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François Béharel – Randstad : "En France, on doit aller plus vite et plus fort dans les réformes du marché du travail"
©Randstad

L'interview Atlantico Business

Le CDI intérimaire est officiellement entré en vigueur le 6 mars dernier. Le but, embaucher en contrat à durée indéterminée quelques 20.000 intérimaires afin de stabiliser leur situation. Une initiative soutenue depuis de nombreuses années par François Béharel. Pour le président de Randstad, il s’agit d’un pas de plus vers une flexibilité du travail qui manque cruellement à la France.

François  Béharel

François Béharel

François Béharel est président du groupe Randstad France, membre du Conseil d’Administration du groupe Randstad monde en charge de la France, de la péninsule Ibérique et de l’Amérique du sud. Titulaire d’une licence en économie et management de l’université de Lille, François Béharel débute sa carrière chez Kompass en 1993. En 1999, il rejoint le groupe Vedior en tant que directeur régional dans le Nord de la France. Nommé directeur général en charge du Réseau Vediorbis en 2006, il prend un an plus tard la présidence du groupe. Il négocie par la suite la fusion avec Randstad, dont il prend les rênes en mars 2009.

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Atlantico Business : Depuis le 6 mars, le CDI intérimaire est entré en vigueur. Pour quelles raisons avez-vous soutenu sa création ?

François Béharel : Nous sommes en effet à l’initiative de cette proposition. Nous l’avions appelé de nos vœux il y a trois ans déjà et sommes persuadés que ce contrat constitue une avancée sur le marché du travail français. Malgré l’hétérogénéité des profils intérimaires – certains pratiquant l’intérim par choix –, il nous semblait important d’aller plus loin dans la sécurisation des parcours professionnels. Nous nous sommes donc demandés, alors que l’intérim est l’une des dernières sources de flexibilité, comment améliorer son efficacité ? D’où l’idée d’instaurer un CDI dans l’intérim. Concrètement, nous allons pouvoir embaucher en CDI des intérimaires. Tout le monde a bien compris l’intérêt de stabiliser une partie des salariés du privé en France. Nous sommes, en France, dans l’un des marchés du travail les plus contraints du monde, ce qui nous a bien souvent fait rater de la croissance. L’idée, c’est donc d’avoir des gens formés et disponibles très rapidement pour servir la croissance d’une entreprise. Cette dernière n’aura plus à attendre six mois que son salarié soit pleinement opérationnel.

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Que répondez-vous à ceux qui accusent le CDI intérimaire de créer de la précarité ?

Ce statut est peut-être trop simple pour être compris par tous : la critique ne tient pas en réalité. Le CDI intérimaire, c’est un CDI de droit commun. Le salarié a les mêmes droits, les mêmes devoirs et les mêmes garanties. Ce n’est pas un nouveau contrat ! La profession s’est engagée à embaucher 20.000 contrats d’ici trois ans. On s’engage à faire des embauches en CDI, que peut-on faire de mieux ? Le salarié est en CDI, donc si demain on voulait s’en séparer, cela ferait l’objet des mêmes phases de consultation auprès des instances du personnel. Si l’on ne trouve pas de mission à notre salarié, nous devons quand même le payer. D’où l’idée pour nous de recruter sur des métiers ou sur des qualifications en pénurie afin qu’il puisse avoir du travail toute l’année. Cela dit, le CDI intérimaire permettra aussi de recruter des profils qui correspondent à un besoin récurrent dans un bassin d’emploi. 

Insee et Pôle emploi annonçaient, il y a quelques semaines, une reprise du marché de l’intérim, considéré comme un bon indicateur du marché de l’emploi. Partagez-vous ce constat ?

Pôle emploi a en effet annoncé que l’intérim en janvier 2014 avait progressé de 7,7 % sur un an. Ces chiffres sont faux. Les seuls chiffres qui valent à nos yeux sont ceux de notre profession. Les erreurs d’appréciation viennent du fait que certains organismes comparent les chiffres avec le mois d’avant. Or, compte tenu du caractère cyclique et saisonnier du travail temporaire, il faut comparer un mois donné avec le même mois de l’année précédente. Quand on fait ce calcul, nous ne sommes pas à + 7,7 % mais plutôt à environ - 8 % pour 2013. Cependant, si l’on regarde les chiffres du début d’année, il semblerait que l’on se rapproche d’un début de stabilisation de l’intérim. Maintenant, les entreprises attendent des règles du jeu claires avant d’investir, Il y a encore beaucoup d’incertitudes sur la fiscalité. Donc oui, il y a aura une reprise mais les salariés et les entreprises attendent des règles définitives. Nous ferons face à un petit temps de latence, mais ça repartira.

Vous dirigez également la branche Espagne et Portugal du groupe où, après une grave crise du chômage, la croissance semble repartir. Devons-nous envier leur situation ? 

L’Espagne et le Portugal ont fait face à une conjoncture très tendue avec des PIB très faibles il y a deux ans. Tout cela a été soigné à grand coups de réformes structurelles et de flexibilité. Là-bas, l’intérim est aussi un indicateur avancé de l’économie et je note qu’au Portugal le marché croît de plus de 10 % et en Espagne de 7% à 8 %. On voit donc que leurs économies redémarrent pendant que notre pays semble pris dans une forme d’attentisme. En France, on doit aller plus vite et plus fort dans les réformes. Tout ce que l’on ne veut pas faire, on finira par le mettre en place forcé et contraint. Les bilans des agences de notations et autres organismes pointent du doigt la lourdeur de notre système administratif, le manque de flexibilité du marché du travail et la nécessité de baisser la dépense publique : le constat est clair.

Propos recueillis par Julien Gagliardi

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