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Joyce Carol Oates publie "Dans le bleu"
Joyce Carol Oates publie "Dans le bleu"
©Dustin Cohen DR

Atlantico Litterati

Joyce Carol Oates publie "Dans le bleu", un roman poétique et poignant.

Annick Geille

Annick Geille

Annick GEILLE est écrivain, critique littéraire et journaliste. Auteure de onze romans, dont "Un amour de Sagan" -publié jusqu’en Chine- autofiction qui relate  sa vie entre Françoise Sagan et  Bernard Frank, elle publia un essai sur  les métamorphoses des hommes après  le féminisme : « Le Nouvel Homme » (Lattès). Sélectionnée Goncourt et distinguée par le prix du Premier Roman pour « Portrait d’un amour coupable » (Grasset), elle obtint ensuite le "Prix Alfred Née" de l'Académie française pour « Une femme amoureuse » (Grasset/Le Livre de Poche).

Elle fonda et dirigea  vingt années durant divers hebdomadaires et mensuels pour le groupe « Hachette- Filipacchi- Media » - tels le mensuel Playboy-France, l’hebdomadaire Pariscope  et «  F Magazine, »- mensuel féministe racheté au groupe Servan-Schreiber, qu’Annick Geille reformula et dirigea cinq ans, aux côtés  de Robert Doisneau, qui réalisait toutes les photos. Après avoir travaillé trois ans au Figaro- Littéraire aux côtés d’Angelo Rinaldi, de l’Académie Française, elle dirigea "La Sélection des meilleurs livres de la période" pour le « Magazine des Livres », qui devint  Le Salon Littéraire en ligne-, tout en rédigeant chaque mois une critique littéraire pour le mensuel -papier "Service Littéraire".

Annick Geille  remet  depuis quelques années à Atlantico -premier quotidien en ligne de France-une chronique vouée à  la littérature et à ceux qui la font : «  Litterati ».

Voir la bio »

Sur Internet, alors que je cherchais « Toxique » (Stock) dans les archives « Sagan » ( où  je ne suis nulle part, le fils de Françoise- après m’avoir accompagnée dans tous les salons du Livre de France en l’honneur d’ « Un amour de Sagan »- m’ayant effacée de ces archives,  après qu’il eût « accepté » l’héritage de Sagan -ce qui lui conféra le statut de seul ayant -droit.

J’avais vécu trois ans chez Françoise ?Son fils effaça notrecohabitation. Sans ces billets échangés entre Peggy Sagan et moi, déposés un peu partout dans cette maison jouxtant la rue des Artistes, je croirais avoir rêvé car « la vie est un songe en effet.

Peu avant notre brouille, le fils de Françoise me demanda comment devait fonctionner ce Prix Sagan dont je lui avais parlé . Je passais des heures afin de l’aider à mettre le projet sur pieds ; l’enfant gâté fonda le Prix Sagan, dont il m’écarta. Alors que je cherchais toujours « Toxique » dans les archives numériques de Françoise, je découvris Olivia de Lamberterie trônant en majesté. Je ne pus m’empêcher de sourire. Le fils de Françoise appréciaitbeaucoup la journaliste de Elle, préfacière d’un « inédit » (post-mortem) de Françoise que j’ai trouvé fort mauvais. Françoise «  n’aimait pas son fils », ne cessait de répéter Bernard Frank. « C’est son père, moins l’humour », aurait- confié Sagan à Bernard. Denis ( que Françoise- semble-t-il -avait adoré enfant) ne me pardonne sans doute pas d’avoir longtemps vécu chez sa mère. Il sait que je sais. « Passons, puisque tout passe ». 

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A propos du Nobel d’Annie Ernaux

Il me semble que, désormais, les seuls rapports heureux avec moi-même, en dehors des quelques moments d'exaltation ou de bien-être physique que la nature procure, ne pourront être que littéraires », note Sagan  dans « Toxique »,   mince et bel ouvrage (superbement illustré par Bernard Buffet) .Sujet ? Le blues de Françoise lors d’une cure de désintoxication. (cf. «" En été 1957, après un accident de voiture, je fus, durant trois mois, la proie de douleurs suffisamment désagréables pour que l'on me donnât quotidiennement un succédané de la morphine appelé le " 875 " (palfium). Au bout de ces trois mois, j'étais suffisamment intoxiquée pour qu'un séjour dans une clinique spécialisée s'imposât. Ce fut un séjour rapide, mais au cours duquel j'écrivis ce journal que j'ai retrouvé l'autre jour.

