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Logiciel libre sur Internet, 
prémices du web 2.0
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Réseaux sociaux, boulot, dodo

Dans son ouvrage, "Réseaux sociaux numériques d'entreprise", l'entrepreneur Ziryeb Marouf analyse l'utilité, les limites et les risques d'un réseau social numérique entre collaborateurs dans le monde de l'entreprise. Atlantico vous en fait partager les meilleures feuilles. Premier épisode.

Ziryeb Marouf

Ziryeb Marouf

Ziryeb Marouf est entrepreneur. Diplômé de l'ESSEC et de Télécom ParisTech, il a fondé l'Observatoire des réseaux sociaux d'entreprises. Il est actuellement responsable RH 2.0  pour France Télécom Orange. Il est l'auteur de Réseaux Sociaux Numériques d'Entreprise : Etat des Lieux et Raisons d'Agir (Harmattan, 2011).

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L’émergence du logiciel libre (Free Software Fondation) s’érigeait, dans sa vocation première, en rempart contre cette monétisation du Web. En effet, le monde du logiciel libre proposait un modèle plus proche des valeurs de gratuité et de libre circulation des idées. Le développement communautaire de logiciels était « libre » en ce sens que les codes sources étaient accessibles en lecture et en modification, et ce librement.

Des projets étaient proposés à toutes les bonnes volontés à travers la toile.

La complémentarité des compétences, et l’organisation collective des projets en micro-tâches avec plusieurs milliers de participants allaient générer un catalogue gigantesque d’applications gratuites et une alternative sérieuse au modèle de licences traditionnelles. Cette démonstration exceptionnelle de l’intelligence collective au service d’un projet commun allait façonner le web collaboratif.

En fait, l’une des différences fondamentales entre les deux modèles (licence libre et licence payante), au-delà du système de valeurs, résidait dans le fait que le monde du logiciel libre proposait de réunir des milliers de développeurs mettant en commun le « contenu » des développements pour un résultat que chacun allait pouvoir utiliser pour ses besoins propres.

A l’inverse, le modèle « payant » réunissait le fruit des développements de quelques personnes pour construire une solution qui s’adressait à des milliers de consommateurs ciblés dont le besoin avait été « estimé » a priori en fonction d’intuitions ou d’études de marchés mais dans un monde en mouvement perpétuel. De ce fait, tous les six mois, les usages évoluent et ce qui était vrai hier ne l’est plus aujourd’hui…

Il s’avère que les limites du modèle traditionnel se font de plus en plus sentir.

La collaboration collective à la génération des codes sources de logiciel a en effet cette particularité que le nombre massif de contributeurs constitue la garantie à la fois de l’adéquation du résultat aux besoins mais aussi d’une évolution perpétuelle des versions pour s’adapter sans cesse aux nouveaux usages, aux nouvelles tendances, à l’émergence de nouvelles fonctionnalités ; en somme, il s’agit d’un laboratoire à l’échelle planétaire.

L’extrapolation de ce modèle communautaire du logiciel libre qui rassemble des développeurs à celui plus général des internautes permet de définir ce que l’on appellera le web 2.0.

Il s’agit d’un passage rapide d’un web 1.0 au sein duquel les contenus sont proposés majoritairement par des entreprises ou des organisations vers un public consommateur, à un web 2.0 dans lequel l’individu est au centre des transactions. L’internaute génère autant d’informations qu’il en consomme (User Content Generated).

Le nombre d’internautes étant notablement supérieur au nombre d’entreprises et d’organisations, la génération des contenus se développe de manière exponentielle à travers les futurs médias sociaux.

Ces applications pouvaient paraître anodines mais elles allaient révolutionner Internet.

Les clients du web, désormais blogueurs, devenaient alors fournisseurs de contenu, les communautés open source développaient les espaces d’échanges pour exploiter ces contenus en innovant constamment. Cet écosystème développait continuellement l’engouement de ses utilisateurs et générant de nouveaux adeptes en permanence grâce à une démarche de recrutement en mode « viral » (ami d’ami). Ce « recrutement de nouveaux » membres dynamisait la communauté qui ne cessait de grossir pour atteindre une masse critique en termes d’usage, d’échanges, de contenus, de bande passante, ce qui bouleversa le business-plan Internet.

Les premiers logiciels sociaux naissent au milieu des années 90 :

• 1995 : création du site de rencontres Match.com

• 1998 : 6degrees.com 1er site de Social Networking

• 2002 : création de Friendster.com par Jonathan Abrams (5 millions d’inscrits en 2003) prédécesseur de « Copains d’avant » et qui permet de retrouver ses anciens amis d’école ou d’université.

• 2002 : création de Tribe.net développé par M. Pincus. Il définit la notion de « tribu numérique ».

• 2002 : création de LinkedIn - R.Hoffman. Il permet la relation à titre professionnel.

• 2004 : Mark Zuckerberg crée Facebook

Tous ces projets ont cette particularité de positionner l’individu en qualité de « centre d’intérêt » des échanges avec un changement fondamental d’échelle au regard de la « massification » des publics participants. L’intensification des pratiques s’explique d’abord par la démocratisation de l’intérêt même d’Internet : ce n’est donc plus un espace dédié aux seuls technophiles scientifiques.

Ensuite, cette démocratisation s’explique par la baisse significative du ticket d’entrée associée à une augmentation permanente de l’offre de service : bande passante confortable, forfaitisation de la consommation au profit de connexions permanentes, diversification des services notamment avec l’arrivée de l’Internet mobile.

Enfin la démocratisation de l’usage d’Internet s’explique par la réduction du prix des équipements informatiques accessibles au plus grand nombre.

Parallèlement, l’une des clés trouve son explication dans l’ensemble des efforts importants réalisés en terme de simplicité d’usage à la fois des contenus de l’accès et des équipements et ce, sur toute la chaîne de valeurs qui compose l’univers d’Internet.

La relation entre constructeurs d’équipements de télécommunication, opérateurs et fournisseurs de contenus traditionnels allait être fondamentalement déstabilisée.

En effet, les infrastructures de communication sont extrêmement coûteuses à déployer, à maintenir et à faire évoluer pour répondre à la demande permanente de capacité supplémentaire pour partager sons, images vidéos, conversations, etc.

Or ceux qui sollicitent ces évolutions de capacité et qui, par ailleurs, en tirent le meilleur bénéfice n’ont absolument pas participé à l’effort d’investissement dans ces infrastructures (Face Book, Google, etc.).

Pourtant, le retour sur investissement pour les opérateurs de télécommunication se situe généralement au-delà des vingt ans, ce qui est particulièrement long !

Cette situation antagoniste explique en grande partie l’absolue nécessité pour les opérateurs de télécommunications de diversifier leurs activités notamment dans le domaine des médias se transformant de plus en plus en Opérateur de services.

Réseaux sociaux numériques d'entreprise (Harmattan, 2011) par Ziryeb Marouf.

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