Faire payer aux immigrés leur droit d'entrée sur le sol français ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Quel discours durable et en rupture pourrait-on enfin imaginer ?
Quel discours durable et en rupture pourrait-on enfin imaginer ?
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Polémique

L'immigration devrait être l'un des sujets de la campagne présidentielle. Mais alors que la confusion et la stigmatisation règnent souvent sur ces questions, quelles solutions concrètes peuvent être apportées ? Et si l'on s'inspirait de l'exemple russe, surprenant a priori ?

Ludovic Lassauce

Ludovic Lassauce

Ludovic Lassauce est responsable produit marketing global chez un équipementier télécom en charge du Machine-to-Machine (Internet des objets). Il a un diplôme d'ingénieur en télécommunications, ainsi qu'un MBA en économie et finance de l'Université de Chicago- Booth School of Business.

 

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A chaque élection le débat sur l’immigration marque les oppositions entre les différents candidats qui préfèrent entretenir des polémiques nauséabondes plutôt que de trouver des solutions concrètes. Stigmatisation des banlieues, confusion entre la naturalisation et l’immigration de passage, protectionnisme, diabolisation de l’immigré profiteur de notre généreux système, … les politiques – de gauche et de droite – tels des pompiers pyromanes ont fait de ces thèmes leur fond de commerce et un cache misère de l’absence de programme. Jusqu’à présent, aucune politique publique n’a permis d’apporter des solutions qui permettent de faire cesser les polémiques. Alors, quel discours durable et en rupture pourrait-on enfin imaginer ?

L'exemple russe : un nouveau concept en matière d’immigration

L’exemple Russe en matière d’immigration est original, car le pays connaît les mêmes problématiques que les autres pays développés : faible natalité et afflux d’immigration du sud. Le « propiska » hérité de l’ère Soviétique et libéralisé dans les années 1990, demande un droit d’enregistrement aux étrangers suivant leur lieu de résidence, leur pays d’origine, et leur niveau d’éducation. L’objectif est de lutter efficacement contre l’immigration clandestine et la corruption, tout en garantissant un accueil aux immigrants. Certaines villes très attractives comme Moscou faisait ainsi payer des droits exorbitants jusqu’à ce que le gouvernement fédéral déclare le principe anticonstitutionnel.

Si le système russe de droit d’enregistrement reste encore très perfectible, malgré les simplifications apportées en janvier 2007 (Loi fédérale No. 109-FZ), l’idée de faire payer un droit d’immigration est une théorie défendue par l’économiste et prix Nobel Gary Becker. Le discours protectionniste traditionnel caricature l’étranger comme un parasite venu pour pour profiter de notre généreux système d’aides sociales. La proposition de faire payer à toute personne immigrant un droit d’entrée sur le territoire ferait taire les médisances et permettrait de générer des recettes fiscales.

Gary Becker avance le chiffre de 50 milliards de dollars pour les États-Unis, permettant de contribuer d’une part à la lutte contre l’immigration clandestine ou le terrorisme, et d’autre part au coût de l’immigration pour notre système social. Ce droit d’entrée pourrait être modulable en fonction de plusieurs critères comme l’origine, le niveau d’éducation, ou bien le type de permis requis. La renonciation à certains bénéfices de l’État providence (comme les allocations familiales) pourrait aussi réduire ce droit d’entrée. Reste ensuite à mettre en place une administration plutôt légère pour délivrer les permis, car cette bureaucratie induit un coût significatif pour toutes les parties. La légalisation de facto de la situation permettrait de lutter contre les réseaux mafieux plus activement : l’immigrant préférant s’acquitter de son droit d’entrée plutôt que de verser 15 000 euros à un passeur qui ne lui garantit rien d’autre que des problèmes. L’étranger aurait une garantie de retour sur son investissement. L’immigration serait perçue comme un gain financier positif dès l’arrivée sur le territoire. Bref, un risque zéro pour notre société.

Le repli n’est pas la solution

Si nous mettons en place une politique, comme cela a été proposé, pour rendre difficile l’accès à nos universités à des étudiants étrangers, un jour, ce sont les français qui paieront plein pot le financement des universités, c’est la culture française qui ne s’exportera plus, c’est le tourisme français qui verra ses revenus diminuer, et au final c’est toute la société française qui paiera le prix fort de cette démagogie politicienne. Il est donc essentiel pour notre survie que nous dépassions le sophisme populiste et mettions en place un système qui nous permette de valoriser vraiment les bienfaits de l’immigration tout en en gérant la complexité et les effets collatéraux.

Au final, de quoi a le plus peur l’homme politique, d’une nouvelle vague d’immigration dans un pays qui attire de moins en moins, ou bien d’un 21 avril 2002 ?

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