J’ai songé au « Toxique » de Sagan en lisant « Dans le bleu » de Joyce Carol Oates : (Philippe Rey/septembre 2022), roman dont le sujet est, précisément,  la dépression de Jenna, la narratrice, gavée  de médicaments anti-douleur(s) après un accident de voiture. La rescapée  vit  « Dans le bleu », je dirais même en plein « blues ». Face à la qualité de ce texte poétique et poignant, je  me demandais pourquoi Joyce Carol Oates n’avait pas été choisie par le Comité Nobel cette année. Je n’ai rien contre Annie Ernaux comme l’ai précisé ici, mais s’il fallait une femme pour honorer les cinq ans de « Me Too » ,  Joyce Carol Oates semblait plus indiquée . La romancière américaine - qui  obtint à 32 ans, le « National Book Award» (1970 )en l’honneur de pour « Eux » (l'un des quatre romans de sa « Tétralogie du Pays des merveilles »)- coche toutes les cases. Femme ( nécessaire partout ces derniers temps), auteure de cent-soixante-dix ouvrages ( dimension), progressiste (  obligatoire), traduite dans le monde entier ( statut ) Joyce Carol Oates fut injustement écartée, me suis-je  dit, en refermant « Dans le bleu ». La traductrice de Joyce Carol Oates y est subtile. Elle comprend tout : j’ai rarement lu une traduction aussi pertinente,  et jamais vu une écriture à ce point comprise, car aimer, c’est comprendre. Clémentine Beauvais- la traductrice française de « Dans le bleu »,  « passionnée de littérature », a  « récolté de nombreux lauriers »- dont le prix du « Meilleur Livre Jeunesse 2015 »Je crois savoir que cette traductrice exceptionnelle vit en Angleterre, où elle est enseignante et chercheuse. Les trois derniers  livres  publiés en France par Joyce Carol Oates ( voir ci-dessous « Lire aussi »)  exploitent ce que cette figure de la littérature contemporaine a de meilleur :  un imaginaire reconnaissable par  ses délicates cruautés ; comme si Joyce Carol Oates savait mieux que tous les écrivains de son temps  braquer le projecteur sur ce qui, dans nos sociétés, demeure  caché. Joyce Carol Oates a l’art d‘exprimer les frustrations des protagonistes,  leurs névroses et psychoses,  maux que l’écrivaine choisit d’incarner par des personnages  plus ou moins innocents ou coupables, mais toujours saisissants de vérité. Pas d’exagération, rien de caricatural, Joyce Carol Oates avance  dans son œuvre avec un art consommé  du rythme ; ses créatures nous ressemblent,  tant pour le meilleur que pour le pire. « Joyce Carol Oates met son lecteur face à la complexité du psychisme humain »,  résume un lecteur professionnel.

« Aimer, ce n’est pas seulement “aimer bien” ; c’est surtout comprendre », affirme Sagan. J’ai dû apprendre cette vérité chez elle, jadis et naguère.Dans son autobiographie nostalgique mais point désabusée (« Lignes de vie » /Grasset /octobre 2022), l’écrivain-éditeur Jean-Paul Enthoven déclare qu’il n’a pas de passion pour Bernard Frank. Il faut préciser que Bernard-Henri Levy (frère adoptif de Jean-Paul Enthoven) et Bernard Frank ne pouvaient pas se supporter, ceci expliquant sans doute cela. Cedéclaratif hostilede Jean-Paul Enthoven contre le signataire de « Solde » et de « La Panoplie Littéraire » est le seul reproche que je puisse faire à l’auteur,et l'unique défaut que je trouve à ce texte que nous dégustons avec gourmandise. Jean-Paul Enthoven, au contraire de bien des figurants du PLF ( « Paysage Littéraire Français ») se situe dans la littérature, et non à côté : « Ce soir, un peu avant minuit , j’ai aperçu Patrick Modiano longeant les grilles du Luxembourg. Il était magnifique et solitaire. Personne n’habite avec autant de noblesse son style, son univers, son destin. Cet homme est sans cesse lui-même. Quand il marche, quand il écrit. ».Bernard Frank aurait aimé.

