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François Hollande lit trop Sun Tzu
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Le silence est d'or

François Hollande semble bien effacé depuis qu'il est le candidat élu du Parti socialiste. Suivrait-il les préceptes du penseur chinois Sun Tzu en concevant ainsi une stratégie politique de l'évitement ?

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

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Où est passé François Hollande ? Depuis qu’il est devenu le candidat élu du Parti socialiste, l’homme de Tulle semble effacé, comme en retrait. Une attitude qui suscite bien des interrogations. Aurait-il les jambes qui flageolent au moment d’entrer dans l’arène ? Use-t-il de la tactique dite de l’évitement qui s’est révélée gagnante en Espagne pour le leader de droite, Mariano Rajoy, vainqueur presque sans combattre d’un Zapatero très affaibli ? Fourbit-il ses armes en secret pour surprendre ses adversaires en 2012 ? A moins qu’il ne se disperse, cerné par ses lieutenants qu’on dit en concurrence, voire en conflit ?

Après quelques entretiens fructueux avec des membres de son équipe – des officiels et quelques conseillers officieux – je crois pouvoir ici lever un coin du voile. La tactique de l’évitement ? "Oui et non, confie un collaborateur du candidat socialiste. Certes, le rejet de Nicolas Sarkozy est très important dans l’opinion. Mais il n’est pas suffisant. Nous n’oublions pas qu’en 2002, on pensait que Chirac 'supermenteur' était condamné à la défaite. Ca a très mal fini pour nous. On ne peut pas transposer en France la situation espagnole. Une législative n’est pas une présidentielle où la dimension personnelle est cruciale". Analyse que confirme un visiteur du soir du QG hollandais. "Jusque là, ça se passe bien mais la campagne n’a pas démarré. Il va falloir bientôt s’agiter".

Selon son entourage, François Hollande estime qu’en février, après la perte annoncée du AAA, la campagne sera vidée de toute promesse tant la situation économique du pays se sera dégradée.  "Il n’y aura plus aucune marge de manœuvre", confie l’un de ses proches pour qui "les Français ne se détermineront pas en fonction des programmes et des propositions, mais des personnalités". C’est donc, en réalité, à sa stature présidentielle que le candidat socialiste essaye discrètement de travailler pendant cette étrange fin d’année 2011.

Manuel Valls, qui pilote sa communication, épaulé par l’agence BDDP & fils, joue dans cette optique un rôle de plus en plus important. Ce qui n’est pas sans susciter quelques jalousies. Les amis historiques de "François" comme Stéphane Le Foll ou Faouzi Lamdaoui vivent notoirement mal la montée en puissance du député-maire d’Evry. En revanche, "contrairement à ce qu’on dit dans la presse, il n’y a aucun problème avec le directeur de campagne" confie un collaborateur de Valls. Il est vrai que les deux hommes ne sont pas concurrents : si Pierre Moscovici brigue Matignon, son flamboyant cadet se contenterait volontiers du ministère de l’Intérieur en cas de victoire de la gauche. "Le vrai rival de Mosco, c’est Jean-Marc Ayrault", estime un fin "solferinologue" qui verrait bien le président du groupe PS à l’Assemblée s’installer à Matignon en mai 2012.

Mais foin de toutes ces conjectures. Alors que Nicolas Sarkozy est déjà en campagne, que Marine Le Pen consolide sa position et que François Bayrou grignote des parts de marché, François Hollande cogite. S’appliquant – imprudemment ? – la fameuse maxime de Sun Tzu : le bon général a gagné la bataille avant de l’engager.

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