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JP Morgan : la preuve que les banques ne maîtrisent toujours pas les risques de leurs activités ?
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Et ça continue encore et encore...

JP Morgan a perdu 2 milliards de dollars sur ses activités de trading, mais le montant des pertes pourrait être encore plus élevé. Cinq ans après la crise des subprimes, les banques ont-elles vraiment changé leur manière de travailler ? Bâle 3 ou la séparation des activités d'investissements et de dépôts peuvent-ils renforcer la sécurité ?

Franck Margain

Franck Margain

Franck Margain est vice-Président du Parti Chrétien Démocrate et conseiller régional UMP en Ile-de-France.

Après des études en finances, il est devenu cadre dans une grande banque internationale.

 

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Atlantico : JP Morgan a perdu 2 milliards de dollars sur les marchés, avec une exposition qui atteindrait selon certaines sources 200 milliards de dollars… N'est-ce pas la preuve que les pratiques des banques n'ont pas changé depuis la crise des subprimes ?

Franck Margain : C’est tout d’abord la preuve que la différentiation entre les banques de marchés et les banques commerciales ne résoudra pas le problème. En effet, d’après nos informations, les positions qui ont créé ces pertes tout à fait considérables ont été faites dans une cellule rattachée à la direction qui était censée couvrir les risques de la banque. Cette couverture s’est transformée en spéculation. Je suis partisan de cette partition, pour moi la banque idéale sépare sa structure financière et sa structure commerciale - à condition bien sûr que toutes les banques mondiales soient partitionnées de la même manière pour ne pas en désavantager certaines - mais dans ce cas précis, ça n’aurait rien changé.

Par ailleurs, ce ne sont pas les pratiques des banques qui n’ont pas changé, mais celles de certains banquiers. Dans l’univers bancaire, la plupart des banques ont réglé ces pratiques là. Il ne faut pas jeter l’anathème sur l’ensemble du monde bancaire mais sur quelques banquiers qui, comme d’habitude, peu scrupuleux et sans éthique, continuent à dévoyer le métier.

Ce type de pratiques apparait seulement dans les grandes banques car ce sont les seules à avoir suffisamment de capital pour agir sur les marchés et faire de vraies opérations d’envergure. Ce genre d’incident grave ne peut donc arriver que parmi les 15 premières banques mondiales.

Le Glass Steagle act, en séparant les banques d’investissement des banques de détail, ne créerait-il pas de banques d’investissement de taille plus réduite qu’actuellement, ce qui pourrait permettre d’éviter des incidents tel que celui de JP Morgan ?

Oui, mais les effets de levier sur les marchés financiers sont considérables. Vous pouvez avoir des équivalents de risque relativement importants avec des banques d’investissement qui seraient certes plus petites, mais quand même de taille importante. Goldman Sachs, par exemple, n’est qu’une banque d’affaires et ne serait pas affectée par le Glass Steagle act.

JP Morgan avait la réputation d’être parmi les bons élèves en termes de gestion…

Jérôme Kerviel a fait perdre 5 milliards à la Société générale, dans un service spécialisé dans les "dérivés actions" qui était réputé pour être le plus efficace du monde. Cette fois, JP Morgan faisait partie des meilleurs en terme de maîtrise des leviers de crédit. C’est ce qui se passe dans beaucoup de métiers : lorsque vous avez une très forte connaissance d’un produit, vous avez une incapacité à limiter votre propre risque car vous pensez être l’acteur principal du marché. C’est ce qui s’est passé là : tous les systèmes de contrôle de risque n’ont pas été activés. Parmi toutes les grandes affaires, la Société générale, UBS, etc., je trouve que les pertes de JP Morgan sont les plus graves. Elles auraient été cooptées par le PDG, ce qui est très grave.

Les accords de Bâle 3 représentent-ils une solution pour mieux réguler les activités de trading ?

Oui, tout à fait. Il faudra beaucoup plus de capital et plus de transparence. Je pense que pour l’instant, Bâle 3 est la réponse la plus intelligente et il faudra renforcer ces accords afin de mettre les banquiers sur des rails plus modestes.

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