20 000 lieues sous les mers : James Cameron en route vers l'inconnu des très grands fonds marins<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
People
20 000 lieues sous les mers : James Cameron en route vers l'inconnu des très grands fonds marins
©

Abyss

Le réalisateur de Titanic et d'Avatar veut plonger jusqu'à onze kilomètres de profondeur, un record, à bord d'une torpille verticale qu'il pilotera.

Gilles Klein

Gilles Klein

Gilles Klein,, amateur de phares et d'opéras, journaliste sur papier depuis 1977 et en ligne depuis 1995.

Débuts à Libération une demi-douzaine d’années, puis balade sur le globe, photojournaliste pour l’agence Sipa Press. Ensuite, responsable de la rubrique Multimedia de ELLE, avant d’écrire sur les médias à Arrêt sur Images et de collaborer avec Atlantico. Par ailleurs fut blogueur, avec Le Phare à partir de 2005 sur le site du Monde qui a fermé sa plateforme de blogs. Revue de presse quotidienne sur Twitter depuis 2007.

Voir la bio »

Alors que son film Titanic ressortira en avril au cinéma en 3D à l'occasion du centième anniversaire de la catastrophe, James Cameron souhaite sortir de la fiction historique pour s'enfoncer dans les profondeurs de l'océan. Aux commandes d'un étrange sous-marin-torpille, il projette de descendre à près de onze kilomètres de profondeur. Le site choisi : la fosse des Mariannes, dans l'océan Pacifique, le point du monde où la mer est la plus profonde, au large des Philippines.

L'engin est présenté sur le site de l'expéditionDeepsea Challenge. Il a déjà été testé sous l'eau pendant trois heures en janvier dernier, en Australie, puis à des profondeurs de plus en plus grandes. Il est descendu le 7 mars jusqu'à plus de 8 000 mètres.

Cet étrange engin mis à l'eau à partir d'un bateau-mère (le Mermaid Saphire) est un tube vert long de 7,3 mètres. Il pèse onze tonnes. Le pilote devra être motivé : l'intérieur de la cabine, de forme sphérique, a un diamètre de 109 centimètres. Située dans la partie basse de l'engin, elle est si petite qu'il devra garder ses genoux pliés et ne pourra quasiment pas bouger les bras.La vapeur d'eau qu'il émettra via sa respiration se condensera sur les parois et sera recueillie dans un sac plastique. En cas de besoin, il pourra la boire grâce à une paille filtrante.

La réserve d'oxygène est prévue pour durer 56 heures, soit sept fois le temps de la plongée. James Cameron pourra converser avec la surface et éventuellement envoyer des messages écrits.

Deepsea Challenge n'est pas cylindrique, car il aurait alors fallu que ses parois soit trois fois plus épaisses qu'actuellement (elles mesurent 6,4 cm). Pour assurer sa remontée une fois sa mission terminée, l'engin larguera un lest d'une demi-tonne. Tout à été prévu : s'il refuse de se détacher, son système d'attache sera corrodé par l'eau salée au bout d'un certain temps. L'engin est équipé de propulseur qui peut lui permettre de se déplacer sur le fond à la vitesse de trois nœuds.

Le sous-marin est équipé de quatre caméras haute définition, qui pourront aussi tourner en 3D. Elles sont dix fois plus petites que celles de la génération précédente et l'une d'elles est de qualité Imax, c'est-à-dire qu'elle peut tourner des images géantes qui seront projetées sur un écran sphérique. Ces caméras ont été spécialement conçues par l'équipe de Deepsea Challenge et elles sont équipées d'un puissant éclairage, d'une portée de 30 mètres en eau claire.

L'histoire passionne la presse américaine à la fois par son côté people, mais aussi pour l'aspect exploration d'un territoire jamais vu. LeNew York Times, enthousiaste, estime que Cameron "a réinventé la manière dont les gens explorent les profondeurs de l'océan". Car le but de l'expédition est de descendre le plus vite possible pour passer le plus de temps possible au fond : environ six heures. Le quotidien donne la parole à un spécialiste des sous-marins de la Navy qui considère que Cameron est une sorte de "Steve Jobs sous-marin".

Le New York Times ajoute que Cameron a travaillé, en secret, sur ce projet depuis huit ans en Australie. Il a reçu le soutien de National Geographic, d'un célèbre institut d'océanographie californien et de l'université de Hawaï. Le journal constate aussi que, jusqu'à présent, les sous-marins de recherche étaient généralement conçus sur des fonds publics, par des États comme les Etats-Unis, la Chine, la France, la Russie ou le Japon. Mais leurs engins étaient toujours horizontaux, celui de Cameron est le premier à être vertical.

The Daily Beast s'est aussi intéressé au projet. Il nous apprend que la descente sera rapide, environ deux heures, et la remontée durera une heure. Le budget de l'opération, qui doit être astronomique, est gardé secret pour l'instant. Entre autres détails, le site souligne qu'il y a plus de 1 500 circuits électroniques et que l'engin est recouvert de mousse synthétique pour résister à la pression énorme équivalente à celle de "8 000 éléphants sur une voiture de type Mini Cooper".

Pour résister aux contraintes d'espace dans cette mini-capsule, Cameron a pratiqué le yoga, et fait de la plongée en apnée pour développer ses poumons. Le but de l'aventure n'est pas seulement de plonger le plus profond possible, mais aussi d'étudier la vie marine à cette profondeur, et de ramener des échantillons.

La revue Nature remarque que jusqu'à présent, on n'a pas trouvé de poisson en dessous de 8 370 mètres de profondeur. Selon un biologiste cité dans l'article, des raisons physiologiques interdiraient à un poisson de survivre à cette profondeur. On pourra néanmoins étudier les microorganismes collectés au fond, les bactéries, etc., ajoute un scientifique de la Scripps Institution of Oceanography de la Jolla (aux portes de San Diego), partenaire de l'opération.

Au cours de ces derniers jours, selon la BBC, Cameron s'est déclaré prêt à cette plongée historique. Il attend seulement une météo favorable, avec une mer calme, pour permettre une mise à l'eau en sécurité.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !