Jean-Lassalle : « Le renouveau de l’agriculture et de la ruralité pourrait prendre la forme d’un authentique projet de société » <!-- --> | Atlantico.fr
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Jean Lassalle, candidat à l'élection présidentielle d'avril 2022, publie « La France authentique » aux éditions Glyphe
Jean Lassalle, candidat à l'élection présidentielle d'avril 2022, publie « La France authentique » aux éditions Glyphe
©THOMAS COEX / AFP

Bonnes feuilles

Jean Lassalle publie « La France authentique » aux éditions Glyphe. Jean Lassalle, candidat à l'élection présidentielle, s'attache à porter la parole des Français au coeur de nos institutions, à maintenir les services publics de proximité, à encourager les initiatives économiques locales et à rebâtir un État fort de sa devise : « Liberté, égalité, fraternité » et « laïcité ». Extrait 1/2.

Jean Lassalle

Jean Lassalle

Jean Lassalle est un homme politique français, né le 3 mai 1955 à Lourdios-Ichère (Pyrénées-Atlantiques). Il est élu député le 17 juin 2007, pour la XIIIe législature (2007-2012), dans la 4e circonscription des Pyrénées-Atlantiques. Il fait partie du Mouvement démocrate (MoDem) de Francois Bayrou Il préside depuis 2002 l'Association des Populations des Montagnes du Monde, réseau international de montagnards présent dans plus de 70 pays dans le monde. Il préside également l'Institution patrimoniale du Haut-Béarn qui a obtenu des investissements importants pour les bergers de montagne et la préservation de l'ours.
En juin 2003, pour être sûr de se faire entendre, il entonne l'hymne béarnais dans l'hémicycle pendant les questions au gouvernement pour obtenir le maintien d'une gendarmerie près du tunnel du Somport.
Le 7 mars 2006, il entame une grève de la faim pour empêcher une "délocalisation" au sein même du département des Pyrénées-Atlantiques d'une usine du groupe Toyal Europ, filiale du groupe mondial japonais Toyo Aluminium K.K, qui emploie 150 salariés dans la vallée d'Aspe située dans le département dont il est député. En 5 semaines il perd 21 kg et souffre de baisses de tension. Le 14 avril, il est hospitalisé d'urgence à l'hôpital Poincaré de Garches, ce qui provoque l'intervention du président de la république Jacques Chirac, du premier ministre Dominique de Villepin et du ministre de l'intérieur Nicolas Sarkozy. Ceux-ci parvenant à un accord avec la société Toyal Europ, le député cesse sa grève de la faim. Il participe ensuite activement à la campagne présidentielle de François Bayrou en 2007 . Il est élu député de MoDem aux législatives de 2007 à la suite d'une triangulaire .

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Les campagnes sont pourtant le théâtre d’un drame humain. Les paysans se suicident en cascade. Faillite ou productivisme : l’agriculture semble dans une impasse. Près de 150000 exploitants sont sur le point de partir à la retraite; moins de 5% d’entre eux sont assurés d’une reprise.

Je l’ai connu, cet homme qui, au soir de sa vie, regarde un arbre entrer dans sa cuisine parce qu’il n’a plus la force de le repousser et qu’il n’y a plus personne pour l’aider. Il est unique et ils sont des milliers. Il est le dernier vestige, le dernier témoin. Ses enfants sont loin. Et il va mourir. Auparavant, même lorsque les guerres happaient les fils et privaient les campagnes de bras, il se trouvait toujours un cousin ou un voisin pour venir prêter main-forte et prendre la suite. Aujourd’hui, et pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, un homme peut mourir en se sachant abandonné de tous et en contemplant la perte de sa vie et de sa lignée.

Autrefois nourricières, les campagnes sont exsangues.

L’Allemagne nous dispute le statut de leader agricole en Europe. La France importe 60% des fruits qu’elle consomme, 40% des légumes, 75% des fleurs coupées, 50% de la viande blanche et 25 % de la viande rouge. S’il n’y avait l’exportation de céréales, de vins et spiritueux pour la rendre excédentaire, la balance commerciale agricole de la France serait largement déficitaire.

La France dispose pourtant de toutes les ressources. Mais elle manque d’industries de première et deuxième transformations. Elle a été durement affectée par la Politique Agricole Commune (PAC), devenue une vaste politique environnementale différenciée, ni vraiment agricole ni vraiment commune, qui agit à l’encontre de la souveraineté alimentaire du continent et de la France.

L’Histoire est souvent tragique, mais elle est cyclique.

