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Des migrants sont évacués et pris en charge par une association à Paris.
Des migrants sont évacués et pris en charge par une association à Paris.
©JACQUES DEMARTHON / AFP

Tribune

Il est urgent de poser les bonnes questions en matière d'immigration afin de proposer les solutions les plus appropriées alors que les migrants affluent le long des frontières européennes.

Institut éthique et politique Montalembert

Institut éthique et politique Montalembert

L’Institut éthique et politique Montalembert est un think tank humaniste et chrétien. L'Institut éthique et politique Montalembert participe au débat.

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Le drame humain que représente l’immigration en provenance de l’Afrique et du Proche et Moyen Orient – pour ce qui concerne l’Europe – déborde largement l’arrivée massive de migrants à ses frontières, comme récemment à celle de la Pologne, qui le rappelle une fois de plus avec violence à notre attention oublieuse, car à ce point saturée d’informations, qu’elle risque d’en perdre toute notion de hiérarchie et de priorité dans les questions. Dans le débat public de ces derniers jours on évoque le concept de grand remplacement mais de quoi s’agit-il ? Ne faut-il pas plutôt s’inquiéter du grand renoncement ?

En effet, il est assez évident que quelle que soit la manière dont on envisage la chose, la question migratoire s’impose comme étant majeure. Le discours du président au parlement européen récemment à Strasbourg avait replacé la question migratoire au cœur du débat politique. Pourtant, c’est une question qui pouvait être anticipée de longue date, et l’a été par les chercheurs sérieux, géographes, démographes ou politologues, mais peu par les responsables politiques. Par ailleurs, l’histoire enseigne que toute période de forte migration est le prélude à des bouleversements sociaux et politiques majeurs, lesquels sont rarement pacifiques. Le propre de notre époque étant l’interconnexion étroite des sociétés, on peut enfin prévoir que les bouleversements en question ne resteront pas localisés. Tous ces aspects de ce drame, qui font encore une fois ressortir l’impéritie des gouvernements européens, contribuent à en faire un enjeu capital pour l’élection présidentielle de 2022 et obligent à en faire une analyse approfondie. C’est pourquoi l’IEPM a décidé de partager sa réflexion sur le sujet.

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Ainsi, LA CATASTROPHE consiste à ne pas regarder la réalité en face en se trompant délibérément d’optique et en ne se concentrant que sur une approche purement quantitative. Nous sommes poussés à « chercher LA solution » sans affronter les questions radicales que le problème porte en lui, notamment la question de notre « humanisme ». Il est donc urgent de poser les bonnes questions afin de proposer les solutions les plus appropriées alors que les migrants s’amassent le long des frontières européennes.

Pourquoi y a-t-il cette incapacité à affronter le problème de l’immigration ?

C’est que l’immigration est un sujet clivant et complexe. En effet, il s’agit à la fois d’un problème international et national.

 International car l’immigré est d’abord un émigrant, un homme qui a quitté son propre pays pour un pays étranger. La question fondamentale est donc : pourquoi a-t-il quitté son pays ? Ne penser qu’à l’immigration sans avoir de réflexion sur l’émigration c’est comme vouloir arrêter une hémorragie avec des compresses quand il faudrait suturer la plaie. Plus encore, cela signifie qu’on ne considère pas l’immigré dans le contexte de son histoire particulière, et que par conséquent on le réduit à une entité abstraite, sur laquelle peuvent converger toutes les compassions ou toutes les haines. Que ce soit un objet de compassion ou de haine, il demeure un objet, quelque chose sur lequel nous projetons nos désirs ou nos peurs et non un sujet, une personne responsable avec laquelle on entre en dialogue.

National aussi car le pays d’accueil à travers sa population autochtone doit légitimement être porté à vouloir sauvegarder son identité à travers sa culture, son patrimoine, sa langue, ses racines religieuses.

