierre Setbon : Le stress est depuis longtemps reconnu comme favorisant les maladies psychiatriques plus ou moins sévères  : anxiété, angoisse, phobie, dépression. Ce n'est que beaucoup plus récemment qu'il a été reconnu comme étant un facteur de risque des maladies cardio-vasculaires, des maladies coronaires, de l'hyper-tension artérielle, des accidents vasculaire-cérébrale... L'implication du stress  dans ces maladies toujours préoccupantes et parfois graves semble lié à la sécrétion excessive par les glandes surrénales des hormones du stress, en particulier par l'adrénaline. Ce flot d'hormones corrosif dans nos artères va entraîner plus ou moins rapidement l'apparition de maladies. 

Le cerveau reste le maître et sous l’influence d’événements extérieurs environnementaux psycho-émotionnels, il  va déclencher ce processus dévastateur, à long terme, pour l'organisme. En d'autres termes, le cerveau donne l'ordre de fabriquer des hormones du stress lesquelles sont responsables des signes quotidien du stress.

Cela a été démontré d'abord chez les babouins dans les années 1970, un neurobiologiste américain a découvert que dans une colonie de babouins le stress augmente par deux le risque cardiaque. Les singes qui étaient stressés et étaient des subalternes mourraient alors plus facilement de maladies cardiaques. Une seconde étude ayant débuté dans en 1967 et faite cette fois-ci réalisée sur l'être humain a démontré -en étudiant des milliers de sujets sur plusieurs années- que le stress augmentait de plus de 2 fois le risque de maladies cardiaques. Ce risque est également -comme chez les singes- plus élevé chez les subalternes.

Ainsi, le stress favorise donc la progression de maladies cardiaques.

Le Professeur Lewina Lee a déclaré : "Nos résultats montrent qu’augmenter l’optimisme pourrait favoriser la longévité et le vieillissement en bonne santé." Êtes-vous d'accord avec cette conclusion ? Quelles leçons peut-on tirer de cette étude sans la surinterpréter ?

Toutes les études sont critiquables. Par exemple, dans le cas de l'étude menée par le Professeur Lewina Lee,  elle a été menée sur pratiquement  70 000  personnes dont plus de 69 000 sont des femmes or il est aujourd'hui bien connu que l'espérance de vie féminine est plus importante que celle des hommes. Optimiste ou pas, la femme vie plus longtemps. Ainsi, on peut critiquer l'étude pour son choix de sujets principalement féminins.

Ensuite, on sait aujourd"hui avec certitude que le stress favorise les maladies cardio-vasculaires,  les maladies psychiatriques et probablement même le cancer. On est obligé de se pencher sur ce qui favorise le stress et comment il se manifeste. Le stress est tout d'abord individuel, les facteurs de stress varient d'une personne à l'autre. Les symptômes sont également divers : cela peut aller du rythme de vie, au travail.. Lutter contre le stress est tactique. Les premiers symptômes du stress sont physiques (blocages de la respiration, hausse de l'irritabilité, plus grande consommation d'alcool..). Et si l'on sait comment le stress se manifeste et que l'on  a des outils pour luter (relaxation, sport..), à mes yeux  être optimiste n'est qu'un outil de plus. D'autant plus l'être humain a très peu de moyen d'action sur l'optimisme. On le voit bien chez les personnes plus âgées : être optimiste c'est avant tout un trait de caractère. Autant on peut essayer de lutter contre le pessimisme avec des psychothérapies autant changer du tout au tout paraît quasi-impossible. 

Ainsi l'étude qui affirme qu'augmenter l'optimisme favorise la longévité et le vieillissement en bonne santé est critiquable puisqu'il s'agit d'un trait de caractère : les gens ne font pas grand chose pour être optimiste, c'est un don de la nature. Maintenant, qu'être optimiste augmente sa longévité c'est possible. De toute façon les philosophes grecs le disaient avant nous, il faudrait normalement ne vivre que dans l'instant présent. Ceci pourrait permettre de lutter et de devenir plus optimiste, mais on ne passerait de toute façon pas de A à Z. Ces outils comme la relaxation, le sport, la méditation... nous feront du bien, pourront nous rendre un peu plus optimiste mais il n'y aura pas de changement radical de personnalité. Un pessimiste ne changera pas du tout au tout. 

Dès lors, quelle influence a la santé psychologique (stress, pression sociale etc.) d'un individu sur sa santé physique ? En termes de médecine, les thérapies psychiatriques et psychologiques peuvent-elles être considérées, au même titre que les solutions médicamenteuses, comme des moyens efficaces de lutter contre une maladie et prolonger l'espérance de vie ?

Le stress et la pression sociale ont une influence extrêmement négative comme on l'a vu. En effet, selon moi le stress est anti-psychiatrique. Les thérapies peuvent améliorer notre perception de la vie, mais elles ne changent pas les choses en profondeur. Je pense qu'il faut avant tout faire du sport, arrêter les excitants, décrocher des écrans... Ces conseils peuvent paraître légers mais ils ne nous feront pas de mal. On peut également conseiller lorsque l'anxiété est très importante des médicaments.

Ceux-ci sont utiles lorsque les symptômes sont très importants (palpitations par exemple) et dans certains cas, ils peuvent même s’imposer. Les bétabloqueurs -agissent sur le cœur- peuvent ici être très efficaces, ils agissent sur l'adrénaline faisant ainsi disparaître le stress. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !