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Une combinaison d'images des candidats aux élections régionales en Ile-de-France lors de séances photos à Paris (Julien Bayou, Clémentine Autain, Valérie Pécresse, Audrey Pulvar, Jordan Bordella)
Une combinaison d'images des candidats aux élections régionales en Ile-de-France lors de séances photos à Paris (Julien Bayou, Clémentine Autain, Valérie Pécresse, Audrey Pulvar, Jordan Bordella)
©JOEL SAGET / AFP

Tribune

Lors du premier tour des élections régionales en Ile-de-France, la présidente sortante, Valérie Pécresse, est arrivée en tête. Les citoyens se sont néanmoins désintéressés du scrutin. Une partie des électeurs franciliens s’est également tournée vers le Rassemblement National de Jordan Bardella et la liste EELV de Julien Bayou.

Manon Laporte

Manon Laporte

Manon Laporte est avocate fiscaliste, docteure en droit.

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La dernière décennie a souvent entendu les éditorialistes et sondages nous parler d’une « abstention record ». Ce n’est désormais plus une rumeur, c’est un fait. La démocratie est clairement touchée avec près de 70% d’abstention sur ces élections régionales du premier tour. En Seine Saint-Denis, le 20 juin, c’est un taux avoisinant les 20% de participation.

Alors que Valérie Pécresse, présidente sortante arrive en tête avoisinant les 37 % des voix, mieux qu’en 2015, on remarque que sur tous les territoires, les citoyens se sont en majorité désengagés, désintéressés du scrutin.

On retrouve derrière la présidente sortante deux types d’extrêmes. D’abord Jordan Bardella, le candidat RN avec 13,9% qui a trouvé sur les territoires les plus fragilisés un terreau pour imposer ses idées nauséabondes et diviser les populations jouant sur les habituels arguments de son parti : la peur, la haine de l’autre et la nationalisation de tous les débats basée sur des fake news. Juste derrière, c’est Julien Bayou qui arrive à se hisser dans ce scrutin en troisième position avec 13,7% des voix.

Celui qui représente Europe Ecologie Les Verts et une vision extrême de la politique qui impose une façon de penser, manger, rouler, respirer a pu bénéficier là aussi d’un abstentionnisme record.

Le point commun de ces deux candidats : un opportunisme à toute épreuve au service d’une ambition politique qui nourrit des choix extrêmes en cherchant à cloisonner les citoyens, les brouiller et les compartimenter dans des cases bien définies.

Quelle conclusion peut-on tirer de ce premier tour et des résultats franciliens ?

D’abord un constat factuel. Là où Valérie Pécresse a posé des actes et passé des messages forts indiquant d’entrée qu’elle refusait de gouverner la région avec les voix d’un islamo-gauchisme revendiqué notamment par la candidate France Insoumise Clémentine Autain et d’une écologie punitive représentée par EELV, on note une alliance systématique, systémique pourrions-nous même dire de ces candidats notamment face à trois principes fondateurs de notre démocratie : la la laïcité, l’égalité et la sécurité.

En 2017, ils voteront tous deux contre la proposition de la majorité d’une charte de la laïcité et des valeurs de la République qui rappelle que nos principes de droit sont non négociables et que toute association surfant sur un discours communautaire ne peut être soutenue par la Région.

Or, ce principe-là pose un problème à Clémentine Autain avec 26 amendements déposés par le Front de Gauche au conseil régional pour demander la suppression de la charte de la laïcité qui sera votée en 2017 et reprise l’année dernière par le chef de l’Etat.

Refuser la laïcité, c’est refuser notre liberté. C’est aussi nourrir un islamo-gauchisme qui empoisonne notre République et la frappe à chaque fois au coeur de ses valeurs. Sur les territoires les plus fragilisés, et notamment en Seine-Saint-Denis que Madame Autain dit bien connaître, c’est un échec cuisant. C’est là que nos concitoyens attendent qu’on soit ferme et qu’on ramène l’autorité au coeur des quartiers sans aucune complaisance avec l’extrémisme d’où qu’il vienne.

Ramener l’autorité, c’est remettre de la confiance au coeur des quartiers et agir pour que chacun d’entre nous, chaque enfant de la République, puisse trouver sa place en ayant les mêmes armes d’où qu’il vienne. C’est aussi mettre plus de sécurité et de moyens pour répondre à la violence banalisée dans les quartiers et à la sauvagerie même dans certains règlements de compte entre bandes rivales. Le bouclier sécurité proposé par Valérie Pecresse, c’est une réponse à une réalité alarmante.

Là où nos policiers se sentent abandonnés par les pouvoirs publics et la population, on injecte des moyens et des dispositifs qui leur redonnent une dignité et des conditions de travail améliorées. C’est aussi des systèmes de caméras et vidéosurveillance pour plus de sécurité pour les concitoyens et les lycéens qui dans ces zones sensibles doivent être protégés et considérés. Là aussi, sous l’impulsion de Julien Bayou, EELV déposera une motion de rejet en janvier 2016.

Avec un très faible taux de participation au scrutin de dimanche, les habitants de Seine St Denis marquent leur défiance et leur non adhésion au discours des extrêmes et notamment de la France Insoumise. Ce n’est pas une insoumission qu’ils ont voulu exprimer mais une opposition à tous ceux qui les instrumentalisent et font de leurs difficultés quotidiennes un programme électoral qui ne les protège jamais sinon les méprise. Opposer systématiquement les riches aux pauvres, c’est le leit’motiv des insoumis qui par cette ligne politique nous disent que nous ne pouvons pas changer de position et que l’ascenseur social est bloqué, ce qui semble les arranger.

Si on donne à nos jeunes les armes pour réussir, à nos classes moyennes les capacités de s’en sortir, à nos artisans des dispositifs pour survivre, à nos agriculteurs des voix pour s’exprimer, à nos commerçants des moyens en adéquation avec chacune de leur réalité, à nos policiers une dignité, à nos soignants une reconnaissance, à nos lycéens un avenir, alors on donne la possibilité à chaque citoyen actif et républicain de retrouver sa place dans notre société. Et cela, lorsque Valérie Pécresse le porte dans son discours et ses actions, ni la France Insoumise, ni Europe Ecologie les verts ne l’acceptent et ne le soutiennent. Elle est là la réalité du conseil régional depuis l’arrivée de la fondatrice de Libre(s) à sa tête en 2015. Elle a bousculé les préjugés en portant la Seine-Saint-Denis comme une terre de réussite et un vivier de talents avec cette volonté constante de sortir l’Ile-de-France d’un assistanat qui lui aurait été fatal.

Voir autant d’actions sur le terrain, autant de réactivité, autant de dispositifs et de défis relevés n’est pas rassurant pour ceux dont le terreau de l’extrémisme et de l’assistanat représente un champ de voix inépuisable et la garantie de rester visible dans les instances politiques régionales et à travers les medias.

Mais cette course à la popularité mène la région et le pays plus largement vers une confiscation de la voix démocratique.

Et pour le deuxième tour, chacun devra prendre ses responsabilités face à l’abstention record : viser des alliances pour son intérêt personnel ou miser sur la clarté et l’autorité pour une région ambitieuse et au service des franciliens.

Manon Laporte

Avocate, Docteur en Droit, fondatrice Connecting Générations

Francilienne libre et engagée

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