Et encore ceci : « Les tableaux d’Edward Hopper : une Annonciation sans promesse. Tous ses personnages attendent. Mais ils attendent le rien. On leur fait savoir, avec du bleu, du jaune, du vert, que le ciel est toujours vide. Certains jours, tout indique que Hopper a peint la réalité qui m’enveloppe. Je sors de chez moi, j’entre dans son tableau. » C’est beau.

Annick GEILLE

Repères

Membre de l'Académie américaine des Arts et Lettres née dans l’état de New York ettitulairedu « National Book Award » , Joyce Carol Oates a publié plus de 170 ouvrages–nouvelles, théâtre, poésie, récits, romans. Professeure de littérature à Princeton, titulaire de nombreux Prix littéraires (dont le Femina étranger pour « Les Chutes »), souventcitée pour le Nobel de Littérature, Joyce Carol Oates est une figure majeure de la littérature contemporaine, avec des titres traduits dans le monde entier, tels « Blonde » (2000), « La Fille du fossoyeur » (2007), « Mudwoman » (2012) ou "Le livre des martyrs américains" (2017).Ses trois derniers ouvrages : « Dans le bleu »/ « Un ( autre) toi »/ « Respire »/ sont- comme les précédents- publiés aux éditions Philippe Rey.

Joyce Carol Oates :  la vie en bleu

« Ma voix est basse et rugueuse et je sais que c’est chelou de dire un truc comme ça. (…)Je suis assise toute seule sur un mur de béton émietté au bout du parking derrière Yarrow High. C’est le deuxième jour de cours, pause déjeuner. J’ai décidé d’éviter totalement la cafétéria. Faire mes devoirs de maths c’est comme essayer de peigner une crinière emmêlée ». .. Le personnage de Joyce Carol Oates ( Jenna, une adolescente) a survécu à un accident de voiture qui, sur un pont, a tué sa mère. Roman poétique et poignant. Extraits.

« Dans le bleu on était des oies des neiges en plein vol. De grandes belles oies des neiges aux plumes blanches en plein vol avec d’autres oies des neiges. Vol en forme de V on volait et nos longs cous s’étiraient et nos yeux étaient de fines fentes dans les plumes de nos bizarres visages blancs. Ces ailes qu’on avait !

Si vous aviez vu nos ailes qui fouettaient l’air. Fouettaient l’air, chevauchaient le vent.

À trois cents mètres au-dessus de l’eau, fouettaient l’air de toutes leurs forces pour nous sauver la vie.

Une chanson m’est venue à l’esprit.

Je savais qu’il serait pas facile facile, ce vieux monde

Vu comme volent les oies des neiges, le fouet de leurs braves ailes

c’était le Temps de l’Oubli.

Dans le bleu c’était longtemps, si seulement si seulement si seulement ça ne finissait jamais.

On dort beaucoup. On rêve mais pas besoin de se souvenir.

Comme zapper de chaîne en chaîne sur 101 chaînes sans le son. Le temps de tout voir et de revenir à la première, on ne se souvient de rien de ce qu’on a vu, alors on recommence.

Ou pas. D’un coup on fait valser du lit la télécom- mande.

Dans ces moments-là plein de chansons entraient dans ma tête à tire-d’aile. Elles venaient du ciel, ces chansons, directement dans ma tête. Après je les ai toutes oubliées. Sauf une.

Au Pays du Bleu toi tu n’existes pas

...Trop heureuse, elle était en train de dire Bien sûr que je t’aime, Jenna, ma petite puce, Jenna. Et je te pardonne.

