Grosse arnaque à l'huile d'olive : la réglementation européenne sous influence du lobby agro-alimentaire<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Consommation
Des journalistes américains ont dénoncé une fraude massive à l'huile d'olive en Europe.
Des journalistes américains ont dénoncé une fraude massive à l'huile d'olive en Europe.
©Reuters

Des vessies pour des lanternes

Après le scandale de la viande de cheval, vous allez peut-être entendre parler de la fraude italienne à l'huile d'olive…

Périco Légasse

Périco Légasse

Périco Légasse est journaliste et critique gastronomique. Il est aujourd'hui rédacteur en chef de la rubrique "art de vivre" à l'hebdomadaire Marianne.

Voir la bio »

Atlantico : Des journalistes américains ont dénoncé une fraude massive à l'huile d'olive en Europe. Des huiles d'olive produites en Espagne, au Maroc et en Tunisie seraient exportées en Italie où on les couperait avec des huiles bon marché, tout en ajoutant des produits pour réajuster le goût et la couleur. Ces huiles trafiquées seraient ensuite vendues avec les mentions "fabriquées en Italie" et "huiles d'olives extra vierges". Alors info ou intox, de telles pratiques mafieuses ont-elles effectivement cours en Italie ?

Périco Légasse : Ces pratiques sont très anciennes. En effet, ceci avait déjà été dénoncé il y a une quinzaine d'années par des journalistes européens et français dont je faisais partie. Nous avions découvert que certaines huiles dites "italiennes" provenaient en fait d'Andalousie à 100% quand elles n'étaient pas coupées – car l'Italie ne disposait pas suffisamment de cette huile.

Cette fraude classique porte donc à la fois sur la provenance et sur la nature de l'huile. Les consommateurs pour la plupart l'ignorent car ils leur est difficile de déceler au goût les vraies des fausses huiles d'olive extra vierges d'Italie.

Mais depuis 20 ans l'huile d'olive européenne ne cesse de s'améliorer grâce à des règlementations sévères.

A quelle échelle pouvons-nous estimer cette fraude en Europe ?

Cette fraude varie d'une année à l'autre en fonction des récoltes italiennes. Mais nous pouvons parler de 10 à 15% d'huiles frauduleuses italiennes en Europe.

Il existe bien un programme européen de lutte contre la fraude à l'huile d'olive mais il est discret. Cela montre d'ailleurs que le risque existe. Mais l'Europe est-elle efficace ? Si non, pourquoi ? Y a-t-il des lobbys derrière cette faiblesse de l'Europe ?

L'Europe est très efficace en termes de règlementations et de dispositions légales sur la production, la commercialisation et l'exportation des produits européens en général. En revanche, les contrôles ne sont pas efficaces malgré tous les processus de contrôle qui existent. Il y a un problème d'effectif, de rigueur et de volonté politique. Nous en avons eu la preuve avec l'affaire de la viande de cheval.

Il existe de très puissants lobbys d'agro-alimentaires à Bruxelles qui entravent l'efficacité du système. Autrement dit, ils sont si actifs que les mesures de rétorsions ne sont pas effectives malgré que les textes existant.

Le dernier grand scandale concernait la viande de cheval dans des plats surgelés  devant contenir de la viande de bœuf. Comment pouvons-nous être sûrs de ce que nous mangeons aujourd'hui ? Ces scandales à répétition sont-ils à mettre sur le compte de la mondialisation ou existaient-ils déjà dans le passé mais nous n'en avions pas connaissance ?

Ces scandales sont à mettre sur le compte de la Commission européenne,qui malgré le dernier scandale de la viande de cheval, refuse d'exiger la traçabilité des produits transformés. En effet, si les produits frais (comme la viande, le poisson) doivent faire mention de leur provenance (type de viande, abattoir, pays), le produits transformés (comme l'huile d'olive) ne répondent à cette exigence malgré les demandes répétées.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !