Jean-Charles Marchiani : "Charles était au bout du rouleau en raison de la mort de son fils..." <!-- --> | Atlantico.fr
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Charles Pasqua s'est éteint ce lundi 29 juin.
Charles Pasqua s'est éteint ce lundi 29 juin.
©Reuters

Confessions intimes

Jean-Charles Marchiani, principal conseiller de l'ancien ministre de l'Intérieur de 1986 à 1988 et de 1993 à 1995, revient sur l'histoire de ce personnage hors-norme de la Ve République, qui avait notamment perdu son fils unique trois mois avant sa propre mort, ce lundi 29 juin.

Antoine de Tournemire

Antoine de Tournemire

Antoine de Tournemire est journaliste, entrepreneur et éditeur français.

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Jean-Charles Marchiani

Jean-Charles Marchiani

Jean-Charles Marchiani est un homme politique. Ancien officier du SDECE (devenu DGSE), il a représenté le gouvernement français lors de négociations pour la libération d'otages au Liban, en Algérie et en Bosnie. Il a aussi été préfet du Var de 1995 à 1997.

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Antoine de Tournemire : Que ne sait-on pas de Charles Pasqua et qui gagnerait à l'éclairer un peu ?

Jean-Charles Marchiani : On sait peu que sa vie personnelle était d'une extrême simplicité. La même épouse depuis 67 ans. Un appartement de location à Suresnes. Pas de chalet, pas de yacht ni de voiture rutilante. Après près de 70 ans de vie politique, c'est quand même à signaler !

Quand l'avez-vous vu la dernière fois ?

Il y a 10 jours. Il était au bout du rouleau. Il était affecté par la mort de son fils unique – il y a trois mois.

Comment l'aviez vous rencontré ?

En 1968, au moment de l'organisation de la manifestation du 30 mai. Avec René Tomasini et Alexandre Sanguinetti. Au moment où les gaullistes ont fait l' « armistice » avec les partisans de l'Algérie française – dont j'étais.

Des rencontres déjà très corses... C'est important ?

Il se trouve que traditionnellement, les Corses sous la IVe République étaient plutôt gaullistes. La Corse est le seul département qui ait basculé du côté des Insurgés du 13 mai 1958 - et ce dès le 23 mai. Les parachutistes ont alors fondé des Comité de Salut public à Bastia et Ajaccio. Alors qu'il n'y en avait, jusque là, qu'à Paris.

Il y avait une communauté corse qui traditionnellement s'entraidait ou était un peu plus unie que les autres. Comme il y avait un réseau breton ou auvergnat. A l'époque cela comptait beaucoup ! Aujourd'hui, on se serre moins les coudes car les distances n'existent plus car on se déplace plus souvent et plus rapidement.

Le réseau corse vous a aidé lors de vos missions ?

Au Moyen-Orient, non. Mais en Afrique, oui. Il ne faut pas prendre le terme de « réseau corse » avec sa connotation péjorative. On parlait à l'ensemble des connaissances – sans plus. C'était parfois un atout. Parfois, un handicap car tous les Corses n'étaient pas des carmélites... Mais pour négocier les otages, par exemple, mes réseaux étaient Iraniens ou Arabes. La Corse n'était pas dans le coup !

Est-il vrai que vous parliez corse entre vous ou c'est du folklore ?

C'est notre langue maternelle. Quand on est entre nous on parle corse. Et en français pour les dossiers administratifs, qu'on évoquait peu en était tête-à-tête, mais en réunion plénière du cabinet.

Était-ce aussi par soucis de discrétion ?

Non (NDLR : large sourire), par habitude. Comme j'imagine que les enfants d’immigrés algériens parlent arabe entre eux...

La France subit actuellement des attaques terroristes islamistes, comme jadis sous Charles Pasqua qui voulait « terroriser les terroristes ». Ses successeurs sont ils à la hauteur ?

Ce qu'ils font actuellement se base sur des outils mis en place par Pasqua dans la police ou sur le plan judiciaire. La création du Parquet anti-terroriste : c'est lui. La mise sur pied opérationnelle du RAID et du GIPN, c'est encore lui. La mise en place de postes de renseignements (DST) à l'extérieur, dépendants du Ministère de l'Intérieur, c'est toujours lui.

Pasqua n'aurait-il pas eu plus de poigne ?

Honnêtement, ils font le boulot dans le cadre de la loi. A l'époque, on avait affaire à des organisations. C'était plus facile. On utilisait des techniques classiques de filature ou d'écoute. Aujourd'hui, on se bat contre une nébuleuse qui communique via les réseaux sociaux depuis le fin fond de la Syrie et dont les membres disparaissent dans la nature en trois heures !

Sans oublier que, à l'époque de Charles Pasqua, il n'y avait de contre-pouvoir aussi puissant politiquement et médiatiquement que celui de la garde des sceaux.

Ce qu'il manque enfin, c'est la cohérence dans la diplomatie et dans les relations notamment vis-à-vis de Bachar El-Assad et d'un certain nombre de gouvernements ou de groupes... On doit s'appuyer Assad, il protège les chrétiens. C'est le dernier rempart contre les islamistes. Le problème est que tout cela est tenu par un membre de l'Otan, la Turquie, et financé par deux pays alliés, l'Arabie saoudite et le Qatar... Le vrai problème est là !

Que pensez-vous de la loi sur le renseignement présentée en ce moment ?

A l'époque, la question ne se posait naturellement pas. Aujourd'hui, je la soutiens à 100%.

Cette loi n'est-elle pas un peu intrusive...

Intrusive ? Et décapiter son patron, n'est-ce pas aussi intrusif ?

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