François Hollande : un rejet ostensible de l'héritage de Nicolas Sarkozy<!-- --> | Atlantico.fr
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François Hollande cherche à se démarquer de Nicolas Sarkozy.
François Hollande cherche à se démarquer de Nicolas Sarkozy.
©Reuters

Bonnes feuilles

François Hollande cherche à être un président normal. Maxime Tandonnet montre que le rejet de "l'hyperprésidence" de son prédécesseur semble s'imposer de manière durable comme un fondement de la politique du président socialiste. Extrait de "Histoire des présidents de la République" (2/2).

Maxime  Tandonnet et Sylvain Saligari

Maxime Tandonnet et Sylvain Saligari

Maxime Tandonnet est un haut fonctionnaire français, qui a été conseiller de Nicolas Sarkozy sur les questions relatives à l’immigration, l’intégration des populations d’origine étrangère, ainsi que les sujets relatifs au ministère de l’Intérieur.

Il commente l'actualité sur son blog personnel.

Sylvain Saligari est avocat au barreau de Paris. Il est spécialisé dans le droit d'asile.

Voir la bio »

Le rejet de « l’hyperprésidence » de Nicolas Sarkozy, au-delà des effets de communication des premiers jours, semble en tout cas s’imposer de manière durable comme un fondement de la politique intérieure de François Hollande. Le président souhaite ainsi restaurer un fonctionnement équilibré des institutions de la Ve République en permettant au Premier ministre de gouverner. Il opte pour la discrétion dans les jours qui précèdent la déclaration de politique générale de ce dernier, le 3 juillet, afin d’éviter de lui faire de l’ombre. « C’est la séquence de Jean-Marc Ayrault, il faut que je l’accepte », déclare-t-il. Conformément à la pratique constitutionnelle, le discours lui a été transmis deux jours auparavant. Le chef de l’État l’a relu plume à la main et corrigé, invitant le chef du gouvernement à insister sur la notion de « confiance ». L’allocution de ce dernier devant les députés manifeste sa parfaite orthodoxie au regard des promesses de la campagne présidentielle, en particulier celle, emblématique, d’autoriser le mariage homosexuel.

Le tandem à la tête de l’exécutif donne en tout cas l’impression d’une parfaite entente : « Ils ne se cherchent pas, ils se sont trouvés depuis longtemps. Il y a une telle confiance en eux qu’il n’y a pas besoin de réglage », constate un conseiller élyséen. La « conférence sociale » qui se tient le 9 juillet en présence de cinq syndicats et trois organisations patronales illustre l’harmonie retrouvée dans le partage des rôles entre les deux pôles de l’exécutif : le chef de l’État ouvre la séance plénière par une allocution dans laquelle il prône la constitutionnalisation du dialogue social, avant de se retirer et de laisser le Premier ministre diriger les travaux. La quête d’un nouvel équilibre à la tête de l’exécutif relève toutefois d’un exercice délicat, comme le souligne François Hollande lui-même : « Au prétexte que je ne me mêle pas de tout, je ne dois pas donner le sentiment que je m’éloigne de tout. »

Le chef de l’État se différencie également de son prédécesseur par son attitude vis-à-vis des corps intermédiaires. Plutôt que de fustiger l’égoïsme et le conservatisme de ces derniers – préfets, juges, ambassadeurs, généraux, syndicats, journalistes –, il affiche son respect envers eux, non par affinité profonde, mais par simple précaution et volonté d’éviter de se faire des ennemis : « Il ne veut pas être critiqué, souligne l’un de ses proches, et il n’ignore pas que les critiques partent toujours plus de la technocratie que de la classe politique. Tenir l’appareil d’État, lui adresser des signes forts de confiance, c’est limiter les risques de fuite. »

François Hollande, tout en rejetant ostensiblement l’héritage sarkozien, donne des signes de fidélité à l’oeuvre des deux précédents chefs de l’État. Il est le premier depuis François Mitterrand à se rendre au festival d’art théâtral d’Avignon. Mais surtout, il

se place dans la lignée du discours du 16 juillet 1995 de Jacques Chirac sur la responsabilité de l’État français dans la rafle du Vél’d’Hiv : le 23 juillet, il prononce une allocution au square des Martyrs-Juifs, sur les lieux mêmes de l’ancien vélodrome, qui va au-delà des propos de l’ancien président sur le plan de la reconnaissance d’une culpabilité nationale : « La vérité, c’est que le crime fut commis en France, par la France. » Hollande nuance toutefois son propos en rendant « hommage à tous ces Français qui ont permis que survivent les trois quarts des juifs de France ».

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Extrait de "Histoire des présidents de la République", Editions Perrin (mars 2013)

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