En dépit de leur disparition programmée, les campagnes veulent vivre. Vigilantes et prospères, elles apparaissent comme un nouvel Eldorado. Durant le covid, les citadins ont été nombreux à revenir vers les campagnes et à s’en émerveiller. Revigorés par ce «retour aux sources», ils en ont profité pour renouer des liens avec les gens du cru. Quand les restrictions ont pris fin, certains ne sont jamais retournés en ville. Ils sont demeurés «au vert», en télétravail ou cherchant à se reconvertir. D’autres songent à les rejoindre. Il n’est pas impossible qu’un mouvement inverse à l’exode rural s’amorce doucement. Une réflexion devra donc être menée en termes d’urbanisme pour évaluer la capacité des villages d’antan et du foncier disponible à accueillir ces populations contemporaines. Il suffirait de trois fois rien pour rendre la campagne à nouveau habitable.

Les arrondissements huppés de Paris ne doivent plus la considérer comme un poids mort, mais comme un espoir. Quand villes et banlieues sont archicombles, la campagne nous tend les bras comme une mère accueillant ses enfants le soir avec une miche de pain et une soupe chaude.

Les villages sont une sorte de Cité idéale où l’on renoue avec le plaisir de marcher librement et de se saluer le matin. Nombre de jeunes cadres aspirent à quitter les immeubles de verre pour apprendre des métiers plus physiques, peut-être plus humains.

Il faudra les former, les aider à s’installer, à repenser les infrastructures et les débouchés, les initier aux mystères du climat et du vent… Peut-être renoueront-ils avec ce lien charnel qui unit l’Homme à la terre dans le silence plein des bruissements de la Nature.

Le renouveau de l’agriculture et de la ruralité pourrait ainsi prendre la forme d’un authentique projet de société, associant l’ensemble des acteurs d’un territoire et d’une filière.

Les campagnes sont notre futur.

MES PROPOSITIONS

• Affecter 3 milliards d’euros par an aux campagnes, grande cause nationale.

• Revoir la distribution de la PAC pour que les aides aillent aux paysans qui respectent leur terre et leurs bêtes, non à la spéculation foncière. La répartition des aides demeure très inégalitaire : en 2015, 1,5% des bénéficiaires ont touché plus de 30 % du montant total des aides de la PAC. Et les petits agriculteurs souffrent de cette mauvaise répartition.

• Doter toutes les filières (agro-alimentaire, forestière, eau…) des outils de première et deuxième transformation au plus près des territoires de production. Ceci afin de conserver et de promouvoir emplois et valeur ajoutée locale.

• Mettre en place un « ticket paysan » pour soutenir les circuits courts, sur le modèle des « tickets-restaurants », en faveur des agriculteurs locaux et régionaux.

• Replacer les coopératives agricoles sous la responsabilité directe des exploitants.

• Favoriser l’accès au foncier, la formation et la reconversion pour faciliter la reprise des exploitations agricoles. Exonérer de taxes les héritages agricoles.

• Désenclaver les campagnes par le maintien ou la création d’écoles, transports, services de santé, téléphonie, fibre optique et 4G partout sur le territoire.

• Pour s’adapter au mieux à la diversité des territoires soucieux de bâtir leur avenir, faciliter le changement d’usage agricole à usage d’habitation et renforcer les prérogatives de la SAFER en matière de préemption afin de protéger le potentiel des exploitations. Il faut à la fois reconnaître l’agriculture d’intérêt général et permettre à des projets novateurs de naître dans nos campagnes, quand ceux-ci ne nuisent pas à celles-là. Par exemple favoriser la transformation des granges et fermes abandonnées en logements (pour nos jeunes où nos aînés), en industries adaptées ou en lieux culturels.

• Développer des passerelles entre ruralité et centres urbains. Par exemple en développant les projets alimentaires territoriaux pour soutenir les circuits courts et les produits locaux dans les cantines.

• Conditionner l’octroi des Signes de Qualité et d’Origine (SIQO; labels, AOC, AOP…) à la transmissibilité des exploitations agricoles aux générations à venir (taille, capital, volume de travail…), au bienêtre des paysans, aux qualités gustatives ainsi qu’aux bienfaits pour la santé des consommateurs.

• Entretenir nos paysages, chemins et cours d’eau en biens communs.

Défendre les traditions populaires et les pratiques ancestrales telles que la chasse et la pêche traditionnelles, qui font partie du patrimoine national. Par ailleurs, la cohabitation entre les bergers et leurs troupeaux est incompatible avec la présence de prédateurs tels que les ours, les loups et les lynx. Il faudra en outre sortir des directives européennes « Habitats » et « Oiseaux » ainsi que de la Convention de Berne. Cela permettra de réengager une politique de fond basée sur la gestion en bien commun de notre patrimoine, adaptée à la taille et à la diversité d’un grand pays comme le nôtre. Cela permettra également au débat politique de se saisir de ces problématiques en les soustrayant au seul domaine juridique. Qu’on soit rural ou citadin, il convient de les traiter en responsabilité en assumant nos différences et en embrassant toute la réalité des vies concernées.

Extrait du livre de Jean Lassalle, « La France authentique », publié aux éditions Glyphe

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