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Ils étaient Allemands contre Hitler : comment Einstein a combattu le nazisme
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Bonnes feuilles

Cet ouvrage décrit l'ensemble du mouvement hostile au national-socialisme avec ses motivations, ses innombrables sacrifices, son étendue à toute la société allemande et ses incroyables souffrances. Les résistants allemands ont payé par leur sang la honte suscitée par la folie d'Hitler et celle de l'avoir amené au pouvoir. Ce livre rappelle aussi que la résistance a été à l'origine des réformes ayant permis d'instaurer la démocratie qui honore l'Allemagne contemporaine. Extrait de "Ils étaient Allemands contre Hitler", de Philippe Meyer, publié publié chez l'Âge d'Homme (2/2).

Philippe  Meyer

Philippe Meyer

Philippe Meyer est professeur émérite à l'hôpital Necker de Paris et à l'hôpital de la Charité-Humbolt de Berlin, correspondant de l'Académie des sciences. Il est aussi historien. Il est notamment l'auteur de "Une histoire de Berlin" (Perrin 2014), "L'or du Rhin, histoire d'un fleuve (Perrin 2011), Histoire de l'Alsace (Perrin, 2008), et "L'homme et le sel" (Fayard, 1982).

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Einstein a résisté énergiquement au verbiage de Lenard et aux pourfendeurs antisémites, qui trouvaient là l’occasion de faire chuter l’éminent physicien du piédestal de la relativité où l’avait installé une complicité construite, selon les procureurs hitlériens, sur une habile solidarité de ses compagnons de race. Il a du se battre aussi contre une assemblée hétéroclite associant des scientifiques du monde occidental qui ne comprenaient pas la relativité, le FBI et son directeur Henry Ford, et la digne « société allemande des scientifiques et des médecins », tous partisans d’une science aryenne et forte d’une centaine d’esprits distingués voulant la perte du scientifique juif.

Après 1933, Einstein a du faire face à des partisans déclarés du système nazi, le physicien allemand Johannes Stark et le mathématicien Theodor Vahlen qui, selon leur propre expression, considéraient Einstein comme un « exemple frappant de l’influence néfaste de la recherche juive dans le domaine des sciences ». Le prix Nobel d’Einstein, attribué en 1922, a évidemment joué en sa faveur bien que récompensant sa contribution à la recherche sur l’effet photoélectrique sans citer celle traitant de la relativité. Le soutien des hommes de science les plus illustres d’Allemagne, juifs pour la plupart, les Werner Heisenberg, Max von Laue,Otto Hahn, Max Planck et autre Max Born, tous hostiles au national-socialisme et honorés de la même récompense prestigieuse, a considérablement gêné ceux qui mettaient en doute son oeuvre. Johannes Stark a cependant poursuivi ses attaques publiques lorsqu’il a occupé les plus hautes fonctions de la recherche allemande sous le régime nazi en rédigeant un livre stigmatisant l’opposition entre la physique allemande et la physique juive.

En 1940, la réunion au sommet de la communauté scientifique qui s’est tenue le 15 novembre 1940 à Munich a enfin admis que « la théorie de la relativité appartient aux ressources de la physique », mais elle n’en a rien dit de plus, de manière à éviter tout éclat : le national-socialisme avait réussi à contaminer quelques domaines scientifiques comme il avait réussi à imprégner d’autres chapitres de la vie intellectuelle. Einstein a dû se battre quotidiennement pendant une quinzaine d’années pour redonner leur véritable signification non seulement à ses propres travaux, mais aussi à toute la science. L’indépendance de la science par rapport à la politique n’a toutefois été définitivement acquise que lorsque la théorie de la relativité a reçu une confirmation expérimentale. Einstein mérite donc une place particulière dans l’histoire de la résistance. Il a su répondre avec force aux scientifiques incrédules et à ses opposants nazis avec une foi inaltérable comme à tous ceux qui lui reprochaient de ne pas avoir respecté l’orthodoxie aryenne dans 239 ses recherches. Einstein a inauguré l’éthique de la science en n’acceptant pas que cette discipline soit confisquée par des causes qui lui soient étrangères.

Extrait de "Ils étaient Allemands contre Hitler", de Philippe Meyer, publié chez l'Age d'Homme, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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