L’automobile bas carbone, voie de la croissance vertueuse pour l'industrie européenne<!-- --> | Atlantico.fr
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Des voitures sur une autoroute aux Etats-Unis.
Des voitures sur une autoroute aux Etats-Unis.
©MARIO TAMA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Solutions alternatives

L’industrie automobile européenne, prise de vitesse lors du passage à l'électrique, doit s'attaquer résolument à l'impact carbone de la production des véhicules à batterie pour retrouver sa position centrale.

Jean-Michel Pinto

Jean-Michel Pinto

Jean-Michel Pinto est Directeur spécialisé en stratégie industrielle au sein du cabinet Monitor Deloitte.

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Les initiatives récemment lancées pour rattraper le retard pris par les acteurs européens de l’automobile dans la « course à l’électrique » – alliance entre constructeurs, création de gigafactories, conversion à l'électrique des sites d'assemblage – bien que nécessaires ne seront probablement pas suffisantes pour reconquérir l’intégralité du terrain cédé à la concurrence asiatique.  

Pour asseoir à nouveau son leadership sur l'industrie automobile mondiale, l'Europe doit au-delà des efforts de rattrapage déjà engagés, anticiper les prochaines mutations. Paradoxalement, les critiques qui montent sur l'impact carbone de la production des véhicules électriques constituent une opportunité unique pour le Vieux Continent.

Anticiper les prochaines mutations du secteur

Le véhicule électrique émet très significativement moins de CO2 sur l'ensemble de son cycle de vie que le véhicule thermique mais l’écart s’explique uniquement par la phase d'usage. Les émissions liées à la phase de production d'un véhicule électrique sont, elles, supérieures d’environ 50% à celles associées à la production d'un véhicule thermique.

Ces émissions représentent aujourd’hui un total de 120 millions de tonnes pour les véhicules vendus sur le marché européen. Ce total atteindra 180 à 200 millions de tonnes si rien n’est fait d’ici à 2035, fin programmée du véhicule thermique. La réduction des émissions de production constitue donc le prochain défi de l'industrie et son ampleur est de nature à rebattre les cartes du secteur.

Pour gagner cette bataille, les Européens doivent conduire rapidement et simultanément trois chantiers majeurs : il faut réduire la diversité des matériaux utilisés dans les véhicules et concentrer les volumes sur les matériaux les moins émetteurs, investir dans les moyens de production de ces matériaux pour réduire les émissions associées à leur fabrication et structurer des filières efficaces d'économie circulaire permettant d'augmenter à la fois la qualité et la quantité des matériaux réutilisés.

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Initier une démarche collective au niveau de la filière

Les constructeurs ne pourront relever ce défi seuls, mais collectivement ils peuvent engager la transformation complète de l'écosystème nécessaire à cette nouvelle révolution automobile. Il faut éduquer le consommateur sur les conséquences de ces évolutions. De nouvelles méthodes de collaboration avec l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement, équipementiers mais aussi fournisseurs de matériaux – acier, aluminium, nickel, cobalt ou verre et matériaux plastiques - doivent être mises en place. Enfin, un travail doit être mené avec les pouvoirs publics au niveau national et européen pour définir l'environnement normatif le plus adapté et soutenir les filières de production durable.

La tâche peut paraître immense mais les retombées seraient, elles aussi sans précédent : réduction massive des émissions, nouveau leadership du Vieux Continent sur l’automobile mondiale, création de valeur et d’emplois dans les filières de recyclage et de production durable, sécurisation des chaînes d'approvisionnement et réduction de la dépendance énergétique. 

L'impact de cette transformation irait au-delà de la seule industrie automobile car par l’importance de ses commandes, le secteur automobile est un prescripteur clé pour de nombreuses industries comme la chimie et la métallurgie. Les nouveaux standards définis s'imposeraient donc progressivement aux autres secteurs clients de ces mêmes industries comme l'aéronautique, augmentant encore l'ampleur des réductions d'émissions.

Des initiatives importantes ont déjà été lancées comme la transformation de l’usine Renault de Flins en pole dédié à l’économie circulaire, l’alliance entre Faurecia et Veolia pour développer le recyclage du polypropylène – premier plastique utilisé dans l’automobile – ou l’engagement de Jaguar Land Rover à atteindre la neutralité carbone en 2039. Mais pour répondre à l’urgence climatique et être en position d’imposer leurs nouveaux standards technologiques et environnementaux à l’ensemble de l’industrie, les acteurs européens doivent rapidement se coordonner pour passer à la vitesse supérieure.

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