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En matière d'information, la France est plus proche de l'Afrique que de l'Europe
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Cartographie des médias

Une étude américaine a croisé les données des médias du monde entier sur plus de 30 ans afin de montrer les intérêts convergents ou divergents des différents peuples de la planète sur l'actualité. Attention : résultats surprenants...

Gilles Klein

Gilles Klein

Gilles Klein,, amateur de phares et d'opéras, journaliste sur papier depuis 1977 et en ligne depuis 1995.

Débuts à Libération une demi-douzaine d’années, puis balade sur le globe, photojournaliste pour l’agence Sipa Press. Ensuite, responsable de la rubrique Multimedia de ELLE, avant d’écrire sur les médias à Arrêt sur Images et de collaborer avec Atlantico. Par ailleurs fut blogueur, avec Le Phare à partir de 2005 sur le site du Monde qui a fermé sa plateforme de blogs. Revue de presse quotidienne sur Twitter depuis 2007.

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Culturomics 2.0, une étonnante étude de l'Université de l'Illinois à Chicago (UIC) tente de prévoir à large échelle des comportements humains en utilisant le ton global positif ou négatif des informations diffusées dans les médias. Cette tentative passe, entre autres, par une cartographie du monde découpé en "civilisations" via une masse d'informations traitées dans la presse papier, dans les médias audiovisuels et sur Internet depuis 30 ans, à l'échelle de la planète entière. Le résultat est surprenant, on y voit que la France aurait, comme le Portugal, plus d'affinités culturelles avec l'Afrique qu'avec l'Europe.

Ce travail de recherche a été réalisé avec le soutien de la National Science foundation en utilisant le super ordinateur Nautilus SGI UV  (équipé de 1024 cœurs processeurs Intel Nehalem EX avec... 4 terabytes de mémoire vive partagée) en s'appuyant sur les ressources du Teragrid qui met en commun les ressources de plusieurs institutions américaines.

L'étude a utilisé le  Foreign Broadcast Information Service (FBIS proche de la CIA — devenu l'Open Source Center) et  le Summary of World Broadcasts (SWB) américano-britanniques qui recensent 32 000 sources. Pour la seule période de janvier 1979 à juillet 2010, le SWB contient 3,9 millions d'articles. L'étude a aussi permis de comparer l'échantillon avec l'intégralité des articles publiés par le New York Times entre le 1er janvier 1945 et le 31 décembre 2005, soit un total de 2,9 milliards de mots.

L'étude souligne qu'au cours des 15 dernières années les informations diffusées sur Internet ont atteint 46% du contenu étudié et recensé par ces systèmes. Certains médias imprimés sont désormais surveillés via leur version en ligne.

Nous avons choisi de souligner un passage particulier de cette étude. Il fait référence à la méthode Louvain d'optimisation de la modularité à partir d'un clusting hiérarchique, la partition issue du SWB divise le monde en six civilisations, qui sont représentées de manière spatiale sur une carte du monde qui donne une vision inhabituelle. Ces civilisations sont aussi basées sur une proximité géographique, et sur des événements qui se déroulent dans un pays et influent ou sont liés à un pays voisin. 

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Sur la carte ci-dessus, on voit que certains pays se retrouvent dans une position d'isolement par rapport à la "civilisation" dont ils font partie. C'est le cas par exemple de l'Espagne, en violet qui est rattachée aux États-Unis et surtout à l'Amérique du Sud en raison de son passé colonial et de sa communauté de langue. On voit donc que l'information traitée en Espagne rattache plus ce pays à la zone Amérique du Sud, qu'à l'Europe.

Autre surprise, on découvre que la Françafrique (dont le concept est plutôt désormais vu comme négatif en matière politique) semble encore exister en matière d'information. Les liens entre la France et la zone qui abrite ses ex-colonies d'Afrique Noire sont forts, au point que comme l'Espagne, la France semble plus liée à l'Afrique si l'on en croit la couleur bleu vert qui lui a été attribuée. le Portugal, est lui aussi de la même couleur très lié à l'Afrique en matière d'information, vu, son passé colonial.

On voit donc, que si nos quotidiens et nos sites d'informations en ligne, Atlantico compris, parlent souvent de la relation franco-allemande face à la crise de zone euro et au risque de défaut de la Grèce, la France n'est pas principalement tournée ou liée à l'Allemagne en matière d'information. ll est ainsi clair, par exemple, que les particularités du système fédéral allemand avec ses landers, échappent à la majorité des Français.

Pour des raisons que la lecture de l'étude n'explique pas on constate que la "civilisation" la plus diverse, en bleu marine foncé comprend aussi bien le Canada, que la Grande Bretagne et la Norvège, ainsi qu'une partie de l'Afrique de l'Égypte au Moyen Orient.  L'Europe s'étend de la Belgique  jusqu'aux confins de l'Oural englobant les pays de l'Est avec l'Italie, la Grèce ou la Turquie.

L'Inde (en rouge) est un continent, pardon une "civilisation" à elle seule, avec quelque-uns de ses voisins, tandis que que la "civilisation" apparaissant en jaune englobe un espace géographiquement cohérent qui va de la Chine à l'Australie en passant par le Japon, la Nouvelle Zélande ou les Philippines.

Même si elle peut paraître obscure à certains d'entre nous, cette étude a le mérite de nous montrer une autre carte du monde que celle que nous connaissons habituellement. Cette cartographie s'appuie sur le flux d'informations quotidiennes dans les différentes langues de chaque pays.

Outre cette représentation spatiale, fouiller dans ces immenses bases de données, via le data mining, pourrait permettre donc, dit l'étude, d'anticiper sur d'éventuels conflits, rivalités ou fractures, en prédisant des comportements humains via le contenu des médias. L'étude évoque par exemple la situation récente de l'Egypte, mais ceci est une autre histoire.

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