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Français de l'étranger, la démobilisation ? La faible participation profite à la gauche
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Démarrage anticipé

Plus d'un million de Français de l'étranger étaient appelés aux urnes le week-end dernier pour le premier tour des élections législatives, organisé pour la première fois dans onze circonscriptions. La participation a été très basse (entre 20 % et 25 %) sur la quasi-totalité des circonscriptions.

Yves-Marie Cann

Yves-Marie Cann

Yves-Marie Cann est Directeur en charge des études d'opinion de l'Institut CSA.
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Atlantico : La forte abstention qui caractérise ce premier tour des élections législatives des Français de l’étranger est-elle nouvelle ?

Yves-Marie Cann :En règle générale, les élections législatives sont caractérisées par un taux d’abstention plus fort qu’aux présidentielles. Cette baisse de participation est d’autant plus importante lorsque les législatives succèdent aux présidentielles. Il ne s’agit donc pas d’une surprise en soi.

Cependant, ce niveau d’abstention risque d’être un record par rapport à celui des Français de métropole.Mais il faut aussi avoir à l’esprit que c’est la première fois qu’ils sont appelés à voter dans ces nouvelles circonscriptions, certains Français ayant pu être ne pas informés à temps des modalités de l’élection notamment en ce qui concerne le choix du type de vote : vote par correspondance, par Internet, ou aux urnes en se déplaçant au Consulat. Certains d’entre eux ont été « piégés » puisqu’ils pensaient pouvoir voter par Internet jusqu’au jour même de l’élection alors que les votes se clôturaient le jour précédent. Ces facteurs ont donc pu, eux aussi, favoriser cette abstention.

Nous sommes sur 11 circonscriptions recouvrant le globe. Certaines d’entre elles représentent donc un territoire géographique extrêmement important (Asie, Amérique latine, Amérique du Nord...) au point de créer une certaine incohérence dans ces découpages et donc une démobilisation puisque l’offre électorale ne pouvait techniquement ni faire campagne sur l’ensemble de ces territoires ni bénéficier de cet « ancrage local » qui caractérise les candidats des circonscriptions métropolitaines. Il y a donc eu un déficit de notoriété et de connaissance des candidats qui a pu jouer.

Le rapport de force semble jouer en faveur d’un rééquilibrage de la gauche puisque le score de Nicolas Sarkozy cumulé sur ces onze circonscriptions devait lui assurer une majorité des voix. Or, nous assistons à des candidats de gauche en tête dans une majorité de circonscriptions. Il y a donc une dynamique favorable à la majorité présidentielle.

Cette dynamique favorable à la gauche dans les circonscriptions des Français de l’étranger constitue-t-elle un changement majeur par rapport aux précédentes législatives ?

En règle générale, le vote des Français de l’étranger a tendance à profiter à la droite. Il a même été très particulièrement favorable à Sarkozy en 2007. Une tendance qui s’est confirmée en 2012 puisqu’il est arrivé de nouveau très largement en tête avec plus de 53% des voix le 6 mai dernier. Nous pouvions donc effectivement penser que ces circonscriptions iraient à la droite. La gauche avait d’ailleurs critiqué la mise en place de ces circonscriptions des Français de l’étranger puisqu’ils estimaient que l’UMP souhaitait s’attribuer un certain nombre de sièges à l’Assemblée nationale en cas de difficulté à trouver une majorité en métropole. Avec ces résultats, nous avons donc une parfaite illustration de la subtilité entre la réalité du jeu politique et des votes.

Il ne faut pas oublier que la défaite de Sarkozy a pu créer une démobilisation chez une partie de ses soutiens y compris au sein des Français de l’étranger. Cela pourrait donc être annonciateur du vote de dimanche prochain en métropole et qui pourrait jouer en défaveur de l’UMP, principalement dans les circonscriptions où les résultats sont incertains.

Quelles sont les perspectives pour le second tour ?

Premier enseignement : ni la droite, ni la gauche ne réalisera un grand chelem chez les français de l’étranger. Nous serons sur une répartition beaucoup plus équilibrée avec une gauche favorite dans quatre circonscriptions sur un total de onze, la droite dans trois circonscriptions, les quatre autres étant incertaines et les jeux beaucoup plus ouverts. L’enjeu est désormais de savoir comment vont se comporter les électeurs ayant votés pour des candidats qui ne se retrouvent pas au second tour. Le mécanisme des reports de voix va donc être déterminant ainsi que le potentiel surcroit de mobilisation dans quinze jours. Si surcroit de mobilisation  il y a, il sera très difficile de savoir à qui il profitera.

Propos recueillis par Olivier Harmant

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