J’avais en même temps tous les âges que j’avais eus. Dans le bleu on a le droit de choisir. J’avais quatre ans et mes cheveux étaient blond pâle duveteux pas blond foncé cendré et Maman me lisait un album le soir après mon bain, et Papa, quand il était à la maison, me lisait parfois quelque chose aussi, lourd au coin du lit (mais il fallait que Papa soit d’humeur, Maman m’avait prévenue, et ce n’était pas toujours le cas) et des lumières ricochaient contre moi comme des papillons, ce qui voulait dire que je glissais vers le sommeil, trop heureuse.

Rien de ce que faisait Jenna n’était jamais mauvais, n’était jamais méchant.

Rien de ce que faisait Jenna n’était jamais cruel.

Rien de ce que faisait Jenna ne pouvait jamais blesser personne.

.. Ce dont tu te souviens, Jenna ? Tu peux nous dire ce qui s’est passé ? Sur le pont, Jenna. Avant le...
... avant ce qui s’est passé, Jenna ? L’accident.

Sous mes paupières fermées il y avait cet ailleurs. Le garde-fou du pont devant qui arrivait à toute allure. Un genre de feu hurlant dans le ciel. J’ai vu mon doigt qui appuyait sur « CD » et je m’attendais à̀ ce que le disque soit rejeté à nouveau, ce qui m’aurait fait chuchoter, je crois, « Merde ! » assez doucement pour que Maman ne se sente pas obligée de dire « Jenna, enfin », d’un ton de vague reproche.

J’ai entendu les brusques cris aigus des oies des neiges. Où allaient-elles ? Il faisait presque nuit maintenant, l’œil rouge hurleur se refermait. Un vent mouillé, froid, faisait frissonner le pont. Ça se sentait que le vent était capable de casser un pont, n’importe lequel, fracasser n’importe quelle construction et la réduire en miettes, la faire tomber dans le fleuve où elle s’enfoncerait sans laisser de trace.

Jenna, essaie de ne pas t’endormir, pas encore. Essaie de garder les yeux ouverts, concentre-toi. Jenna, il faut que tu restes éveillée, c’est vital...

Tu nous vois, Jenna ? Tu me vois, Jenna ?
Cligne des yeux, Jenna. Si tu nous entends...
L’une de ces voix était celle d’une femme. Une inconnue. Je la détestais ! Envie de hurler, de pleurer. Ce n’était pas la voix que je voulais.

Tellement puissant ce vent qui venait à ma rencontre ! J’en avais le souffle coupé. Je me débattais, tapais du pied. Les autres oies s’éloignaient de moi, je faisais de mon mieux mais je n’arrivais pas à les suivre. Déjà les voilà qui étaient de l’autre côté du fleuve, loin. À chaque battement d’ailes de plus en plus petites.

Elles m’abandonnaient. Elles m’avaient oubliée.

« Attendez-moi ! Attendez ! », je criais mais elles ne m’entendaient pas.

ce moment-là j’ai commencé à comprendre que je m’étais trompée : je n’avais pas été aimée. Même dans le bleu on ne m’avait pas aimée. Ma mère me laissait, partait avec les oies, je ne pourrais jamais les rattraper.

J’avais oublié le nom du pont. J’avais oublié le nom du fleuve. Je savais que c’étaient des noms qui m’étaient familiers mais je les avais oubliés et son nom à elle je l’avais oublié et le nom de celle que j’étais censée être je l’avais oublié et quand j’ai entendu leurs voix pleines d’incertitude prononcer ce prénom ridicule Jenna ? Jenna ? j’ai eu envie de donner des coups de pied, de hurler, de me marrer.

Des mains me touchaient. Loin, tout au bord de ma peau.

Des mains m’agrippaient, je détestais ça. Je suis restée immobile pour qu’ils croient qu’il n’y avait personne à l’intérieur. Je rigolais sous les pansements, momie pâlotte parcheminée.

Je me souviens plus. Pas besoin de me souvenir. Je rigolais sous les pansements vous pouvez pas m’obliger à parler personne peut m’obliger !

