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Jean-Luc Mélenchon et la nature réelle de ses relations avec ses amis bolivariens sud-américains
©AFP

Jean-Luc Mélenchon et ses amis "Bolivariens"

Le candidat de la France insoumise n'est pas un aspirant dictateur mais certainement pas un libertaire ni un rebelle non plus.

Jacobo Machover

Jacobo Machover

Jacobo Machover est un écrivain cubain exilé en France. Il a publié en 2019 aux éditions Buchet Castel Mon oncle David. D'Auschwitz à Cuba, une famille dans les tourments de l'Histoire. Il est également l'auteur de : La face cachée du Che (Armand Colin), Castro est mort ! Cuba libre !? (Éditions François Bourin) et Cuba de Batista à Castro - Une contre histoire (éditions Buchet - Chastel).

 

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     « Je ne ferai pas Cuba en France », a déclaré Jean-Luc Mélenchon. Sans doute pas car, comme l’avouait Fidel Castro lui-même, « le modèle cubain ne fonctionne plus, même pour nous ». Mais cela n’empêche nullement le « compañero » Mélenchon de défendre de toutes ses forces, en toutes occasions, la tyrannie dynastique des frères Castro. C’est ainsi que, suite à la mort du Líder Máximo le 25 novembre 2016, il célébrait la mémoire du disparu par un tweet hallucinant : « Fidel ! Fidel ! Mais qu’est-ce qui s’est passé avec Fidel ? Demain était une promesse. Fidel ! Fidel ! L’épée de Bolivar marche dans le ciel. » Cela, avant de se rendre à l’ambassade de Cuba à Paris pour y présenter ses condoléances et de tenir un discours exalté devant un portrait du dictateur au pied de la statue de Simón Bolívar.    

     Auparavant, il comptait parmi les invités de son successeur au pouvoir, son demi-frère Raúl Castro, tout aussi cruel et aussi peu démocrate que son aîné, lorsque celui-ci fut reçu par François Hollande à l’Élysée, en février 2016. Et il avait naturellement salué, en mai 2015, le voyage de Hollande, accompagné de Ségolène Royal, à La Havane, où le président s’était fait prendre en photo, tout sourire, au côté de Fidel. C’est d’ailleurs l’un des rares points d’accord avec lui.

     La proximité de Mélenchon avec le castrisme ne date pas d’hier. Elle était pointée du doigt déjà avant sa première campagne présidentielle en 2012. En juillet 2010, il proclamait : « Je félicite Cuba, sa résistance et les contributions qu’elle a faites à la science, à la culture, au sport et à l’histoire universelle. » Il oubliait cependant de mentionner ce jour-là l’éducation - l’embrigadement, plutôt - et la santé, les chevaux de bataille de la rengaine officielle. Il a eu l’occasion de se rattraper à de nombreuses reprises par la suite. Et puis, en janvier 2011, il réitérait clairement son appui au régime : « Cuba n’est pas une dictature, pour moi clairement non. » Pour Mélenchon, Cuba est un pays qui appliquerait une sorte de « démocratie participative » à travers les organes du « Pouvoir populaire » et les « Comités de défense de la révolution », un organisme chargé de surveiller les faits et gestes de l’ensemble de la population. Et c’est cet homme-là qui parle d’étendre les libertés en France ?  En prenant la défense inconditionnelle du régime, il n’hésite pas à fouler aux pieds les droits de ses opposants, comme ce jour de décembre 2010 où, lorsqu’il était député au Parlement européen, il a ostensiblement quitté l’hémicycle de Strasbourg, suivi de ses partisans, pour marquer son désaccord avec la remise du prix Sakharov pour les droits de l’homme au dissident Guillermo Fariñas qui, d’ailleurs, n’avait pu alors faire le déplacement car les autorités cubaines le lui avaient interdit.

