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Immigration au Royaume-Uni en chute depuis le Brexit : quand la volonté politique agit sur les flux migratoires
©Reuters

Route barrée

L'adoption du Brexit a été un signal fort envoyé à l'Europe. Les Britanniques ont fait comprendre qu'ils ne voulaient pas de l'Europe telle qu'elle fonctionne. Ce climat de défiance a pu être être adressé aux migrants également. Le nombre de personnes entrées sur le territoire en 2016 a reculé de près de 80 000 personnes par rapport à 2015.

Philippe Moreau Defarges

Philippe Moreau Defarges

Philippe Moreau Defarges est professeur à l'Institut d'études politiques de Paris. Spécialiste des questions internationales et de géopolitique, il est l'auteur de très nombreux livres dont Introduction à la géopolitique (Points, 2009) ou 25 Questions décisives : la guerre et la paix (Armand Colin, 2009).

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Atlantico : Le bureau des statistiques nationales britannique a publié des chiffres sur l'immigration au Royaume-Uni. En 2016, l'immigration nette enregistrée était de 248.000 personnes qui sont entrées au Royaume-Uni. Cela représente une baisse de 84 000 personnes par rapport à l'année 2015. Est-ce que pour parvenir à cette baisse, le signal envoyé aux autres pays par le Brexit a été plus dissuasif que les politiques d'immigration, qui consistent à remettre les contrôles aux frontières par exemple ? 

Philippe Moreau-Defarges : Le Brexit, vote en faveur de la sortie du Royaume Uni de l'Union Européenne est l'un des éléments parmi d'autres qui peuvent permettre de comprendre la baisse de l'arrivée de migrants au Royaume-Uni. De nombreux autres facteurs entrent en jeu comme la situation économique toujours en proie à la crise par exemple. Les migrants sont informés et savent que les britannique ne veulent pas d'eux. La vision politique du Brexit envoie d'autres signaux impactant sur leur arrivée et leur venue. Le rejet des migrants et très fort. C'est un symbole qui résume la situation à l'encontre des migrants entre autre. Le rejet des migrants est très fort là-bas et ceux même si le Brexit n'avait pas été voté. Le Brexit représente une partie émergée des causes qui expliquent que les migrants soient moins nombreux cette année dans le recensement réalisé par le Bureau des Statistiques Nationales. 

Le Brexit est en plus du rejet des migrants, un rejet de l'Europe. Cette baisse s'explique par les incertitudes économiques. J'en parlais précédemment. Les migrants veulent trouver un travail au Royaume-Uni, or, l'économie est encore en crise. La politique intérieure de la Grande-Bretagne au travers des contrôles a changé d'attitude. Elle est beaucoup plus stricte et beaucoup plus restrictive. Le contexte de la société britannique a changé enfin. Il y a encore dix ans, les Britanniques étaient très favorables à la libre circulation des personnes mais les différentes crises, économiques, migratoires ont eu raison de cet enthousiasme d'alors. Il s'agit donc encore une fois d'un tout, un ensemble de raisons qui vont avec le Brexit. Nous avons changé d'époque. Nous sommes entrés dans une époque de fermeture, ou la circulation est davantage restreinte. Le Brexit exprime cette fermeture. La situation est similaire aux Etats-Unis avec le cas du mur à la frontière mexicaine et elle a failli se produire en France. 

Est-ce que la vision politique l'emporte sur l'action dans la lutte contre l'immigration ? 

Les migrants veulent se sortir d'affaire dans les pays où ils vivent. Les migrants savent que le Brexit a été voté. Chacun des migrants, mis à part se considèrent comme des cas à part parce qu'ils avancent le fait qu'ils ont de la famille au Royaume-Uni pour rester. Les migrants issus des pays d'Europe Centrale sont arrivés il y a moins de dix ans. Les zone ou le vote contre le Brexit a été le plus fort sont les zones ou les populations d'Europe Centrale ont progressé le plus fortement durant cette période. Certaines villes se transforment. La nature de certaines populations immigrées transforme les villes ou ils sont résidants. Certaines villes ont une population polonaise, hongroise ou même roumaines prend le dessus sur les villes anglaises classiques. La capacité des migrants à trouver leur place dans la société pose question sur les britanniques. La libre circulation a rendue plus simple les flux migratoires en provenance d'Europe centrale. 

Est-ce qu'on a pu voir ce phénomène se reproduire ailleurs ? Est-ce qu'un cas similaire a pu fonctionner ? 

Les migrants finissent pas intégrer le fait que les européens ne veulent pas d'eux. C'est un fait qui se vérifie en Europe Occidentale avec les mouvements populistes qui jouent sur les peurs et diffusent un climat de scepticisme à leur égard. Les migrants qui sont au sein de l'Union Européenne communiquent intensément avec les migrants qui sont au dehors. Après il faut bien admettre le fait que les migrants venants de la Méditerranée viennent quand même malgré les réticences occidentales. Ils n'ont pas le choix et savent que les conditions de vie ne seront pas pires que celles connues dans leurs pays d'origine. Les motivations des migrants ne sont pas les mêmes quand ils viennent d'Europe Centrale ou d'Afrique et de Lybie et il faut bien les distinguer. 

Après, le Royaume-Uni est une terre assez éloignée par rapport à l'Europe Centrale. Il est beaucoup plus compliqué de venir, beaucoup de pièges, les trafics d'êtres humains, la violence et la faim qui démotivent les candidats à l'immigration.

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