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La "gréviculture" ou comment la gauche et la droite ont laissé la France se noyer dans ses propres turpitudes
©REUTERS/Benoit Tessier

Bonnes feuilles

Le gaullisme est devenu un passe-partout. La référence à de Gaulle assure au député de gauche un brevet de réalisme et elle tempère l’image réactionnaire de l’élu de droite. Une figure de l’extrême droite veut adoucir son profil ? Elle revendiquera sa de Gaulle attitude. Au fil des années, ces nouveaux adorateurs de la croix de Lorraine ont institué un véritable fétichisme gaulliste. Et gare à ceux qui contreviennent au culte du Général. Extrait de "L'obsession gaulliste" d'Eric Brunet (Albin Michel) 2/2.

Eric Brunet

Eric Brunet

Eric Brunet est l'auteur de l'Obsession gaulliste aux éditions Albin Michel (2017). Il présente Radio Brunet tous les jours sur RMC de 13 heures à 15 heures

Il a par ailleurs publié Etre de droite, un tabou français (Albin Michel, 2006) et Dans la tête d’un réac (Nil, 2010).

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Certes, la gauche française est coresponsable de ce naufrage. Mais la faute principale incombe sans aucun doute à la droite. En ne réformant pas, en n’imposant pas à la France le logiciel naturel de toutes les droites européennes, Pompidou, Giscard, Chirac et Sarkozy ont laissé la gauche transformer le pays en une grande nurserie administrée où des syndicats, peu représentatifs, détiennent le véritable pouvoir. Coupable d’un tragique laisser-faire, cette droite n’a rien tenté ; aucune cure, aucune diète, aucune véritable austérité. Peu travailleuse, elle laisse Thomas Piketty et les think tanks de gauche théoriser, occuper la sphère médiatique, sans les contredire. Piketty affirme que les inégalités s’accroissent en France et que notre société est plus inégalitaire que jadis. Ce constat n’est pas anodin puisqu’il justifie toute une cohorte de mesures dont l’objet est de réparer cette inégalité croissante. La droite laisse les journaux reprendre cette contre-vérité et rase les murs. Mieux, elle s’autoflagelle sur le thème « nous avons fait des erreurs par le passé ». Il suffirait que cette droite se penche sur les travaux d’Alain Mathieu qui ose contredire la doxa pikettienne avec courage… mais dans le désert : « La richesse des 0,1 % les plus riches a été divisée par près de quatre entre 1914 à 1950 et n’a que très peu changé depuis 1950. Elle est aujourd’hui inférieure à celle de l’Allemagne. »

Alain Mathieu qui ajoute : « Les revenus des pauvres en France ont fortement augmenté de 1960 à 1980 du fait notamment de la croissance des allocations sociales. Finalement, de 1914 à 1980, les inégalités en France n’ont cessé de diminuer. » Alain Mathieu qui démontre aussi que le patrimoine total des 10 % des Français les plus riches n’a jamais été aussi faible qu’aujourd’hui. Quel politique de droite a affirmé sur un plateau de télévision que ce discours sur les inégalités est faux ou biaisé ? Ou que, contrairement au credo répété par Piketty, le PS et nombre de journalistes, les riches Français n’ont jamais été aussi « pauvres » qu’en 2016. La contre-analyse d’Alain Mathieu est essentielle. Elle constitue un changement de paradigme. Alors, pourquoi se priver de l’utiliser dans le débat politique ?

Ces accumulations de laisser-faire et de laisser-dire n’ont pas été sans conséquences. Elles ont permis d’ancrer la culture de gauche dans l’ADN du pays. Et avec elle son corollaire : la « gréviculture ». Car la France est sans contestation possible la championne de la grève (même si de nombreuses officines de gauche prétendent le contraire à longueur d’interviews). L’année dernière, le Wirtschafts und Sozialwissenschaftliches Institut, un think tank proche des syndicats allemands, a calculé sur la période 2005‑2014 le nombre de jours d’absence causés par les grèves. Seize pays riches furent analysés et l’attention fut portée sur le seul secteur privé. Les totaux furent ensuite rapportés à la population active de chaque pays et une moyenne annuelle fut établie. La France arriva très largement en tête avec 139 jours de grève par an pour 1 000 actifs.

Extrait de L'obsession gaulliste d'Eric Brunet, aux Editions Albin Michel

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