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First Man : Neil Amstrong, un héros qui n'a jamais eu conscience de l'être
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Aussi fort sur l'aspect documentaire que sur l'aspect vie intime, le film de Damien Chazelle a, entre autres mérites essentiels, celui de nous faire découvrir un homme tel qu'on ne l'imaginait pas et particulièrement attachant.

Dominique Poncet pour Culture-Tops

Dominique Poncet pour Culture-Tops

Dominique Poncet est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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First Man Le Premier homme sur la lune 

de Damien Chazelle
Avec Ryan Gosling, Claire Foy, Jason Clarke…

RECOMMANDATION

           EN PRIORITE

THEME

Pilote jugé un peu distrait par ses supérieurs en 1961, Neil Amstrong sera pourtant, le 21 juillet 1969, le premier homme à marcher sur la lune…

Durant huit années, il aura subi un entrainement de plus en plus prenant et éprouvant, assumant tous les risques d’un voyage vers l’inconnu, avec un courage qui  va confiner à de l’indifférence pour sa propre vie. Traumatisé à jamais par le décès par cancer cérébral de sa petite fille de trois ans, cet astronaute  passionné tentera parallèlement, pendant toutes ces années, d’être un mari aimant auprès d’une femme qui l’avait épousé en espérant une vie conjugale moins… mouvementée.

First Man : le premier homme sur la lune raconte le parcours hors norme d’un héros qui n’avait pas conscience de l’être.  Il dresse aussi  son portrait intime. Ce qui est peut-être le plus intéressant de ce film.

POINTS FORTS

Quand Clint Eastwood acquiert en 2003 les droits de la biographie de Neil Amstrong signée par James R. Hansen, pour la faire porter à l’écran, il sait que ce projet sera de longue haleine. Il sait aussi qu’il ne  faudra pas  le confier à n’importe qui, car le point capital de cet ouvrage est qu’à travers  la relation fidèle des exploits de son héros, il met à jour la personnalité de ce dernier, restée longtemps énigmatique aux yeux du monde entier. Pas question donc  de confier ce projet à un réalisateur de grandes « machines »  hollywoodiennes où le spectacle prime sur tout.

Et voilà que surgit  ce prodige de Damien Chazelle, avec son savoir faire hors pair, son imagination  (presque) sans pareille, et son humanité qui rend ses films si attachants.  La production lui propose le projet. Le jeune trentenaire l’accepte.

Il faudra deux ans au cinéaste franco-américain pour mener son film à terme. Travail intense, d’un côté avec les experts de la Nasa pour éviter les erreurs techniques, de l’autre avec son scénariste Josh Singer (oscarisé lui aussi) pour ciseler l’approche psychologique de l’astronaute. Chazelle ne veut rater ni l’intime, ni le spectaculaire.

« J’ai choisi de tourner ce film comme le ferait un témoin, espionnant à la fois les missions spatiales et les moments les plus intimes de la famille Amtrong » dit-il. C’était la bonne approche.  D’un réalisme hallucinant en ce qui concerne  toutes les séquences de la conquête spatiale, First man… ne rate rien des déchirements, des espoirs, des joies et des sacrifices consentis  par un homme, au nom de ce qui a été l’un des enjeux les plus célèbres de l’Histoire  du XXème siècle: marcher sur la lune.

Pour jouer Neil Amstrong, Chazelle a fait de nouveau appel au comédien  qui avait porté  son La La Land, Ryan Gosling. On est sidéré par la performance de l’acteur qui, dans un jeu minimaliste,  parvient à exprimer la concentration extrême, la fougue intériorisée et la mélancolie  viscérale qui caractérisaient Neil Amstrong.

Décors, vaisseau spatial,  costumes, son… Quand Ryan Gosling  alunit dans une séquence hyperréaliste, on est pris aux tripes. C’est presque aussi magique et oppressant que  pour ceux qui eurent la chance d’assister, en direct devant leur écran de télé, à l’alunissage réel d’Amstrong le 2I juillet 1969.  

POINTS FAIBLES

Mis à part une  musique un peu trop illustrative, et  aussi quelques scènes de famille trop quotidiennes pour sortir de la banalité, on ne décèle pas vraiment de point faible dans ce First Man, qui dure 2h21. D’aucuns pourront peut-être critiquer ce film pour sa tonalité  désenchantée. Ce serait comme reprocher à un homme d’être… ce qu’il est.

Damien Chazelle a signé là, volontairement, une œuvre  à l’image de son héros Neil Amstrong, dont on sait qu’il fut sombre, taiseux, concentré, meurtri par le deuil de sa fille,  à mille lieues de la spectacularisation et de la médiatisation.

EN DEUX MOTS

Après le succès de Whiplash ( 2014) et le triomphe planétaire de La La Land (2016), on se demandait comment ce surdoué de  Damien Chazelle allait réussir à nous surprendre. Voilà que, presque contre toute attente, ce fou de jazz et de comédies musicales, nous emmène là-haut dans l’espace pour tenter de cerner la personnalité d’un héros à la fois légendaire et méconnu… Le résultat est ce film, bluffant de réalisme, à la fois « maniaquement »  documenté et merveilleusement romancé. On a l’impression de percer enfin le mystère d’un homme  qui, malgré un cœur brisé, réussit à vivre les pieds sur terre et la tête dans les étoiles.

