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Ce n'est pas Borloo qui crée 
un risque de "21 avril à l'envers"
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Centriste droit

Jean-Louis Borloo se prépare pour "gagner" 2012. La petite phrase du leader centriste a fait mouche. Dominique Paillé, vice-Président du Parti radical, nous en dit plus sur l'ambition de son candidat.

Dominique Paillé

Dominique Paillé

Dominique Paillé est avocat au Barreau de Paris. Député Honoraire. 

 
 
Né le 28 mai 1956 à les Aubiers (79) France, il débute sa carrière professionnelle comme haut fonctionnaire hospitalier. Diplômé de sciences politiques (Paris) et titulaire d’un doctorat de l’université de Paris IX Dauphine, il devient directeur d’hôpital à sa sortie de l’Ecole Nationale de la Santé Publique (1981). Il occupe ces fonctions à Paris (hôpital Boucicaut puis Hôtel Dieu) de 1981 à 1988, tout en assurant en parallèle le Secrétariat Général de son syndicat professionnel (SNCH). 
 
En 1988, il entame une carrière politique d’abord au sein de l’UDF et du Parti Radical puis lors de la fusion avec le RPR à l’UMP. 
 
Cette carrière politique sera menée à la fois à travers des mandats électifs et des responsabilités partisanes :
 
-Maire de Nueil les Aubiers (1988-2002), il est élu député des Deux-Sèvres en 1933, et régulièrement réélu jusqu’en juin 2007.
 
-Secrétaire Général du Groupe union du Centre à l’Assemblée nationale (1889-1993),
Délégué général de l’UDF (1995-2002), Secrétaire Général Adjoint et porte-parole de l’UMP (2007-2010).
 
A cette même époque, il est conseiller politique du Président de la République, Nicolas Sarkozy pour s'occuper notamment des questions relatives aux français établis à l’étranger et à la coopération avec l’Afrique. 
 
Il abandonne en 2011 toute activité politique active pour se consacrer à la création et au développement de son Cabinet d’avocat au barreau de Paris. Il accepte néanmoins à cette époque, compte tenu de sa connaissance approfondie de l’Afrique et du Moyen-Orient la présidence de L’office Français d’Immigration et d’Intégration (OFII) pour un an (2012).
 
Il est également l’auteur de plusieurs ouvrages : Panique à l’Elysée (Grasset, 2012), Nicolas Sarkozy, retour perdant (Archipel, 2013), les Deux-Sèvres, l’autre pays du vin (Geste Editions, 2006), le service de santé des armées, la face cachées (l’harmattan).
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Atlantico : Jean-Louis Borloo a déclaré ce mardi dans "La Voix du Nord" qu’il se préparait « pour gagner ». Vous avez évoqué à son propos sur votre compte Twitter une « volonté que rien n’arrêtera ». La volonté, c’est suffisant ?

Dominique Paillé : Suffisant, je ne sais pas. Déterminant, évidemment. Si vous n’avez pas la volonté de mener cette aventure devant les Français, il vaut mieux éviter d’en parler. Jean-Louis Borloo a la volonté d’être candidat pour présenter aux Français un projet de justice, mis en œuvre avec une gouvernance qui corresponde davantage aux attentes de nos concitoyens, une gouvernance fondée sur le dialogue, la concertation et surtout la solidarité.

Ce mode de gouvernance n’est donc pas celui pratiqué par Nicolas Sarkozy ?

Il y a à l’évidence eu une dérive ces derniers mois. J’ai demandé au Président à plusieurs reprises d’être ce qu’attendaient les Français, c’est-à-dire rassurant et rassembleur. Or, je note qu’il y a eu parfois de la part du Président comme de l’UMP une volonté de cliver mais aussi de stigmatiser. Ce n’est pas ce qu’attendent les Français.

Et sur le fond, que propose Jean-Louis Borloo ?

Jean-Louis Borloo est l’homme des réussites locales comme à Valenciennes : il a sorti ce bassin industriel du désarroi dans lequel il se trouvait en terme économique. Il est aussi l’homme des réussites ministérielles : il a mené à bien l’œuvre de cohésion sociale qui lui avait été demandée sous la présidence Chirac, de même qu’en matière de politique de la ville, ou plus récemment en ce qui concerne la politique de l’environnement, avec le Grenelle.

Je ne déflorerai toutefois pas les propositions de Jean-Louis Borloo aux Français. Il le fera lorsqu’il jugera le moment opportun. Ce n’est pas à moi de le faire.

Vous parlez de « réussite » à propos du Grenelle. Ne s’agit-il pas plutôt d’un échec ?

La manière dont le Grenelle a été menée est un succès. Tous les protagonistes de cette affaire – même les plus grands détracteurs du gouvernement de l’époque – ont été contraints de le reconnaitre.

Que par la suite les résultats du Grenelle n’aient pas été tous mis en œuvre ne relève pas de la volonté de Jean-Louis Borloo. Si toutes les conclusions du Grenelle avaient été entreprises, cela aurait sans doute permis d’avancer plus vite sur le volet environnemental. Mais Jean-Louis Borloo n’est pas responsable de la politique menée suite à cet événement.

