L’avenir du Covid pourrait bien ne pas ressembler du tout à ce que sont devenus les virus des précédentes pandémies<!-- --> | Atlantico.fr
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Des élèves appliquant les gestes barrières pendant l'épidémie de Covid, Photo AFP
Des élèves appliquant les gestes barrières pendant l'épidémie de Covid, Photo AFP
©Thomas Samson / AFP

Faut-il craindre une rechute ?

En France comme ailleurs, le Covid persiste. Pourtant, l’OMS vient d’annoncer la levée de l’urgence mondiale initialement engendrée par la pandémie. A l’avenir, l’évolution de la maladie pourrait s’avérer très différente de celles de précédentes pathologies.

Antoine Flahault

Antoine Flahault

 Antoine Flahault, est médecin, épidémiologiste, professeur de santé publique, directeur de l’Institut de Santé Globale, à la Faculté de Médecine de l’Université de Genève. Il a fondé et dirigé l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (Rennes, France), a été co-directeur du Centre Virchow-Villermé à la Faculté de Médecine de l’Université de Paris, à l’Hôtel-Dieu. Il est membre correspondant de l’Académie Nationale de Médecine. 

 

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Atlantico : L’OMS a annoncé la levée de l’urgence mondiale sur le Covid. Néanmoins, le Covid circule toujours et nous allons continuer à vivre avec. Que sait-on de l’avenir du Covid ? (et des futures « vaguelettes »)

Antoine Flahault : Nous sommes de nombreux experts à ne pas trouver que l’expression “vaguelettes” soit très appropriée. Pour deux raisons, d’abord par respect pour les personnes qui sortent encore abîmées ou meurtries de ces vagues actuelles de Covid et ensuite parce que la veille sanitaire s’est tellement dégradée ces derniers mois un peu partout dans le monde qu’il est devenu difficile de comparer les tailles des vagues entre elles aujourd’hui. Cela-dit, il est clair que l’impact sanitaire des dernières vagues de Covid est moins lourd, en termes d’hospitalisations et de décès que celui des premières vagues pandémiques, à l’époque où les vaccins étaient encore peu répandus et l’immunité conférée par les infections moins solide qu’aujourd’hui. Concernant le Covid long, il est encore difficile d’en apprécier l’évolution depuis le début de cette pandémie. Il n’est pas du tout certain qu’ils soient devenus moins fréquents.

A quel point le Covid diffère-t-il en cela des précédentes pandémies ?

Le SARS-CoV-2 est un virus à transmission par voie aérosol, comme le virus de la grippe ou le bacille de la tuberculose mais il est doté d’une transmissibilité beaucoup plus importante, caractérisée par un taux de reproduction très supérieur à celui de la grippe notamment. Ainsi, l’une des premières différences est que le Covid peut survenir par vagues assez forte au cœur de l’été, comme tout au long de l’année. La deuxième différence se déduit de la précédente, le bilan sanitaire du Covid en termes de morbi-mortalité est trois ou quatre fois plus élevé que celui de la grippe qui ne génère qu’une seule vague épidémique chaque année. La troisième différence est le Covid long. La grippe donne aussi des formes post-infectieuses, mais elles sont plus rares tandis qu’on estime qu’environ 10% des infections au SARS-COV-2 se compliquent d’un Covid long, ce qui est considérable et potentiellement fortement impactant tant sur le plan sanitaire, que social mais aussi économique.

Comment expliquer que le Covid se dessine comme une succession de vagues ou vaguelettes, là où de nombreux virus des précédentes pandémies ont plutôt eu tendance à se saisonnaliser ?

La forte transmissibilité du SARS-COV-2 et de ses variants et sous-variants, traduite par un taux de reproduction plus élevé que celui des autres virus respiratoires comme celui de la grippe, contrecarre l’effet habituel du frein estival. Non que ce frein estival n’existe pas, mais il est moins opérant sur le coronavirus. Ainsi, on estime que le frein estival réduit de 60% le taux de reproduction de base (R0) de la grippe. Sachant que pour la grippe R0=1,5, le frein estival ramène le taux de reproduction au-dessous de la valeur 1, donc il n’y a pas d’épidémies de grippe l’été. Les premières souches de SARS-COV-2 avaient un R0=2,5, le frein estival seul ne parvenait pas à le ramener, sans mesures complémentaires, au-dessous du seuil épidémique de 1, et permettaient aux épidémies de Covid de se propager tout l’été. Les variants successifs du coronavirus étaient tous plus transmissibles que les précédents, et donc leur taux de reproduction était supérieur, ne permettant pas davantage de rendre le Covid saisonnier.

Peut-on, à tout le moins, espérer en avoir fini avec les grosses vagues d’épidémie saturant notre système de santé et désorganisant le pays ? 

C’est plus qu’un espoir, c’est la réalité d’aujourd’hui : nous en avons bien fini avec les saturations du système de santé et des morgues. Il n’est plus nécessaire, nulle part dans le monde, d’instaurer des confinements, des quarantaines à cause du Covid et les contrôles sanitaires aux frontières tombent les uns après les autres. On le doit au très haut niveau d’immunité vaccinale de la population et aussi à l’immunité conférée par les infections répétées depuis plus de trois ans. Cette immunité ne nous protège certes pas très bien contre les infections, ni contre les Covid longs qui représentent un problème encore mal résolu, mais l’immunité acquise dans la population protège désormais de large segments de cette population contre les formes graves, les hospitalisations et les décès. On ne peut cependant pas accepter de continuer à laisser à leur triste sort les personnes très âgées ou immunodéprimées. On pourrait et il faudrait faire mieux. Les personnes à risque de formes graves doivent continuer à pouvoir accéder aux tests PCR et à la mise en œuvre précoce des traitements antiviraux efficaces. L’amélioration de la qualité de l’air intérieur des locaux recevant du public permettrait de réduire la circulation du virus et de ses variants dans la population, elle contribuerait à diminuer le lourd fardeau persistant du Covid dans nos sociétés et aussi à limiter la menace d’une émergence de variants plus agressifs, plus virulents.

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