François Hollande n’a ni l’ambition, ni le courage de voir dans les risques actuels les formidables leviers de développement qu’ils pourraient être<!-- --> | Atlantico.fr
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François Hollande a, pendant ses voeux, promis de lutter contre le chômage.
François Hollande a, pendant ses voeux, promis de lutter contre le chômage.
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L'édito de Jean-Marc Sylvestre

François Hollande s’est engagé à lutter contre le terrorisme et contre le chômage. Il n’a pas le choix. En revanche pas un mot sur les migrants ou le climat qui offrent de formidables opportunités de développement.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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L’allocution présidentielle n’a fait que conforter la stratégie politique de François Hollande. Revendiquer la nécessité de rassembler les Français pour défendre les valeurs de la République, ce qui pour l’opinion publique revient à se défendre contre le terrorisme et contre le chômage.

Contre le terrorisme, il propose une réforme de la constitution qui ne résoudra rien sur le fond.

Contre le chômage, il propose enfin des réformes administratives, bien qu'il n’a jamais pu les mettre en œuvre jusqu’à maintenant. Alors, fait nouveau, il promet de s’attaquer à la question de la formation. Un peu comme en Allemagne où la recette marche, tout jeune sera ou bien à l’école, ou bien au travail, ou bien en formation. Ça suppose simplement de s’attaquer à la forteresse que représente l’appareil de formation préempté jusqu'à maintenant par les partenaires syndicaux. Or François hollande n’a jamais osé s’attaquer aux privilèges de syndicats en matière de gestion des fonds de formation (un trésor de 32 milliards d’euros). On en saura plus vers le 10 janvier mais il faut néanmoins être très prudent par rapport aux promesses présidentielles qui véhiculent des recettes miracles.

Déclarer l’état d’urgence contre le terrorisme et l’état d’urgence contre le chômage correspond aux demandes les plus immédiates de l’opinion. Le président ne pouvait pas faire autrement.

Mais il aurait aussi pu être plus courageux. La demande des Français va bien au-delà des questions de sécurité et de gestion économique. La demande des Français porte sur une vision à moyen terme.

Or il existe des peurs collectives qui paralysent la société française : l’afflux des migrants et le dérèglement climatique. Ces deux questions sont gérées comme des peurs que le Président utilise politiquement pour souligner son action de protection. Et se retrouver seul face au Front national.

L’afflux de migrants qui ne va pas cesser et le dérèglement climatique qu'on ne résoudra pas à coup de réunions de chefs d’Etat ne constituent pas forcément des risques graves pour l’équilibre de la société, mais des opportunités pour la faire évoluer.

Sans reprendre l’exemple de Mme Merkel, la chancelière a contre l’avis de son opinion publique rappelé que les migrants étaient source de richesse et que le dérèglement climatique était un moyen nouveau pour la croissance.

François hollande n’a pas dit un mot. Sur les migrants, il laisse s’installer l’idée que nous sommes menacés par des hordes d’envahisseurs. Sur le climat il continue de réclamer des règlementations punitives.

Le phénomène des migrants ne serait pas un problème si la société était prête à l’accueil et à l’intégration. Le risque climatique serait gérable si la société était prête à dégager des moyens alternatifs.

Les Etats-Unis ne seraient jamais restés la première puissance mondiale sans l’accueil des population migrantes, les Europeens bannis et exclus du vieux continent autrefois, les latinos aujourd hui. La différence c’est qu’aux Etats-Unis, les flux sont gérés, assumés et assimilés.

Les Etats-Unis sont certes le pays qui émet le plus gaz à effets de serre compte tenu de son potentiel économique mais c’est aussi le pays où les entreprises font le plus d’effort pour en limiter l’accroissement. Pour une raison très simple, les contrepouvoirs de consommateurs, d’actionnaires, de salariés ou d’usagers sont équipés pour se battre et faire reculer les pollueurs. Pas besoin de réglementation. La Chine très récalcitrante pour lutter contre les émissions prend le même chemin. Les populations locales, les consommateurs, habitants de Pékin ou de Shanghai qui ne supportent plus les pollutions agissent eux aussi comme des contrepouvoirs.

En France, si on s’en tient aux propos du président, le terrorisme qui semé la panique et le chômage qui distribue la misère peut rendre intelligents nos gouvernants… Mais les migrants ou le réchauffement climatique n'appellent que des mesures coercitives. Combien de catastrophe faudra-t-il pour prendre la mesure du caractère incontournable du phénomène...

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