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Investiture : plus encore qu'un passage de pouvoir, un passage de témoin pour l'intérêt national
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EDITORIAL

Aujourd’hui est une double investiture, française bien sûr, européenne aussi par le déplacement en Allemagne, mais ce doit surtout être une journée de passage de témoin encore davantage que de pouvoirs, dans une course en équipe, où la seule victoire doit être celle de la France.

Alain Renaudin

Alain Renaudin

Alain Renaudin dirige le cabinet "NewCorp Conseil" qu'il a créé, sur la base d'une double expérience en tant que dirigeant d’institut de sondage, l’Ifop, et d’agence de communication au sein de DDB Groupe.

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La campagne présidentielle, qui semble déjà loin derrière nous, a été une campagne violente, clivante, partisane, dogmatique, d’opposition, de rejet davantage que de projet. Elle a même fait resurgir comme jamais depuis longtemps la lutte des classes. Cette campagne électorale a divisé la France, politiquement et sociologiquement. 

François Hollande aujourd’hui, comme tout nouveau Président, en appelle au rassemblement, à l’unité nationale, évoque l’importance et l’ampleur de la tâche. Oui, nous avons tous intérêt au succès, individuellement et collectivement. Pas un intérêt partisan, ni un intérêt communautariste des uns contre les autres. Nous avons tous intérêt à une France unie, une France forte.

Personne n’a en effet intérêt à l’échec, il est toujours frappant, pour ne pas dire consternant, de voir et d’écouter des élus, des responsables politiques avoir tant de mal à reconnaître les qualités des autres, à se réjouir presque des difficultés et des échecs des politiques adverses leur procurant ainsi une bonne occasion pour en appeler au renouvellement alors qu’au passage, c’est la France qui paye la rançon de ces arguments électoraux. Il faut d’ailleurs reconnaître que ceci n’est pas spécifique au monde politique, dans l’entreprise aussi il est fréquent de constater le manque d’esprit « corporate ». Il n’est pas rare, pour ne pas dire fréquent, que, d’une équipe à une autre, d’une baronnie à une autre, cherchant chacune, là aussi, les faveurs du prince président, on se déteste courtoisement, se réjouissant presque davantage des échecs de ses collègues que de ses concurrents.

Nous avons un intérêt commun, et même si, politiquement, c’est se faire violence pour certains, nous devons tous nous y consacrer. La « sortie » de Nicolas Sarkozy souhaitant immédiatement bonne chance à François Hollande a d’ailleurs été de ce point de vue assez exemplaire, et reconnue come telle. Les passations de pouvoir ministériels semblent s’inscrire dans le même état d’esprit, et c’est peut-être de bonne augure pour une opposition (attendons quand même les résultats des législatives) constructive plutôt qu’aveuglement systématique et partisane. Nous avons tous intérêt au succès, à porter fièrement notre identité nationale, à défendre le modèle français dont nous parlons moins à force de parler d’un modèle allemand, mais auquel nous sommes pourtant très attachés, et que nous jugeons peut-être un peu vite obsolète. Chacun assume ses convictions bien sur, sa vision des choses, la hiérarchie de ses valeurs (on a tous les mêmes, mais pas forcément dans le même ordre), mais dans le soucis de l’intérêt collectif. C’est pour préserver et défendre au mieux cet intérêt collectif que l’opposition peut revendiquer et argumenter un équilibre des pouvoirs, pas pour l’équilibre des pouvoirs uniquement.

Ces passations de pouvoirs sont surtout des passages de témoins, pour assumer des responsabilités et défendre des intérêts plus grands que ceux qui assument, provisoirement, le relai : souhaiter la meilleure performance possible du précédent, se préparer au mieux pour la transition, se donner à fond, et préparer au mieux le prochain passage pour placer le suivant dans la meilleure configuration possible. Recevoir un témoin, c’est en effet tout sauf un aboutissement, c’est une responsabilité, la responsabilité de le porter plus avant, plus haut, plus loin, de le porter vers le suivant. Et c’est la responsabilité de chacun, nous sommes tous des passeurs de témoins, aussi bien en tant que parent, dirigeant d’entreprise, éducateur, responsable d’association, élus, ministres, président. Nous avons tous la responsabilité d’entretenir et de respecter l’espace que nous occupons provisoirement. Cette idée de transition générationnelle est une évidence écologique bien sur, comme l’a si bien révélé le rapport Brundtland en 1897, c’est aussi un impératif économique, social et politique. 

À 2 mois des jeux olympiques de Londres, souhaitons la meilleure performance possible de l'équipe France, où chacun est à la fois passeur de témoin et porte drapeau.

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