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Nicolas Sarkozy et la durée légale du travail : ce que les propositions du président des Républicains changeraient pour les entreprises
Le jour même de la présentation du Projet de loi de finances pour 2016 en Conseil des ministres, le journal Les Echos publie une interview dans laquelle l'ancien chef de l'Etat tacle sévèrement la politique économique du gouvernement et avance ses pions pour 2017 en abordant ses principales propositions en matière de régulation du temps de travail, de chômage, de fiscalité, etc.
Éric Verhaeghe
Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.
Atlantico : Nicolas Sarkozy déclare dans une interview accordée aux Echos: "toute entreprise qui souhaitera s'exonérer des 35 heures devra pouvoir le faire. C'est la liberté qui doit primer", avant d'ajouter: "la durée du travail sera fixée dans l’entreprise par le dialogue entre les salariés et l’employeur." Concrètement que changeraient ces mesures pour les entreprises ? Pour les salariés ? Pour l'économie dans son ensemble ?
Eric Verhaeghe : Aujourd'hui, il existe déjà des mécanismes dérogatoires qui permettent de transgresser les 35 heures. Mais la norme reste les 35 heures annualisées, qui s'appliquent par défaut. Le vieux projet, déjà évoqué par Sarkozy en 2008, mais qui n'a pas abouti à cause de la frilosité de Laurence Parisot à l'époque, est de transformer cet état de fait, en faisant de la liberté une norme, et des 35 heures une exception. Ce projet se heurte à trois problèmes majeures. Premier problème: l'opposition probable des syndicats de salariés. Deuxième problème: l'absence de dialogue social simple dans les très petites entreprises, qui crée des disparités. Les grandes entreprises n'auraient pas forcément de problème pour mettre en place ce genre d'accord. Les artisans, les commerçants, ne pourront pas le faire simplement du jour au lendemain. Et ce sont pourtant eux qui ont le plus besoin d'une main-d'oeuvre polyvalente et flexible. Troisième problème: l'angoisse des employeurs de réveiller l'hydre de Lerne. Car dès que le sujet de l'allongement de la durée du travail sera sur la table, la question de l'augmentation des salaires sera aussi posée. La France est aujourd'hui dans un équilibre sous-optimal dont elle a du mal à sortir.
Cette possibilité d'une suppression des 35 heures hebdomadaire prescrites d'office aura-t-elle du succès ? Les entreprises ne se sont-elles pas déjà largement adaptées à la durée légale des 35 heures ?
Quel serait le coût d'une telle mesure après le coût déjà engendré par le passage aux 35 heures?
En matière de chômage, l'ancien chef de l'Etat propose de "suspendre pour l'UNEDIC les règles du paritarisme" et pense "qu'il faut revenir à la dégressivité des allocations chômage à partir de 12 mois (...) afin d’encourager le retour à l’emploi". Comment de telles mesures pourraient se répercuter sur le marché de l'emploi, à l'heure où la France affiche un taux de chômage de 10,3% (au sens du BIT) ?
Nicolas Sarkozy propose de "ramener le niveau de la fiscalité qui pèse sur elles (les entreprises, ndlr) à la moyenne européenne, et avoir une convergence franco-allemande en matière fiscale". Quelles pourraient en être les conséquences ?
Enfin, au sujet des fonctionnaires: "il faut d’abord rétablir la règle du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite et faire en sorte qu’il s’applique dans l’ensemble de la fonction publique, collectivités locales comprises. La baisse du nombre de fonctionnaires est incontournable", affirme Nicolas Sarkozy. Il propose d'augmenter leur temps de travail afin de "mettre fin au gel du point d'indice" afin d'améliorer la rémunération de cette catégorie de la population active. M. Sarkozy souhaite "donner plus de souplesse aux contrats de 5 ans pour certains métiers de la fonction publique". Comment ce type de changement pourraient-ils peser sur la situation économique de la fonction publique ?
Propos receuillis par Adeline Raynal
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