Gérald Bronner : « Les origines, ou le mystère de l’identité »<!-- --> | Atlantico.fr
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Professeur à la Sorbonne, Gérald Bronner est l’auteur de nombreux ouvrages dont « La démocratie des crédules ( prix 2013 de la « Revue des Deux-Mondes » et « Apocalypse cognitive » ( prix Aujourd’hui 2021).
Professeur à la Sorbonne, Gérald Bronner est l’auteur de nombreux ouvrages dont « La démocratie des crédules ( prix 2013 de la « Revue des Deux-Mondes » et « Apocalypse cognitive » ( prix Aujourd’hui 2021).
©Céline Nieszawer @ Flammarion

Atlantico Litterati

L’identité est ce mystère que nous interrogeons sans cesse et qu’explore le sociologue Gérald Bronner dans « Les origines, ou pourquoi devient-on qui l’ont est » (Autrement). Un essai ouvrant les portes de la connaissance de soi via ce qui importe dans la fabrication d’un destin. La force mentale du « transclasse » quittant son milieu d’origine pour habiter une autre culture ? Le « dolorisme » valorisant tout récit de soi ? La verbalisation des souvenirs enfouis pour prendre conscience d’un ancien traumatisme ? Qu’est-ce qui compte le plus dans l’accomplissement de soi ? La biologie, ou notre capacité à écrire nos vies telle une autofiction réussie ?

Annick Geille

Annick Geille

Annick GEILLE est journaliste-écrivain et critique littéraire. Elle a publié onze romans et obtenu entre autres le Prix du Premier Roman et le prix Alfred Née de l’académie française (voir Google). Elle fonda et dirigea vingt années durant divers hebdomadaires et mensuels pour le groupe « Hachette- Filipacchi- Media » - tels Playboy-France, Pariscope et « F Magazine, » - mensuel féministe (racheté au groupe Servan-Schreiber par Daniel Filipacchi) qu’Annick Geille baptisa « Femme » et reformula, aux côtés de Robert Doisneau, qui réalisait toutes les photos d'écrivains. Après avoir travaillé trois ans au Figaro- Littéraire aux côtés d’Angelo Rinaldi, de l’Académie Française, AG dirigea "La Sélection des meilleurs livres de la période" pour le « Magazine des Livres », tout en rédigeant chaque mois pendant dix ans une chronique litt. pour le mensuel "Service Littéraire". Annick Geille remet depuis sept ans à Atlantico une chronique vouée à la littérature et à ceux qui la font : « Atlantico-Litterati ».

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Repères

Professeur à la Sorbonne, Gérald Bronner est l’auteur de nombreux ouvrages dont « La démocratie des crédules ( prix 2013 de la « Revue des Deux- Mondes » et « Apocalypse cognitive » ( prix Aujourd’hui 2021)

« Chacun scrute ses origines un peu comme les anciens imaginaient une matrice originelle. Le réponses que nous-trouvons pour nous- mêmes  ne sont pas si dissemblables que celles de nos lointains  ascendants qui inventèrent les mythes

 cosmogoniques. Nous en ressortons parfois étourdis, convaincus d’avoir découvert le fil initial qui expliquerait tout le reste. Et l’instant d’après, nous n’y croyons plus vraiment. De même que le Chaos primordial est inintelligible même si c’est bien de lui que jaillit un monde porteur de sens, le berceau de notre origine demeure incompréhensible et pourtant source inépuisable d’explications. Dès lors que nous cherchons à en savoir plus sur nous-mêmes, nous ne pouvons résister à la tentation de croire que quelques éléments antérieurs nous permettront de résoudre le mystère. Ainsi, nous raisonnons comme si n’étions que de purs systèmes mécaniques dont le présent ne s’explique que par la détermination du passé. Nous cherchons, nous trouvons et jamais ces solutions ne nous satisfont tout à fait pourtant. Alors nous recommençons. Cette quête de Sisyphe, nous la menons parce que quelque chose nous manque dans notre présent. Ce passé nous aurait-il volé quelque chose ? Nos échecs ne sont- ils pas la conséquence aveugle de quelques traumatismes antérieurs ? Le plus souvent, si nous scrutons notre passé, ce n’est pas seulement pour comprendre mais pour demander des comptes. Il y a, nous le pressentons, un mal qui se cache  à l’origine et nous cherchons sans cesse une matrice imaginaire qui puisse répondre  à nos questions et accusations. La tentation est forte dès lors, de se muer en procureur et de mettre en examen  tous le acteurs qui nous ont accompagnés dans notre parcours, au premier chef  desquels les membres de notre famille.

C’est ainsi que le dolorisme devient, nous allons le voir, le cœur narratif de nos origines. »

«Et les choses peuvent aller très loin. Sans que la psychanalyse en soit tenue aveuglément responsable, on peut du moins considérer qu’elle a ouvert les portes au scandale des faux souvenirs. En effet l’un des enjeux de la thérapie analytique est de vous faire prendre conscience, par la verbalisation, d’une réalité enfouie dans votre inconscient. Cette réalité qui, d’après la théorie, est la conséquence d’un traumatisme, est l’une des clefs, si ce n’est de la guérison, du moins d’un récit de vous-même qui vous permettra de ne plus subir- ou moins violemment- les expressions pathologiques de ce trauma enfoui. Mais que faire lorsque les éléments enfouis qui jaillissent lors d’une séance sont si profondément enfouis dans votre inconscient que vous ne vous souvenez plus du tout les avoir vécus quand bien même vous les récitez ? »

« La frustration a parfois des conséquences positives. Elle peut inciter par exemple, les individus à se dépasser  pour réaliser leurs désirs. »

« Que l’on se tourne vers nos origines biologiques ou, au contraire, vers celles qui sont relatives à  notre socialisation primaire,  les figures parentales, nous l’avons vu, occupent une place centrale dans la mythologie de soi. »

« On ne peut pas vraiment vivre, me semble-t-il, sans chercher au moins un peu l’attention des autres et une forme de prestige social. Une fois cet invariant admis, il est loisible d’imaginer mille manières de le satisfaire »

« C’est sans doute le point qui m’a le plus déconcerté dans mon enquête et qui fut la motivation initiale à la mener. Pourquoi ces récits doloristes m’ont-ils  autant irrité ? Pourquoi ne pas accepter cette figure du héros social contemporain, qui est victorieux mais continue à souffrir ? »

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