François Hollande, la brutalité tranquille ?<!-- --> | Atlantico.fr
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La volonté proclamée du respect de tous, le souci d’éviter toute phrase qui heurte et un physique souriant ont conféré à F.Hollande une image de rassembleur.
La volonté proclamée du respect de tous, le souci d’éviter toute phrase qui heurte et un physique souriant ont conféré à F.Hollande une image de rassembleur.
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Le poids des mots, le choc des idées

Euthanasie, droit de vote des étrangers, mariage homosexuel : trois enjeux qui inquiètent profondément les signataires de cette tribune. Des hauts fonctionnaires, membres du Comité pour la confiance.

Louis  Rouvroy

Louis Rouvroy

Haut fonctionnaire pour le compte du Collectif pour la confiance, think tank laïc mais d'inspiration chrétienne et ayant réuni des dirigeants privés et publics.

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Ainsi donc, la cause est entendue.
Cette campagne aura opposé deux candidats représentant, l’un la confrontation, l’autre le rassemblement.

Du Fouquet’s au « vrai travail », en passant par le discours de Grenoble, les exemples ressassés quotidiennement auront collé à N. Sarkozy l’image de celui qui oppose les Français les uns aux autres.

A contrario, la volonté proclamée du respect de tous, le souci d’éviter toute phrase qui heurte et un physique souriant ont conféré à F.Hollande une image de rassembleur.

Et si la vérité n’était pas là ? Et si le vrai brutal, celui qui veut provoquer des ruptures profondes pour notre société n’était pas N. Sarkozy mais F. Hollande ?

Allons au-delà de la sympathique image « d’homme normal » et regardons la réalité des programmes.  Trois réformes majeurs vont bouleverser notre modèle républicain, les structures de notre société et notre conception de l’Homme si F. Hollande est élu.

I-  « Tu ne tueras point ». Sur cette règle, cahin-caha, notre société s’est fondée. Son origine religieuse est aujourd’hui oubliée : point n’est besoin de se réclamer des dix commandements pour trouver que la vie d’autrui est sacrée.

F. Hollande veut légaliser l’euthanasie, au nom de l’humanité voire par amour ou du respect de la volonté de personnes en souffrance extrême. Mais sur un sujet aussi douloureux, pourquoi agir si brutalement ? Pourquoi une loi à la va-vite, alors même que la loi Leonetti, fruit de longs mois de concertation a permis de faire évoluer le droit de façon consensuelle? S’il s’agit de « droit à mourir dans la dignité » (nom politiquement correct de l’euthanasie dans le projet de F.Hollande) pourquoi ne pas s’engager plus simplement (ce serait un engagement lourd et important) à accroître les moyens accordés aux unités de soins palliatifs qui font un travail remarquable de dévouement et de réponse concrète à la douleur des patients et de leurs familles?

Attention : l’interdiction du meurtre est un tabou fondamental de nos sociétés. Le supprimer, fût-ce au nom des bons sentiments est une rupture d’une brutalité inouïe.

II-  Toujours dans les règles de base de notre pacte républicain : le droit de vote des étrangers non communautaires aux élections locales.

Quoi de plus naturel et rassembleur nous dit F.Hollande : quand on paie des impôts, on a bien le droit d’élire ceux qui les votent. D’ailleurs, c’est une mesure d’équité puisque les ressortissants de l’Union européenne ont déjà ce droit. Sur ce point, le candidat « rassembleur » oublie qu’il y a réciprocité entre Etats européens, que la construction européenne est un acquis unique au monde et que c’est en son nom que les citoyens européens  respectent des règles communes.

Surtout, pourquoi s’arrêter aux élections locales? Les étrangers ne paient-ils pas de TVA  ou d’impôt sur le revenu, impôts décidés par les députés, sénateurs, à l’instigation du président de la République et du gouvernement?

En fait, les révolutionnaires de 1789 ont lancé un mouvement, achevé en 1946 par le général De Gaulle avec le droit de vote des femmes, qui a fait de tout citoyen français le maître de son destin par le bulletin de vote. Le droit à élire ses représentants, locaux ou nationaux, est indissolublement lié à la citoyenneté.

Attention : la citoyenneté est un bien fragile, soumis aux rudes vents de la mondialisation. En affaiblir un aspect essentiel, fût-ce au nom des bons sentiments, est une rupture d’une brutalité aventureuse.

III- « Ils s ‘aiment, pourquoi ne pourraient-ils pas se marier comme tout le monde? ». Voilà, en substance, l’argument qui conduit F. Hollande à s’engager pour le mariage homosexuel.

Lors de la création du PACS, présenté alors comme le point d’aboutissement des réformes en la matière, les régimes fiscaux des couples homo et hétérosexuels ont été alignés. Avec le mariage homosexuel, on passe à une rupture plus brutale, à un double titre.

Si l’Etat n’a pas à se mêler des préférences amoureuses ou sexuelles des individus, le fait de conférer à ce titre les mêmes droits et obligations à des couples homo et hétérosexuels est plus discutable car, à ce compte là, pourquoi interdire l’andro et la polygamie. Il s’agit là de modes de vie certes interdits en droit français mais non moins respectables que la monogamie, fût-elle homosexuelle. Et au nom de l’ égalité, pourquoi les interdire ?

En outre, la légalisation du mariage homosexuel bouleversera le droit de la famille et de la filiation tels qu’ils résultent de règles parfois pluriséculaires, avec, par exemple l’abrogation de l’interdiction des mères porteuses, le bouleversement des règles sur la procréation médicalement assistée ou du régime de l’adoption.

Attention : la famille est la structure de base de notre société. Brutaliser le droit qui la régit, fût-ce au nom des bons sentiments,  provoquera des ondes de choc de très lourde portée.

Ces quelques exemples le montrent : F. Hollande, loin de la sympathique image du rassembleur, est un candidat au programme d’une brutalité extrême pour notre société.

Les règles qu’il veut détruire fondent notre pacte social et républicain depuis des siècles. Lui qui est si soucieux du respect des traditions quand il s’agit d’organiser des débats télévisés entre candidats ne pourrait-il se montrer aussi délicat quand il s’attaque à des règles d’or de notre vivre ensemble?

 Louis Rouvroy

Haut fonctionnaire pour le compte du Collectif pour la confiance, think tank laïc mais d'inspiration chrétienne et ayant réuni des dirigeants privés et publics.

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