     Jamais il n’a eu un mot de soutien pour les opposants emprisonnés ou assassinés, au contraire. De même pour les prisonniers politiques vénézuéliens, par exemple Leopoldo López, incarcéré depuis 2014 et condamné à plus de treize ans. Il n’a pas exprimé non plus la moindre solidarité envers les manifestants assassinés au cours des manifestations contre le régime chaviste, aujourd’hui dirigé par Nicolás Maduro, un homme qui a refusé de se soumettre, au contraire de son prédécesseur, à un « référendum révocatoire » dont il a fait l’un des points essentiels de son programme pour l’instauration de la VIe République. Tous deux, Hugo Chávez et Maduro, sous la houlette des frères Castro, ont en fait détruit les institutions républicaines, réduit un des pays pétroliers les plus riches au monde à des pénuries constantes et à une violence endémique, sans équivalent en Amérique latine, et plongé la nation au bord de la guerre civile. À la question posée par un lecteur du Parisien le 16 avril 2017, « Le Venezuela, c’est un modèle pour vous ? La presse, les syndicats n’y sont pas respectés… », Jean-Luc Mélenchon répond par le mépris : « Oui, oui, je connais toute la propagande sur le sujet ». Propagande ? Une presse réduite à néant, hormis celle qui sert vraiment la « propagande » du président Maduro et de ses soudards contre la population qui a déjà payé lourdement (6 morts, 470 arrestations pendant ces deux dernières semaines, tortures d’opposants) sa volonté d’en finir par des moyens pacifiques et légaux avec la dictature du « socialisme du XXIe siècle ».

    Il voudrait faire adhérer la France à l’ALBA, l’Alliance Bolivarienne pour les peuples de Notre Amérique (une dénomination bien grandiloquente pour une coquille vide), en réalité un front formé en 2004 par Fidel Castro, Chávez et quelques-uns de leurs alliés pour faire pièce à l’ « impérialisme américain ».

      Face aux attaques dont il est l’objet, Mélenchon s’en tire par une pirouette, en parlant des territoires français d’outre-mer. Mais il s’agit en fait d’une soumission idéologique à ses mentors, les dictateurs ou apprentis-dictateurs latino-américains prétendument « de gauche ». Il lui arrive même d’endosser leur « uniforme » : une « guayabera » blanche, un vêtement utilisée dans les grandes occasions et que portent aussi bien Nicolás Maduro, le terroriste colombien et dirigeant des FARC Timochenko, que Raúl Castro ou encore son petit-fils Raúl Guillermo, alias « Le Crabe ». Le leader de La France insoumise l’a arborée à son tour à… Paris, lors de son meeting de septembre 2016 sur la place de Stalingrad, au moment où il lançait véritablement sa campagne présidentielle. La presse n’a pas remarqué à l’époque qu’il ne s’agissait pas d’une simple chemise blanche, contrastant avec ses tenues habituelles, mais de cette « guayabera » qui est aussi portée par les membres de la Sécurité de l’État, la sinistre police politique cubaine, car elle permet de cacher leurs armes sous un climat tropical. Qui a alors cherché à connaître la provenance de cette tenue si peu adaptée au climat parisien ?

     La tenue est à l’unisson de l’idéologie « bolivarienne ». En fait, que représente Simón Bolívar ? Les citoyens français en général ne connaissent de lui que le nom d’une avenue et d’une station de métro à Paris. Au Venezuela, cependant, il s’agit d’un héros intouchable, du moins pour Chávez et son successeur. Le nom même de « République du Venezuela » a été remplacé par celui de « République Bolivarienne du Venezuela ». Mais, bien qu’il ait été le Libertador d’une grande partie de l’Amérique du sud contre le joug colonial espagnol au début du XIXe siècle, il s’est autoproclamé plus tard « dictateur » et  même « président à vie », avant d’être destitué. C’est à ce Bolívar-là que se référait essentiellement Chávez. Peut-on aujourd’hui se revendiquer d’une idéologie si archaïque et d’une personnalité si contradictoire ?

     Jean-Luc Mélenchon n’est naturellement pas un dictateur en puissance. C’est un populiste aussi peu fiable que l’autre populiste qu’il combat. Mais il n’a rien d’un libertaire ou d’un rebelle. Comme ses amis de Podemos en Espagne, il défend ouvertement les régimes latino-américains qui n’ont de cesse de réprimer, avec son assentiment, les véritables combattants pour la liberté.

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