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L’Arménie oubliée, 44 jours de guerres tragiques
©KAREN MINASYAN / AFP

Plaies béantes

Il y a deux mois jour pour jour, l'Azerbaïdjan et l'Arménie signaient un accord de cessez-le-feu, après 44 jours d'un conflit marqué par les violences commises à l'encontre de prisonniers ou de civils arméniens, dans l'indifférence générale.

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani est avocat et essayiste, spécialiste du Moyen-Orient. Il tient par ailleurs un blog www.amir-aslani.com, et alimente régulièrement son compte Twitter: @a_amir_aslani.

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Il y a exactement deux mois, le 10 novembre dernier, sous l’impulsion russe, un accord de cessez-le-feu est intervenu entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie mettant un terme à une guerre de 44 jours; une des guerres les plus violentes de l’époque moderne, non pas tant par le nombre de morts de part et d’autre mais par sa violence et par les horreurs commises à l’encontre des prisonniers arméniens et envers la population civile de l’Artsakh (Haut-Karabakh). 

Cette guerre fut d’autant plus dure qu’elle eut lieu dans l’indifférence générale de la communauté internationale et en particulier de celle de la communauté chrétienne occidentale, à un moment où leurs coreligionnaires se faisaient massacrer, comme dans un abattoir, par l’armement et l’encadrement israéliens et turcs. 

Ce soutien militaire apporté par Israël à l’Azerbaïdjan a d’ailleurs abouti, dès le 1er octobre 2020, au rappel de l’ambassadeur d’Arménie en Israël. Dans les journaux arméniens à Erevan n’étaient pas rares les éditoriaux qui s’interrogeaient sur ce soutien apporté, par les petits enfants des juifs morts dans les camps, au génocidaires du peuple arménien.

L’Iran, de son coté, soutien certes silencieux mais néanmoins réel de l’Arménie, a failli à son devoir historique de protecteur de cette communauté, alors que de par le passé, bien que de manière occulte et officieuse, il n’avait jamais manqué d’apporter son concours à l’Arménie dans son conflit contre l’Azerbaïdjan. Cette fois ci, la peur d’attiser l’antagonisme de sa propre minorité azerbaïdjanaise, l’a poussé à se taire et  à laisser commettre un des pires massacres jamais intervenu dans son voisinage immédiat depuis le  génocide de sa propre population arménienne lors l’occupation du territoire du nord-ouest iranien par l’armée ottomane en 1916.

La Turquie, elle, au contraire n’a pas manqué de soutenir ses frères de Bakou en leur fournissant non seulement des équipements militaires et autres conseillers défenses, mais également des milliers de supplétifs syriens et libyens, soldats aguerris des conflits du Moyen Orient, qui ont procédé à un véritable nettoyage ethnique dans les territoires conquis; rappelant les heures le plus sombres du génocide arménien avec le recours Ottoman à des mercenaires Kurdes dans les parties orientales de l’empire.

A date d’aujourd’hui l'Arménie compte 2 400 morts et ce chiffre augmente de jour en jour pour un pays qui comptent moins de trois millions d’habitants. En somme, les pertes arméniennes, à population égale, représentent presque 4 fois les pertes américaines pendant la guerre du Vietnam qui, elle, a duré plus de 10 ans. 

Ce n’est, en effet, que maintenant et graduellement que le monde découvre l’horreur de ce qui s’est réellement passé et de ce qu’a subi le peuple arménien de l’Artsakh. Depuis peu, des organisations humanitaires commencent à dévoiler leurs découvertes et signalent de très nombreuses atrocités commises par l’armée azerbaidjanaise au fur et à mesure de  son avancée en territoire arménien de l’Artsakh. Emergent sur les réseaux sociaux les images d’exécutions sommaires et sans pitié de civils et soldats arméniens capturés par l’armée turco-azéri qui incontestablement a commis des massacres généralisés dans les villages et bourgades qu’elle a conquis. La guerre fut peut-être brève, que 44 jours, mais sa laideur et les exactions commises demeurent insoutenables.

On entend dire que l’Azerbaïdjan avait le droit pour elle, car l’Artsakh faisait partie de son territoire. En effet, Staline, dans sa stratégie de diviser pour mieux régner, a effectivement transféré cette partie de l’Arménie à l’Azerbaïdjan. Or, l’histoire est témoin, que l’Artsakh n’a jamais été autre chose qu’arménien et ce depuis la création du Royaume d’Arménie au 4e siècle de notre ère.

Mais quel droit au monde, aussi fantasque soit-il, peut accepter que la plaie béante du génocide arménien, jamais reconnu par la Turquie, puisse éternellement se rouvrir par ceux là même qui se sont donnés mission d’exterminer ce peuple martyr.

Si ce que l’on a vu pendant ces 44 jours est annonciateur du sort des chrétiens d’Orient face à cette Turquie Ottomane et du grand Khalifat qui renait de ces cendres, l’Europe aura bien du souci à se faire.

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