L'envolée de l'euro, nouveau casse-tête pour François Hollande<!-- --> | Atlantico.fr
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L'euro est en route vers les 1,40 dollar.
L'euro est en route vers les 1,40 dollar.
©Reuters

Editorial

L'euro se rapproche d'un nouveau record, il vaudra bientôt 1,40 dollar. La politique de l’euro fort va peser sur les exportations déjà insuffisantes.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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L’euro vient de franchir la barre de 1,35 dollar pour la première fois depuis novembre 2011 et il est en route vers les 1,40 dollar selon la plupart des experts, en se rapprochant ainsi de ses niveaux historiques. Une situation à priori réconfortante pour le vieux continent puisqu’elle signifie le regain de la confiance dans une monnaie dont beaucoup prévoyaient l’éclatement il y a seulement quelques mois. Avec l’avantage de rassurer les investisseurs internationaux, de faire revenir les capitaux qui s’étaient enfuis et plus prosaïquement de ralentir pour le consommateur les effets dévastateurs du pétrole qui est reparti à la hausse et dont les cours sont exprimés en  dollars.

Mais cette apparente bonne nouvelle a aussi des contreparties moins réjouissantes. En fait, le retour à meilleure fortune de l’euro a une autre explication : il est avant tout la conséquence de la guerre des monnaies que se livrent aujourd’hui les grands pays pour doper une croissance économique souvent atone en raison de la faiblesse de la consommation intérieure et pour favoriser leurs exportations.

Paradoxalement, la Suisse avait ouvert les hostilités en fixant un plafond à la hausse du franc suisse, refuge par excellence des capitaux au moment le plus fort de la crise financière, afin d’éviter une asphyxie de son économie. Au demeurant, la manœuvre a bien réussi. A son tour le  nouveau gouvernement  japonais s’est lancé à corps perdu dans une politique de baisse du yen qui a perdu vingt pour cent par rapport à l’euro en quelques mois afin de mettre fin à deux décennies de stagnation économique. La Chine est depuis longtemps coutumière de cette pratique. Mais ce sont les Etats-Unis qui se sont  plus récemment lancés dans une « politique monétaire accommodante», en clair en  faisant marcher la planche à billets pour doper une reprise jugée encore trop molle, en faisant chuter le billet vert.

Conséquence : une déferlante de capitaux dans le monde, issus de cette création monétaire, qui se déversent sur les pays qui ne jouent pas ce jeu en faisant monter leurs monnaies ainsi que les bourses de valeur qui étaient tombées à des niveaux très bas durant la crise.

Or, la banque centrale européenne ne peut intervenir comme la Fed Outre-Atlantique pour protéger sa devise, car elle a en face d’elle dix-sept pays conservant leur propre politique en matière de budget, de dette ou de déficit. Et l’Allemagne, qui continue d’avoir un rôle dominant et représente, aux yeux de la communauté internationale, l’interlocuteur privilégié, refuse toute manipulation qui conduirait à faire baisser l’euro, car elle entend éviter tout ce qui pourrait ressusciter l’inflation, même si elle commence à ressentir les premiers effets d’un ralentissement de sa croissance intérieure.

 En revanche, la situation  est plus grave pour la France, car elle risque d’accentuer l’entrée en récession qui s’est amorcée, alors qu’elle souffre déjà d’un criant déficit de compétitivité. La politique de l’euro fort va peser sur les exportations déjà insuffisantes. Un casse-tête supplémentaire pour François Hollande, toujours aussi discret sur la réduction des dépenses publiques, au moment où  les revendications se font plus pressantes dans l’opinion et où les fonctionnaires, parce qu’ils font partie des secteurs protégés commencent à descendre dans la rue pour protester contre l’immobilisme du gouvernement. 

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