Vous avez dirigé la campagne européenne de François Bayrou en 1999. Vous le connaissez donc bien. Quelles sont les principales différences entre lui et Jean-Louis Borloo ?

Tous les deux n’ont pas du tout le même tempérament. Jean-Louis Borloo n'est pas quelqu’un pétri de certitudes et ne se nourrit pas d’une mission quasiment divine. Il est un homme politique « normal » qui va au contact de ses concitoyens et qui garde les pieds sur le terrain. Il ne se retire pas sur son Aventin et surgit dans le débat politique une fois tous les cinq ans, lors des débats présidentiels. Voilà pour leurs différences de caractère et de positionnement.

Par ailleurs, sur l’échiquier politique, Jean-Louis Borloo appartient à une majorité. Il ne le renie pas. Il a fait un très long bout de chemin avec cette majorité en tant que président du Parti radical. Simplement, depuis quelques mois, il aurait aimé que la politique menée s’infléchisse non pas dans le sens populiste que certains souhaiteraient ou ont souhaité mettre en œuvre, mais plutôt en faveur d’une plus grande écoute, d’un plus grand dialogue et d’un plus grand rassemblement.

Tout en restant dans ce positionnement majoritaire, Jean-Louis Borloo offre donc une alternative à la fois sur le fond et sur la forme.

Que répondez-vous à Xavier Bertrand qui évoque le risque d’un « 21 avril à l’envers » ?

Je suis un ami de Xavier Bertrand. Mais je lui dis que s’il crie haro sur Jean-Louis Borloo au nom d’un 21 avril à l’envers, il se trompe : s’il y a eu un 21 avril c’est parce que l’offre politique était trop restreinte. Ce n’est pas l’arrivée de Jean-Louis Borloo sur la scène politique présidentielle qui a provoqué la montée de Marine Le Pen dans les sondages. Cela s’est produit bien avant.

Soyons donc réalistes : Jean-Louis Borloo est aujourd’hui crédité dans les sondages d’un score de 8 à 12%. Cet électorat ne provient en aucun cas de l’électorat de Nicolas Sarkozy. C’est un électorat qui a déjà fui le président de la République, qui ne veut plus voter pour lui au premier tour et qui trouve donc en Jean-Louis Borloo une personnalité qui correspond mieux à ses aspirations et à sa manière de voir la société.

Par conséquent, ceux qui crient à un 21 avril à l’envers se trompent. C’est une attitude tout à fait sclérosante. On peut aller plus loin : il suffirait qu’il n’y ait qu’un seul candidat et l’élection est pliée ! Ce n’est pas ça la démocratie.

On peut aussi percevoir la candidature de Jean-Louis Borloo à la présidentielle comme une réserve de voix pour Nicolas Sarkozy si celui-ci était présent au second tour…

Voilà une attitude extrêmement désagréable que certains nourrissent à l’encontre de sa candidature. On voit bien là l’arrogance des anciens RPR qui consistent à dénigrer l’adversaire en expliquant qu’il ne peut être que supplétif. Si Jean-Louis Borloo y va – et vous sentez bien qu’il est dans l’état d’esprit d’y aller – c’est pour gagner.

Le fait que Dominique Strauss-Kahn semble désormais hors course pour 2012 accroit-il selon vous le potentiel de voix de Jean-Louis Borloo ?

Je ne considère pas « l’affaire DSK » comme une aubaine. Dominique Strauss-Kahn, avant même cette « affaire », s’érodait considérablement dans les sondages. Même les centristes séduits dans un premier temps par les compétences affichées du président du FMI de l’époque auraient eu du mal à le rejoindre compte tenu notamment du système d’alliance dans lequel le Parti socialiste s’est enfermé.

Toutefois, ce qui est clair c’est que ceux qui voulaient rejoindre DSK dès le premier tour marquaient à travers ces sondages leur volonté de ne pas voter pour Nicolas Sarkozy.

Au final, cela ne change rien : nous sommes à un an de l’élection, l’électorat potentiel du centre est entre 20 et 22% de la population française et il peut encore croître en fonction du paysage politique. C’est suffisant pour virer en tête au premier tour.

Frédéric Salat-Baroux - ancien Secrétaire général de l’Elysée sous Jacques Chirac et mari de sa fille Claude Chirac - est en charge du projet de Jean-Louis Borloo. Cela symbolise-t-il le soutien des Chiraquiens à Jean-Louis Borloo ?

Vous verrez qu’au fur et à mesure que les semaines vont s’écouler, il y aura pour Borloo des soutiens nouveaux qui viendront des anciens gaullistes de gauche, de quelques chiraquiens, peut-être des écologistes, voire même de Sarkozystes. Jean-Louis Borloo a un positionnement politique qui lui permet d’être rassembleur. C’est une grande force. Les Français ont besoin pour les diriger d’une personnalité qui est capable de les rassembler.

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