Frédéric Valletoux, un nouveau ministre de la Santé tellement hospitalo-centré<!-- --> | Atlantico.fr
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Frédéric Valletoux, député Horizons, vient d’être nommé ministre délégué chargé de la Santé.
Frédéric Valletoux, député Horizons, vient d’être nommé ministre délégué chargé de la Santé.
©Bertrand GUAY / AFP

Un passif inquiétant

Aux yeux du Docteur Jérôme Marty, patron de l'UFML-S, le nouveau ministre délégué en charge de la Santé, n’a en outre pas un très bon bilan à la tête de la Fédération hospitalière de France.

Jérôme Marty

Jérôme Marty

Président de l'Union française pour une médecine libre, Jérôme Marty, est médecin généraliste et gériatre à Fronton, près de Toulouse.

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Atlantico : Frédéric Valletoux, député Horizons, vient d’être nommé ministre délégué chargé de la Santé. Quel signal est envoyé via cette nomination ?

Jérôme Marty : Il n’est pas possible de faire de mauvais procès et de critiquer déjà Frédéric Valletoux. Il vient d’être nommé et va commencer à exercer son mandat. Mais pour autant, il est important de se pencher sur ses missions antérieures. Frédéric Valletoux a été pendant dix ans à la tête de la Fédération hospitalière de France. Cela veut dire qu'il a dirigé les hôpitaux publics. Est-ce que pendant ces dix ans, les hôpitaux publics se sont améliorés ? La crise de l'hôpital a-t-elle disparu ? Force est de constater que non, l'hôpital n'a jamais été aussi mal. Le bilan de Frédéric Valletoux à la tête de la FHF n'est pas bon. A la fin de son mandat, il a fait une loi Valletoux qui, dans sa première mouture, a réussi le tour de force de faire descendre tous les médecins dans la rue, ce qui était historique et ce qui ne s'était pas vu depuis des années. Cette loi a été retoquée par le Sénat. Cette loi est modifiable par décret et les décrets seront sur le bureau du ministre. Il n’est pas fou de penser que Frédéric Valletoux pourrait  réintégrer dans sa loi tout ce qui a été enlevé. Pour autant, il ne faut pas faire de mauvais procès, il vient juste d’être nommé. Sur une liste de prétendants pour les médecins libéraux, Frédéric Valletoux était en dernière position.

Est-ce que cette nomination n'apparaît pas comme très hospitalo-centrée ? Est-ce une bonne nouvelle pour l'hôpital de manière générale ?

Je ne crois pas que ce soit une bonne nouvelle, ni pour l'hôpital, ni pour la ville. Ça serait une bonne nouvelle pour l'hôpital si à la tête de la Fédération hospitalière de France il avait amélioré l'état de l'hôpital. Sur la période de dix ans où il a été en poste, 80.000 lits ont été fermés.

Aujourd'hui, il y a 30 % de postes vacants de praticiens hospitaliers, il manque 30 % de praticiens hospitaliers. Les hôpitaux périphériques ne tiennent que grâce aux médecins qui ont des diplômes hors de l’Union européenne. Heureusement qu'ils sont là. Dans certains établissements et hôpitaux périphériques, il y a 90 % à 100 % de médecins étrangers. Tel est le bilan de Frédéric Valletoux à la tête de la FHF. L'espérance de vie professionnelle d'une infirmière est de huit ans à l'hôpital public. Au bout de huit ans, elle quitte la profession. La situation est donc gravissime. Il était à la tête de la FHF, il n'y avait pas de poste plus haut.

Que faut-il penser de la loi Valletoux sur l'accès aux soins ? Était-ce une bonne mesure ?

Elle a été remaniée par le Sénat. Elle risque d'être maintenant remaniée par le ministre. Elle n’a pas réellement fait changer la situation. Il n’y a pas eu d'application réelle de la loi. Il était question d'obliger à participer à une CPTS (communauté professionnelle territoriale de santé), de réorganiser les gardes, le service d'accès aux soins. Cela ressemble malheureusement à du bricolage alors que le système hospitalier est à terre. 

Ces mesures et ces propositions ne sont pas à la hauteur des enjeux et des défis réels. 

Des négociations conventionnelles ont été menées pour obtenir 30 € d'augmentation dans les rémunérations. Mais le calendrier de la mise en place est soumis à discussion. Le flou persiste. Le forfait patientèle pour les médecins traitants, pour les généralistes ne dispose pas encore des modèles mathématiques. Ils devraient être prêts en 2025 ou 2026. Rien n’est fait pour les spécialistes. Il y a seulement des effets d'annonce mais pas de mesures concrètes et de solutions dans la réalité. 

Ce gouvernement n'a pas saisi l'importance de l'investissement qu'il faut faire pour la médecine de France, tant hospitalière que pour la médecine de ville. On espère sincèrement qu'ils vont s'en saisir avec la nomination de Frédéric Valletoux, mais pour l'instant, tous les exemples ont démontré qu’ils ne vont pas dans ce sens.

Est-ce que la nomination de Frédéric Valletoux ne va-t-elle pas permettre de tourner la page de la crise politique au sein de la majorité suite à la démission d’Aurélien Rousseau, qui était parti suite à un désaccord sur la loi immigration. Est-ce que le ministère de la Santé sera enfin pleinement focalisé sur les enjeux liés aux hôpitaux et à la médecine ? 

Frédéric Valletoux voulait absolument ce poste. Le problème est que vouloir n'est pas savoir. Un ministre devrait savoir et fixer un cap plutôt que de s’attacher à un poste. 

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