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Face à une question difficile, il est normal que l’on ait peur ou que l’on cherche à se soustraire. Mais ici, la peur et l’indifférence ont la même origine : la perte d’identité. La société de marché, et bien avant, la théorie du contrat social, ont réduit l’homme à un individu sans origine, sans histoire, sans culture, c’est-à-dire à un simple consommateur. Dans cette logique, tous les êtres humains sont interchangeables car toute forme d’enracinement est considérée comme un repli sur soi. Par conséquent, quand nous ne sommes plus certains de qui nous sommes, quand nous n’appartenons plus à une tradition solide, soit l’étranger nous inspire de la crainte, parce que nous percevons l’immigration comme une invasion que l’on ne peut arrêter, soit nous ne voyons même plus que c’est un étranger. Nous ne savons pas accueillir parce que nous n’avons rien à offrir. Nous ne sommes pas en mesure de résister à une culture différente parce que nous ne sommes plus sûrs de la nôtre. Et comme nous n’avons pas la certitude d’une valeur, nous craignons d’être perdus dans le nombre. Aujourd’hui, c’est la peur qui prévaut, notamment parce que l’immigration est en grande majorité musulmane. Il y a une forte identité de l’islam dans le monde, alors que la France et l’Europe de Bruxelles n’est même pas capable de reconnaître ses propres racines chrétiennes. Il y a quelques années, un imam extrémiste proclama publiquement : « À travers vos lois démocratiques, nous vous envahirons ; avec nos lois coraniques, nous vous soumettrons ». C’est une prophétie très réaliste : les lois démocratiques ne permettent pas de faire contrepoids à une majorité qui est contre toute démocratie.

La peur du grand remplacement : Une faiblesse culturelle

L’expression « faiblesse culturelle » fournit, semble-t-il, un diagnostic juste. À cause du relativisme et du libéralisme, nous avons troqué une conception substantielle de la démocratie enracinée dans une culture pour un régime politique réduit à l’état de procédure. Cette mutation ne conduit pas à la victoire de la justice, mais à celle de la pression démographique. Ce qui compte c’est la majorité numérique, et cette majorité est souvent manipulée par un petit nombre de personnes capables de la séduire. D’un point de vue purement quantitatif, il se développe en France et en Europe un sentiment d'insécurité culturelle, avec l'arrivée d'une importante immigration musulmane. Certains pensent que la « procédure » peut remplacer la « culture », et que le règne du marché et la technique seront suffisamment attrayants pour demeurer plus forts que l’islam. Mais cela semble totalement illusoire, c’est ainsi que l’islamisation de la société française est devenue une vraie préoccupation.

Une immigration raisonnée   

Le Catéchisme de l’Église catholique déclare au paragraphe 2241 : « Les nations mieux pourvues sont tenues d’accueillir autant que faire se peut l’étranger en quête de la sécurité et des ressources vitales qu’il ne peut trouver dans son pays d’origine ». Mais, après avoir souligné le devoir des plus riches d’accueillir les plus pauvres, le Catéchisme passe au devoir des pauvres eux-mêmes, qui est un devoir de reconnaissance : « L’immigré est tenu de respecter avec reconnaissance le patrimoine matériel et spirituel de son pays d’accueil, d’obéir à ses lois et de contribuer à ses charges ». Cette limitation responsable du devoir d’accueil des pays européens est conditionnée par deux impératifs fondamentaux :

– la nécessité indispensable du développement des pays les plus pauvres ;

– l’engagement responsable des pays les plus puissants à ne pas déstabiliser certains Etats au nom de la supposée morale des droits de l’homme. La Lybie est un exemple accablant de cet interventionnisme désordonné conduisant le pays à l’anarchie et à la prise de contrôle du pays par des clans et des djihadistes provoquant un exode massif de population. 

Même pour les étrangers installés régulièrement sur notre territoire national, il faudra mettre un terme au reniement de notre patrimoine matériel et spirituel.

La manière la plus raisonnable de répondre à la provocation de l’histoire est celle qui est la plus conforme à la foi. Une saine hospitalité est liée à une authentique capacité d’accueillir. En résumé, après la chute des progressismes et de leurs pseudo espérances totalitaires, la France et l’Europe doivent retrouver la véritable espérance inspirée du christianisme, qui a suscité l’élan à l’origine de son aventure. On comprend qu’il ne s’agit pas de spiritualisme, mais bien de choses très concrètes. Sans espérance, sans cette culture de la vie que le christianisme porte en lui, la France et Europe sont condamnées à dépérir.

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