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Hémorragie de main d’oeuvre et fuite des cerveaux : le top 5 des pays européens qui ont perdu la plus grande part de population après 2008
©GABRIEL BOUYS / AFP

Le grand déménagement

Si la question migratoire est devenue centrale des politiques européennes, la question de l'émigration intra-européenne, notamment en provenance des pays les plus durement touchés par la crise, reste peu abordée

Jacques Barou

Jacques Barou

Jacques Barou est Docteur en anthropologie et chargé de recherche CNRS. Il enseigne à l’université de Grenoble les politiques d’immigration et d’intégration en Europe. Son dernier ouvrage est La Planète des migrants : Circulations migratoires et constitution de diasporas à l’aube du XXIe siècle (éditions PUG).

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Atlantico : Comment estimer les flux de départ en provenance de ces pays, de l'Italie, de l'Espagne, du Portugal, ou de la Grèce au cours de ces dernières années ? 

Jacques Barrou : Il y a eu des travaux sur l'émigration depuis les pays les plus touchés par la crise commencée en 2008. Ce sont essentiellement les pays du sud : Grèce, Espagne, Italie, Portugal. Il faut y ajouter  l'Irlande. Selon l'OCDE, les flux migratoires depuis ces pays ont considérablement augmenté de 2011 à 2017 avant de commencer à diminuer. Au Portugal, on a dépassé avec 10000 départs par mois en 2012 le rythme des départs des années 1960. Au total 500000 Portugais ont quitté ce pays de dix millions d'habitants. En Irlande on est passé de 70000 départs par an en 2011 à 90000 en 2016. Ces cinq pays ont une vieille tradition d'émigration et le réflexe des personnes touchées par la crise a été de chercher à l'étranger une solution à leurs maux. Mais les gouvernements ont aussi encouragé les départs afin d'éviter une trop forte pression sociale.

Quelles sont les populations les plus touchées par ces départs ? 

Les jeunes ont été les plus nombreux à partir, qualifiés ou non. Le chômage en Grèce touchait 48% des moins de 25 ans. Mais il y a eu aussi un certain écoeurement des jeunes devant les politiques menées chez eux qui leur semblaient avoir sacrifié leur avenir. Certains jeunes diplômés qui auraient pu trouver tout de même du travail chez eux ont préféré partir pour toutes ces raisons. 

Quelles sont les principales destinations de ces populations ? Peut-on s'attendre à un "retour au pays" dès lors que les conditions économiques se seront réellement améliorées ?

La plupart des départs se sont faits en direction des pays de l'U.E qui étaient les moins touchés par la crise : Allemagne et Royaume Uni qui ont profité avantageusement de cette main d'oeuvre souvent qualifiée et ne pouvant pas se permettre trop d'exigences. On peut estimer selon l'ocde que l'arrivée de cette main d'oeuvre a fait gagner 50 millions d'euros dans le PIB des pays d'accueil. Tous n'ont toutefois pas pu trouver un emploi correspondant à leur qualification. Les retours s'amorcent depuis deux ans mais on peut penser que tous ceux qui sont partis ne reviendront pas. 

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