Journée de la sécurité routière : le vieillissement des infrastructures atteint le point où les usagers de la route sont en danger<!-- --> | Atlantico.fr
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La majorité des panneaux ont entre 15 et 25 ans, alors qu’ils sont conçus pour garantir une performance optimale pendant 7 à 12 ans. Le vieillissement des infrastructures routières fragilise évidemment la sécurité des usagers.
La majorité des panneaux ont entre 15 et 25 ans, alors qu’ils sont conçus pour garantir une performance optimale pendant 7 à 12 ans. Le vieillissement des infrastructures routières fragilise évidemment la sécurité des usagers.
©Flickr/ zigazou76

Nid-de-poule

Alcool, vitesse, problème sur le véhicule... les causes d'un accident de la route sont multiples. Mais, l'état des infrastructures est l'un des facteurs les plus souvent ignorés. Pourtant, les infrastructures françaises ne cessent de se dégrader, comme le rappelle le Syndicat des Équipements de la Route (SER).

Julien Vick

Julien Vick

Julien Vick est délégué général du Syndicat des Equipements de la Route (SER).

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Atlantico : Ce 11 octobre est publié le "Livre blanc" du Syndicat des Équipements de la Route (SER), qui regroupe vos 10 propositions en matière de sécurité routière, pour la présidentielle de 2017. Vous vous concentrez notamment sur les infrastructures françaises. Quel état des lieux peut-on réaliser, tant politiquement que matériellement sur cette question ?

Julien Vick : L’état des routes et des équipements routiers en France ne cesse de se dégrader. En particulier sur le réseau secondaire, c’est-à-dire les routes communales et départementales. Les Français sont les premiers à le constater tous les jours, lorsqu’ils empruntent ces routes pour se rendre au travail. L’état des infrastructures routières devient alarmant : à l’heure actuelle, une route sur deux en France ne dispose pas de marquage au sol, et 30 à 40% des panneaux de signalisation ont dépassé leur durée de vie. La majorité des panneaux ont entre 15 et 25 ans, alors qu’ils sont conçus pour garantir une performance optimale pendant 7 à 12 ans. Le vieillissement des infrastructures routières fragilise évidemment la sécurité des usagers, puisque les équipements de la route sont une composante essentielle de la sécurité routière. En laissant notre patrimoine routier se dégrader, nous mettons aussi en péril la sécurité des Français. Les pouvoirs publics ne semblent pas en avoir pris conscience, et nous souhaitons tirer la sonnette d’alarme. Depuis plusieurs années, les budgets consacrés à l’entretien des infrastructures routières ont diminué de manière drastique : entre 2012 et 2014, le budget dédié à la préservation du patrimoine routier a diminué de 60 millions d’euros, sur une enveloppe globale de 440 millions d’euros. En matière de sécurité routière, on a tendance à focaliser le débat sur le volet répressif, mais on ne parle jamais de l’état des infrastructures. La dégradation continue de l’état des routes et de ses équipements fragilise la sécurité des usagers, mais elle remet aussi en question l’égalité entre les territoires. Le risque est de voir se créer en France une route à deux vitesses : des voies bien entretenues, et celles qui seront laissées à l’abandon. 

Quels sont les enjeux, sécuritaires, politiques, économiques, derrière le combat pour la rénovation des infrastructures que vous menez ? Quels sont les risques à laisser la situation péricliter ?

L’enjeu de la rénovation des infrastructures est d’abord un sujet de sécurité routière et de santé publique. Depuis deux années consécutives, le nombre de morts sur les routes augmente à nouveau, ce qui ne s’était pas produit depuis 35 ans. Malgré les nombreuses campagnes de prévention et de répression, la route continue de tuer et de blesser. Ce qui signifie que la politique répressive menée depuis plusieurs années en France - au travers des mesures engagées contre la vitesse, l’alcool ou la prise de stupéfiants - est certes nécessaire mais pas du tout suffisante pour réduire durablement le nombre d’accidents de la route. Il faut trouver d’autres solutions, et changer de lunettes, en regardant aussi du côté de l’état des infrastructures routières, qui sont une composante essentielle de la sécurité routière. N’oublions pas que la sécurité routière est un triptyque : le comportement du conducteur, la performance des équipements installés dans les véhicules et les équipements de la route. La politique de sécurité routière doit donc aussi tenir compte de l’état des infrastructures routières. L’enjeu de la rénovation des infrastructures routières est aussi économique : la route est un vecteur essentiel de la vitalité économique de la France, puisqu’elle assure 90% des déplacements et du transport de marchandises. En délaissant notre patrimoine routier, nous prenons aussi le risque de devenir moins attractif pour les acteurs et usagers pour qui la mobilité est essentielle : entreprises, particulier, touristes etc. N’oublions pas aussi que le secteur de la route constitue aussi un gisement d’emplois non négligeable : un emploi crée pour la route, c’est un emploi qui reste en France.

Quelles sont les solutions que vous apportez aux problèmes infrastructurels en France ? Comment surmonter les obstacles, comment les financer ?

Il faut engager très rapidement une véritable politique d’entretien des infrastructures routières en France. La première étape consiste à "ausculter les routes", c’est à dire réaliser un audit au niveau national des infrastructures défectueuses, ou trop anciennes pour garantir leur rôle de sécurité routière. Il existe aujourd’hui des outils pointus et très performants qui permettent aux collectivités locales d’engager cette démarche. Les gestionnaires des routes devraient faire le bon calcul car entretenir coûte moins cher que de remplacer. Et ne pas oublier que les infrastructures routières sont aussi des agents de sécurité !

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