Jenna n’existait pas, seulement cette chose-là pleine de coups de pied et de fous rires. Des mains en caoutchouc m’ont planté une aiguille dans le bras. La chair tendre au creux de mon bras. Il y a eu des aiguilles qui faisaient mal parce qu’elles me mettaient du liquide dans les veines et il y a eu des aiguilles qui faisaient mal parce qu’elles me prenaient du sang dans les veines. À l’intérieur des pansements je rigolais ; c’était tellement bête tout ça. On s’en fout de Jenna. Qu’elle crève. C’est la faute de Jenna l’accident, qu’elle crève. Mais personne n’écoutait. Je les entendais parler au-dessus de mon corps idiot ligoté mais moi ils ne m’entendaient pas.

L’une d’entre eux était la femme dont la voix n’était pas la bonne voix. J’ai appris plus tard que c’était le Dr Currin. La neurologue. J’ai appris plus tard que le Dr Currin-la-neurologue avait pris la décision vitale d’entrer dans mon crâne pour réduire l’œdème dans mon cerveau, et que c’était ainsi qu’elle m’avait sauvé la vie.

Sauvé la vie pour quoi faire, aucune idée.

Mon infirmière préférée aux soins intensifs était Maria. Maria m’aimait bien.
C’étaient des temps brumeux. Je planais dans le bleu et franchement je faisais pas trop attention.

Des visages ballons me flottaient par-dessus. J’étais censée savoir qui ils étaient, je crois. Dans le bleu c’est plus simple de planer heureuse et sereine, de sourire de la stupidité des gens, de s’intéresser à ce qui les intéresse, d’avoir l’air inquiet, d’essuyer leurs larmes, on a envie de leur dire mais enfin, c’est pas grave. Dans le bleu c’est ainsi que je me sentais. Je n’étais jamais triste.

Mais quand je me suis réveillée, l’air était une sale brute. J’étais une vieille poupée de chiffon défoncée blessée battue tordue foutue en l’air. Tellement épuisée et tellement vieille. Une seule envie : retourner dans le bleu pour toujours.

Maria m’appelait Jenna mais elle ne savait pas qui j’étais ou qui j’étais censée être. Je voulais croire que Maria ne savait rien du pont Tappan Zee. Maria ne pensait pas que l’accident était de ma faute.

Maria qui portait une petite croix d’or scintillante sur une chaîne d’or autour du cou. Maria au doux parfum de crème pour les mains. Maria aux beaux sourcils épais. Un léger duvet sombre sur la lèvre supérieure. Une manière de sourire et de m’appeler Jenna qui faisait s’entrouvrir mes paupières lourdes.

Jenna. C’est l’heure du petit déjeuner.
Ah, ce que j’avais faim !
Maria riait, j’avais tellement faim. Ça se voyait qu’elle

aimait que j’aie faim et que je mange comme je n’avais pas mangé depuis longtemps. Maria me donnait du rab de jus d’orange à pomper à la paille.

Oh, ce qu’il était délicieux le jus d’orange. Et du bouillon tiède, pas terrible ça. Par contre trop délicieuse la jelly vitreuse tremblotante.

Le genre de nourriture qui avant le naufrage m’aurait donné la gerbe.

Avant le naufrage il y avait ma vie ancienne, perdue.

Avant le naufrage il y avait l’autre côté du pont…

Lire  aussi :

« Un (autre ) toi » par Joyce Carol Oates

(- traduction Christine Auché)« Ces quinze nouvelles explorent brillammentles alternatives existentielles auxquelles les personnages sont confrontés. Amours déçues, espérances anéanties, regrets : autant d’affects que l’auteure se plaîtà manipuler, bousculant la destinée de personnages qui tous nous rappellent quelqu’un(e)(Editions Philippe Rey/ parution en France le 6/10/222/ 352 pages/22 euros) »

« Respire » par Joyce Carol Oates (Traduction Claude Séban/ édition Philippe Rey)« Une femme quis’accomplissait jusqu’alors dans son rôle d’épouse doit prendre soin de son mari condamné. Tandis que Michaelaveille désespérément sur Gérard, elle se demandesi l’ amour qu’elle éprouve pour cet homme menacé parviendra à le sauver. On reconnaît la cruauté subtile de Joyce Carol Oates ».

Copyright Joyce Carol OATES / « Dans Le Bleu » (éditions Philippe Rey) 288 pages 18,90 euros

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