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JO à Paris en 2024: comment perdre 6 milliards d'euros publics pour enrichir les majors du sport
©Fabrice COFFRINI / AFP

Golden Jackpot

Paris accueillera les JO en 2024 et la presse subventionnée salue l’exploit. On peut le comprendre: c’est autant d’audience en plus (en perspective) pour tous ceux qui diffusent de l’information. Mais pour le contribuable, l’opération risque de se révéler extrêmement coûteuse.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Cocorico! On aura les JO! en 2024, après un arrangement subtil avec Los Angeles. C’est donc une dépense publique de plus de 6 milliards € qui devrait être ordonnée pour organiser ce moment médiatique de premier ordre. Au-delà des apparences, la question est évidemment de savoir quelle transparence la Ville de Paris donnera à une opération qui tombe très mal pour ses finances…

Les JO: complexité financière garantie

Selon une tradition bien ancrée en France, le circuit de financement des JO promet d’être extrêmement complexe et de perdre tous ceux qui chercheront à s’y retrouver. Bien évidemment, à ce stade, on nous promet des partenariats public-privé qui ne coûteront aux contribuables. M’enfin, le coût du seul village olympique devrait atteindre 1,3 milliard€, soit le double des crédits gelés dans le budget de l’armée cette année. Une bagatelle donc!
Quant au budget de fonctionnement des Jeux, il devrait tout devrait tout de même ponctionner près de 1,5 milliard€ à la Ville de Paris, soit l’équivalent de 1.000€ par habitant. Sans compter, bien entendu, les suppléments par l’intermédiaire de la région financée aussi par les Parisiens.
Ces chiffres sont bien sûr des estimations… dont l’histoire montre qu’elles ont toujours été inférieures à la réalité.

Une ruine pour une ville déjà ruinée

Grosso modo, le budget global officiel des JO équivaut à une année de dépense de la Ville de Paris. Cet effort colossal intervient dans un contexte budgétaire tendu où la gestion pratiquée depuis l’élection de Bertrand Delanoë a mis la Ville à genoux.
Pour le comprendre, il suffit de se reporter au rapport de la Chambre régionale des Comptes d’Ile-de-France, en date de 2016, qui détaille de façon précise la situation financière de la capitale. Quels que soient les dénis d’Anne Hidalgo, la situation financière de la Ville s’est effectivement dégradée ces dernières années, au point que Standard & Poor’s considère qu’il faudrait 22 ans pour que la Ville se désendette. Or le seuil d’alerte des finances territoriales est franchi à 12 ans de durée de désendettement.
La situation de la Ville est donc beaucoup plus alarmante que la cigale Hidalgo ne veut bien le dire. Il est d’ores et déjà acquis que l’organisation des JO n’arrangera rien à la situation, bien au contraire.
Mais, bien entendu, toutes ces réalités simples sont impossibles à aborder dans un univers déraisonnable où le dogme a supplanté le débat public.

Qui gagne de l’argent avec les JO?

Bref, le contribuable parisien, malgré les dénis officiels, devrait se faire plumer en beauté dans cette opération qui se traduira par encore plus de touristes dans les rues, encore plus d’embouteillages et encore moins d’air pour respirer au jour le jour. Qui gagne de l’argent dans cette opération?
Pour le comprendre, il faut faire la somme des recettes publicitaires que les grandes chaînes de télévision engrangent à l’occasion de la diffusion des Jeux. L’exemple de Rio ou de Londres permet d’illustrer le propos. Dans la pratique, NBC a perçu un milliard $ de recettes publicitaires supplémentaires grâce aux jeux de Rio.
Autrement dit, le contribuable finance un événement qui profite à des acteurs privés, essentiellement des médias d’ailleurs. La dette publique ne sera pas perdue pour tout le monde.
« En 2015, la capacité de désendettement de la Ville devait correspondre à 13 ans d’épargne brute pour passer à 18 ans en 2017 avant de redescendre à 15 ans en 2018. L’agence Standard & Poor’s, tout en conservant à la Ville son appréciation positive, a évalué quant à elle à 22 ans en 2017 sa capacité de désendettement, très au-dessus du seuil d’alerte traditionnel estimé à 12 ans, par référence à une durée moyenne de remboursement des emprunts.
La Ville de Paris récuse la notion de seuil d’alerte traditionnel en invoquant, sans la documenter davantage en l’état, l’évolution profonde du rapport à la dette que l’on constate dans d’autres grandes métropoles mondiales. Elle souligne également la prudence traditionnelle de ses prévisions budgétaires (cf. l’exécution du budget 2014) et l’importance de son patrimoine susceptible d’être mobilisé. S’appuyant elle aussi sur les ratios réglementaires, elle rappelle, outre la modération de son endettement par habitant (1 646 €), que, même si la dette parisienne, rapportée aux recettes de fonctionnement (51 % en 2014) atteignait 75 % en 2018, elle serait encore inférieure à la moyenne constatée (85 %) dans des plus grandes villes françaises. Mais la force de ces arguments ne peut faire oublier que la capacité de désendettement et le taux d’épargne brut, par le maintien d’un bon niveau d’épargne brute, sont deux indicateurs reconnus comme significatifs pour l’appréciation de la soutenabilité d’une stratégie financière. »
Chambre Régionale des Comptes d’Ile-de-France

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