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Le « duel » sur France 2 était leur septième confrontation, et de toute évidence pas la dernière…
Le « duel » sur France 2 était leur septième confrontation, et de toute évidence pas la dernière…
©Thomas SAMSON / POOL / AFP

Duel

Si Gabriel Attal et Jordan Bardella n’ont pas ménagé leurs coups, les téléspectateurs n’ont pas assisté à une lutte finale qui se serait conclue par une mise au tapis de l’un des deux protagonistes, car l’avenir leur appartient.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Le « duel » sur France 2 était leur septième confrontation, et de toute évidence pas la dernière… Si Gabriel Attal et Jordan Bardella n’ont pas ménagé leurs coups, les téléspectateurs n’ont pas assisté à une lutte finale qui se serait conclue par une mise au tapis de l’un des deux protagonistes, car l’avenir leur appartient. L’enjeu-prétendu, était pourtant de taille : pour le Premier Ministre, il s’agissait de « sauver le soldat Hayer », la tête de liste de la majorité qui frôle la zone rouge dans les sondages. Et pour le jeune président du RN, il s’agissait de consolider, voire de conforter l’avance que lui prêtent les sondages pour le scrutin des européennes le 9 juin prochain. Car les deux jeunes hommes politiques aguerris savent qu’un duel télévisé ne suffit pas de renverser une tendance, même si le service après-vente, dans les commentaires et sur les réseaux sociaux prend aujourd’hui toute son importance …Dans le débat Attal-Bardella , la séquence a été accompagnée par un troisième , puis un quatrième homme . Le troisième, c’est Raphael Glucksmann, tête de liste PS ,que les sondages donnent à « touche-touche » avec Valérie Hayer : il n’a cessé de fustiger l’organisation de ce duel dans les jours qui  ont précédé l’évènement . Et il a été aidé par le quatrième, François Xavier Bellamy, tête de liste LR, invité en deuxième partie de l’émission, qui a littéralement cassé la baraque en interpelant la présentatrice Caroline Roux : « Qu’est-ce qui vous permet de les avoir invités, eux?Est-ce que ce sont les sondages…». Embarras sur le plateau. Résultat : la séquence Bellamy a été twittée et retwittée… des centaines de milliers de fois et ce vendredi matin on a appris que Raphael Glucksmann bénéficiera d’une interview en prime-time sur la chaine publique …

L’ « after » fera-t-il oublier la séquence proprement dite  ? Non, car la confrontation Attal-Bardella s’inscrira dans le récit politique des deux hommes. Jordan Bardella capitalise les intentions de vote sur le rejet de la politique d’Emmanuel Macron ; Gabriel Attal met lui l’accent sur les changements de pied du RN sur l’ Europe, notamment sur l’euro . Jordan Bardella  a tenté d’enfermer Gabriel Attal dans le débat hexagonal, notamment à propos du revirement présidentiel sur le nucléaire  et le prix de l’électricité .Moment quelque peu embarrassant pour le premier Ministre. Il  a pris l’avantage à propos de la préférence nationale : revendiquée par Jordan Bardella au nom de la protection entreprises françaises ;  rejetée, -démonstration à l’appui, par Gabriel Attal, au nom des mêmes 150.000 entreprises exportatrices qui se verraient  ainsi privées de marchés extérieurs et seraient obligées de supprimer des emplois … Quant à «  l’invasion » du marché par les  voitures électriques chinoises dénoncée par Jordan Bardella , Gabriel Attal réplique avec l’implantation de giga-usines de batteries électriques dans le Nord qui permettront d’augmenter la production de voitures électriques françaises..

Question sensible entre toutes, l’immigration.« Vous avez pulvérisé un à un les records d’immigration légale. Vous avez le record européen de faiblesse, avec des conséquences très concrètes sur la vie des Français», lance Bardella. Réplique d’Attal : . « On ne sera jamais d’accord sur l’immigration. C’est une fierté de ne pas être d’accord avec vous sur ce sujet-là. On a le sentiment, en vous écoutant, que derrière chaque étranger, chaque immigré, il y a un délinquant ou un terroriste en puissance, je trouve (ça) révoltant ». Il appuie en expliquant que le concept de « double frontière « prôné par le RN est irréalisable , et citant  l’exemple de la première ministre d’Italie, Giorgia Meloni qui a fini par accorder 450.000 titres de séjours à des immigrés alors qu’elle fustigeait l’immigration lorsqu’elle était dans l’opposition. Pas sûr que cela suffise à convaincre ceux qui s’apprêtent à déposer un bulletin Bardella dans l’urne à cause de l’immigration jugée massive en France .

Moment délicat pour le candidat RN , les relations avec la Russie et Vladimir Poutine : « on a tous été un peu naïfs », tente Jordan Bardella .  « Ils vous ont financé, vous avez un contrat moral avec eux » rétorque Gabriel Attal qui rappelle que le RN n’a pas voté la résolution au Parlement Européen condamnant le traitement inhumain subi par Alexeï Navalny …Et d’appuyer : « Votre programme c'est un banco. Il y a plein de promesses, mais quand on gratte, il n'y a rien derrière ».

A l’issue du débat, Gabriel Attal est allé rejoindre l’équipe de campagne à son QG ; Valérie Hayer a salué le brio d’ « un grand premier Ministre » . De son coté Marine Le Pen a félicité Jordan Bardella qui a « été à la hauteur ». Une manière de marquer son ascendant sur le jeune président de parti et de rappeler «  la candidate de 2027, c’est moi », alors que certains commentateurs voient dans l’affiche Attal-Bardella, une préfiguration de  la campagne de 2027. Mais en politique rien ne passe jamais comme prévu.. Les européennes, c’est dans deux semaines …

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