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La France a préféré préserver
la richesse des vieux
que de venir en aide aux jeunes
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Génération perdue (2/2)

Crise, chômage, accès à la propriété difficile : les jeunes d'aujourd'hui forment-ils une génération perdue ? Feuilleton en deux épisodes sur la jeunesse du XXIe siècle (2/2).

Robin Rivaton

Robin Rivaton

Robin Rivaton est chargé de mission d'un groupe dans le domaine des infrastructures. Il a connu plusieurs expériences en conseil financier, juridique et stratégique à Paris et à Londres.

Impliqué dans vie des idées, il écrit régulièrement dans plusieurs journaux et collabore avec des organismes de recherche sur les questions économiques et politiques. Il siège au Conseil scientifique du think-tank Fondapol où il a publié différents travaux sur la compétitivité, l'industrie ou les nouvelles technologies. Il est diplômé de l’ESCP Europe et de Sciences Po.

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Sans rêves, constatant amèrement le déclin de l’Occident, les enfants sages se sont résignés au silence. Mais Jean-Paul Sartre dans Les Mains sales prévenait "Ce sont les enfants sages, Madame, qui font les révolutionnaires les plus terribles. Ils ne disent rien, […] mais plus tard ils le font payer cher à la société. Méfiez-vous des enfants sages !"

Le fardeau des politiques de retraite et de santé

Notre pays a fait des choix : préserver coûte que coûte les avantages acquis d’une génération dorée. Au détriment des investissements de compétitivité, de recherche et d’éducation, la France consacre 14,4 % de sa richesse nationale aux retraites, soit 279 milliards d’euros de pension versés en 2010. Or, les comptes publics ne peuvent pas supporter une telle générosité, donc notre pays emprunte pour financer le niveau de vie actuel des retraités en transférant sur les générations futures la charge du remboursement. Environ un quart de l’endettement total des administrations publiques, soit 400 milliards d’euros, a pour origine direct le financement des pensions des retraités des secteurs public et privé. Le simple paiement des intérêts de cette dette en 2011 s’est élevé à 11 milliards d’euros.

Et que dire de la politique médicale ! La France est le deuxième pays qui enregistre les dépenses de santé les plus élevées en proportion du produit intérieur brut, 11,4%, dont l’État assure 80% du financement. Un tel effort de la collectivité nationale profite-t-il équitablement ? Mme G.Dufoix, ministre socialiste de la Santé avait eu cette réponse terrible en 1984 : "50% des dépenses médicales sont relatives aux deux derniers mois de la vie. Est-ce juste ? Probablement oui aux yeux du médecin ou de l’homme. La réponse est moins sûre pour la société." Sans en arriver à de tels extrêmes, il est évident que la politique de santé française, financée par l’État, profite aux seniors, et surtout aux seniors des catégories socioprofessionnelles les plus aisées qui vivent plus longtemps.

"Les premiers coupables sont les jeunes eux-mêmes"

A la lumière de ces chiffres, comment se fait-il qu’une telle politique puisse perdurer ? Parce que la loi sert celui (aussi) qui la crée. Or pendant que notre Assemblée nationale, détenant le triste record de la plus âgée au monde, refuse de baisser ses salaires, nos sénateurs accumulent 1,3 milliard afin de garantir la pérennité de leur généreux système de retraite. Et nos gérontocrates ne semblent pas pressés de quitter les allées des palais de la République.

Mais en démocratie les mauvais gouvernants n’échoient qu’aux mauvais électeurs. Et les premiers coupables sont les jeunes eux-mêmes.51% d’abstention aux élections législatives pour les moins de 30 ans quand les 50-60 ans affichait un taux trois fois moindre, aux alentours de 18%. Alors que la présidentielle de 2012 s’annonce loin du taux de participation record de 2007, il y a peu d’espoirs de voir courtiser la jeunesse dans les programmes des candidats.

Des solutions possibles

Pourtant des solutions existent pour casser la machine infernale de l’endettement. Depuis 1993, et une réforme dite Balladur, la loi dispose que le montant des retraites du régime général est indexé sur l'évolution des prix à la consommation (hors tabac). Imaginons que dans un élan républicain, les retraités acceptent un découplage partiel de leurs pensions de l’inflation. Une telle mesure permettrait une économie moyenne actualisée de 16 milliards par an sur la période 2012-2017.

Autre idée, une franchise médicale égale à 2% des revenus. L’État ne rembourserait les dépenses médicales qu’au-delà de ce montant. Les plus modestes seraient peu impactés tandis que les ménages les plus aisés participeraient plus intensément à l’effort de santé national qui les privilégie à long terme, étant donné leur plus longue espérance de vie.

De tels choix sont encore des solutions acceptables pour forger un contrat générationnel soutenable. Ils sont surtout indispensables et s’avèrent être un premier pas nécessaire pour intéresser de nouveau les moins de trente ans à la vie politique.

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