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François Baroin, le favori des cadres LR et des médias plutôt que celui des militants et des Français ?
©Thomas SAMSON / AFP

Cap au centre

Aux yeux de nombre de personnalités de la droite, François Baroin apparaît comme le meilleur atout du parti pour la présidentielle de 2022.

Guillaume Tabard

Guillaume Tabard

Guillaume Tabard est rédacteur en chef et éditorialiste au Figaro. 

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Atlantico.fr : Quelle analyse portez-vous sur les points forts de la pensée politique de François Baroin ? Sur le plan de l'électorat, des élus, des idées.

Guillaume Tabard : François Baroin est porteur d’une fidélité historique et personnelle à Jacques Chirac dont il fait figure de fils adoptif, sinon d’héritier politique ; et d’une fidélité récente et politique à Nicolas Sarkozy, qu’il a rallié en 2010 en devenant son ministre. Ce lien avec deux figures de la droite qui se sont souvent haïes est en soi un symbole de rassemblement.

Maire de Troyes depuis 1995 – il vient d’être réélu pour un cinquième mandat - , sa fonction de président de l’association des maires de France est second atout. Laminée avec la présidentielle et les législatives de 2017, la droite reste puissante dans les collectivités territoriales. Sa fonction lui permet à la fois d’être le porte-parole de cette droite locale et l’interlocuteur obligé de l’exécutif, président de la République en tête.

Enfin, en terme de sensibilité, Baroin s’identifie à une droite tempérée, sociale, laïque et républicaine. Ce n’est pas toute la droite, mais c’en est une partie. Le quinquennat de Nicolas Sakozy et la campagne de François Fillon avaient donné à la droite une coloration plus libérale, identitaire et populaire, ligne que Laurent Wauquiez avait tenté de poursuivre. Depuis la victoire d’Emmanuel Macron, puis l’échec de Wauquiez, les dirigeants et les « barons » de LR semblent vouloir remettre le cap plus au centre. François Baroin s’inscrit dans ce mouvement.

Quelles sont les limites de cette pensée politique ? 

La grande question est de savoir si ce centre de gravité des élus de la droite coïncide avec celui des militants et plus encore avec celui des électeurs de la droite. Si la désignation du futur champion de l’opposition revenait aux élus, François Baroin serait incontestablement bien placé ; d’autant que son ami  Christian Jacob, désormais président de LR ne fait pas mystère de son  intention de mettre le parti derrière lui. Mais si cette désignation se faisait dans le cadre d’une primaire ouverte, comme en 2016, ce serait moins sûr. Face à un Emmanuel Macron, affaibli mais qui continue d’être soutenu par les catégories constituant le vivier électoral traditionnel de la droite (cadres supérieurs, retraités), et face à Marine Le Pen qui fait figure d’opposante la plus affirmée au chef de l’Etat, quel profil rechercheront les électeurs de droite ? Un profil tempéré à la Baroin ou une sensibilité plus populaire (Xavier Bertrand), plus combative (Valérie Pécresse) ou plus libéral-conservatrice (Bruno Retailleau). L’un des dangers pour François Baroin est d’être vu comme le favori des « cadres », plus que des militants, et des médias plus que des électeurs.

Ses forces et ses faiblesses en font-ils un candidat crédible pour la droite aux présidentielles de 2022 ?

La crédibilité d’une candidature ne joue pas uniquement sur un programme, mais aussi, et peut-être surtout, sur une personnalité. François Baroin a une bonne image. Mais pour faire envie, il faut d’abord en avoir envie soi-même. Giscard, Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande et Macron en sont la preuve vivante.

Baroin a-t-il envie de se lancer dans une bataille où il faut être prêt à tout donner et à prendre tous les coups ? C’est la grande question, à laquelle personne à droite n’a de réponse évidente. Et sans doute pas l’intéressé lui-même.

Beaucoup par exemple ont été surpris de sa discrétion dans une crise sanitaire où les maires sont appelés à jouer les premiers rôles.

Enfin, sur quoi se jouera 2022. Sur une alternance « classique », comme on en a connu jusqu’à aujourd’hui ? Ou sur une rupture plus brutale ? Le tempérament du moment de la société jouera sur le profil des candidats. Les Français voudront-ils l’apaisement – carte que François Baroin pourrait incarner – ou au contraire renverser la table ?

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