Hausse des taux contre l’inflation : la BCE au risque du contretemps<!-- --> | Atlantico.fr
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Le siège de la Banque centrale européenne à Francfort-sur-le-Main, le 21 juillet 2022
Le siège de la Banque centrale européenne à Francfort-sur-le-Main, le 21 juillet 2022
©DANIEL ROLAND / AFP

Décision inédite

La Banque centrale européenne a relevé son taux directeur de -0,5 % à 0%, marquant la fin de la période des taux négatifs amorcée en 2014.

François-Xavier Oliveau

François-Xavier Oliveau

François-Xavier Oliveau accompagne les entreprises dans leur transition écologique, à la fois en capital et sur le plan opérationnel. Il vient de publier La crise de l'abondance aux Editions de l'Observatoire. Il y interroge l'invraisemblable paradoxe d'une société plus riche que jamais mais traversée de crises majeures. Après avoir décrit le mécanisme d'innovation et de baisse permanente des prix qui nous donne accès à l'abondance, il propose des solutions concrètes pour maîtriser cette abondance. Son premier essai, Microcapitalisme (PUF, 2017, collection Génération Libre) a obtenu le prix du jury du comité Turgot. Il a enfin publié en avril 2019 une étude avec l'Institut Sapiens sur les impacts entre technologie, prix et monnaie, Pour la Création d'un dividende monétaire.

François-Xavier Oliveau accompagne les entreprises dans leur transition écologique, à la fois en capital et sur le plan opérationnel. Il vient de publier La crise de l'abondance aux Editions de l'Observatoire. Il y interroge l'invraisemblable paradoxe d'une société plus riche que jamais mais traversée de crises majeures. Après avoir décrit le mécanisme d'innovation et de baisse permanente des prix qui nous donne accès à l'abondance, il propose des solutions concrètes pour maîtriser cette abondance. Son premier essai, Microcapitalisme (PUF, 2017, collection Génération Libre) a obtenu le prix du jury du comité Turgot. Il a enfin publié en avril 2019 une étude avec l'Institut Sapiens sur les impacts entre technologie, prix et monnaie, Pour la Création d'un dividende monétaire.

Les opinions exprimées dans ses articles n'engagent que lui.

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Atlantico : La BCE vient d’annoncer un relèvement de ses taux de 0,5, une décision inédite depuis 2011. Comment l’analysez-vous ?

François-Xavier Oliveau : En effet, c’est une décision inédite depuis 2011. On aurait pu l’attendre plus tôt car la tendance inflationniste est établie depuis un certain temps. Cette huasse a probablement été retardée en raison des risques sur les taux souverains et des divergences de taux entre les différents pays de la zone euro. 

La limitation de la masse monétaire par la hausse des taux devrait avoir un effet assez limité sur l’inflation, dont la source est essentiellement liée au déséquilibre entre offre et demande. En revanche, la mesure devrait avoir un effet positif sur le taux de change en soutenant l’euro face au dollar. Ainsi, on limitera les effets de l’inflation importée. La FED ayant démarré ses hausses de taux beaucoup plus tôt, l’euro s’était déprécié et cela jouait sur l’inflation.

Christine Lagarde a-t-elle cédé aux faucons avec cette décision ?

Il est difficile de savoir comment ont fonctionné les dynamiques internes de la BCE. La politique monétaire européenne implique une recherche de consensus entre les pays de la zone euro. Initialement, la BCE envisageait une hausse de 0,25% maintenant et de 0,50% pour septembre. Elle a préféré relever ses taux de 0,5% maintenant. Nous verrons ce qu’elle fera en septembre en fonction de l’évolution des prix. Je ne suis pas sûr qu'elle maintienne une tendance haussière forte. 

Avec une inflation qui n’est pas due à une surchauffe de l’économie, cette hausse de taux ne risque-t-elle pas d’étrangler l’économie ?

C’est surtout une réponse monétaire à une crise qui est avant tout un déséquilibre entre offre et demande. Après la crise de la Covid-19, la demande est repartie très fort avec un taux d’épargne élevé des ménages, alors que l’offre souffrait de chaînes logistiques en berne et de stocks bas.

Or la tendance commence à s’inverser : la consommation est modérée, les stocks sont revenus à leur niveau d’avant crise et les chaînes logistiques sont en voie de normalisation. Depuis un mois et demi, les matières premières (blé, acier, pétrole) sont en forte baisse. Ces baisses vont mettre du temps à se transformer dans l’économie, et elles seront également ralenties par un ajustement des salaires à attendre d’ici à la fin de l’année. Mais le niveau des prix devrait atteindre un point haut d’ici à la fin de l’année. Il est très vraisemblable que les prix descendront de ce point, ce qui devrait logiquement se traduire par une inflation en très forte baisse, voire négative comme ce fut le cas en 2009 et 2015. Je m’attends donc à ce que la sortie des taux négatifs de la BCE ne soit que provisoire.

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