UN EXTRAIT

« J’ai pu m’appuyer sur beaucoup de témoignages pour le rôle. J’ai été aidé par les enfants de Neil Amstrong et par son épouse, j’ai parlé avec des personnes qui l’avaient connu dans son enfance et  la Nasa nous a ouvert ses portes… Neil était quelqu’un de  très humble, et donc le défi était  à la fois de respecter cet aspect de sa personnalité et en même temps de créer des ouvertures pour faire apparaître ce qu’il ressentait » ( Ryan Gosling, acteur).

LE REALISATEUR

Né le 19 janvier 1985 à Providence (Rhode Island) d’un père franco-américain professeur de mathématiques à l’Université de Princeton et  d’une mère française, historienne du Moyen Âge, Damien Chazelle développe très tôt un goût prononcé  à la fois pour  le  jazz et le cinéma, surtout pour les comédies musicales françaises comme les Parapluies de Cherbourg ou les Demoiselles de Rochefort dont il connaît encore par cœur chaque plan, pour les avoir visionnés des centaines de fois.

En 2009, après avoir terminé ses études de ciné à l’Université de Harvard, il écrit et réalise son premier long métrage, Guy et Madeline on a Park Bench. Centré sur le jazz, ce premier film, qui met en avant des acteurs méconnus, connaît une sortie limitée  mais permet à son jeune réalisateur de se faire remarquer par la critique. En 2014, c’est Whiplash. Bingo ! Ce second opus dont il a aussi écrit le scénario et qui met en scène, comme dans le premier, des musiciens de jazz, décroche plusieurs prix, parmi lesquels, non seulement le Grand Prix du Jury du Festival du Cinéma américain de Deauville mais aussi plusieurs Oscars dont celui du meilleur acteur dans un second rôle pour J.K Simmons.

La consécration arrive en 2016 avec La La Land.  Ecrite encore une fois  par lui même, portée par Emma Stone et Ryan Gosling, cette  comédie musicale rafle parmi les récompenses les plus prestigieuses, dont six Oscars, y compris celui du meilleur  réalisateur.

Le nouveau film de ce cinéaste de 33 ans, First Man, le premier homme sur la lune,  qui arrive en France auréolé de son accueil public à la dernière Mostra de Venise dont il fit l’ouverture, est déjà en route pour les Oscars.

ET AUSSI
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Le Jeu de Fred Cavayé-avec Bérénice Béjo, Vincent Elbaz, Stéphane de Groodt…
En amour ou en amitié, toute vérité est elle bonne à dire ? A en juger par ce film choral, la réponse est claire : c’est non !...
Lors d’un diner, amical, trois couples et un célibataire imaginent un drôle de jeu : poser tous les portables sur la tables et partager les messages et les appels téléphoniques. Pas la peine d’être grand clerc  pour deviner que le jeu va virer à la roulette russe, et  la soirée, finir en catastrophes. Disputes, engueulades,  règlements de comptes, ruptures… Ca va faire mal.
Pour son cinquième long métrage, Fred Cavayé s‘est lancé dans un remake, celui de la comédie italienne Perfetti Sconosciuti  (littéralement, parfaits inconnus) sortie en 2016. Comme le  sujet, un huis clos à suspense,  lui  allait comme un gant, il signe là une plaisante comédie dramatique. On rit, on s’émeut, tour à tour, devant ces personnages  qui  finissent tous par se dégonfler comme des baudruches. On pardonne à ce film son démarrage un peu lent, d’autant qu’il est porté par des acteurs en pleine forme, en tête desquels la très subtile et drôlissime Doria Tillier.
Recommandation : (presque) excellent
Le Procès contre Mandela et les autres de Nicolas Champeaux et Gilles Porte.
Le  9 octobre 1963 s’ouvre à Johannesburg le procès de Rivonia. Il s’agit de juger neuf militants de l’ANC (Congrès National Africain). Les motifs  officiels de leur procès sont le sabotage et  la trahison. En réalité, les accusés sont là en raison de leur engagement contre le pouvoir blanc. Le bras de fer entre ces hommes et leurs juges va durer neuf mois. Ils risquent la peine de mort… Ils vont transformer leur procès en tribune contre l’apartheid. Des noms des neuf accusés présents, qui seront condamnés au bagne à perpétuité,  l’histoire n’en retiendra qu’un seul, celui de Nelson Mandela, qui restera plus d’un quart de siècle en prison…
Les archives sonores de ce procès historique qui comptaient 256 heures d’enregistrement ont été retrouvées par Nicolas  Champeaux et Gilles Porte. Cela leur a donné l’idée de ce film. Aux archives exhumées et restaurées par l’INA (elles étaient devenues inexploitables faute de machine pour les « lire »), il mêle animation et entretiens avec les proches encore vivants des ex-accusés.  Aussi passionnant qu’émouvant.  
Recommandation : excellent.
Sans jamais le dire de Teresa Nvotová- avec Dominika Morávková, Anna Rakovská…
Léna est une jeune lycéenne aussi belle que sage, qui, à l’instar  de la plupart des ados de dix-sept ans, se cherche. Elle aspire à la liberté et à l’aventure, jusqu’au jour où un professeur, venu lui donner un cours particulier, la viole.
 Son monde intérieur se fracasse et Léna se réfugie dans le silence, tente de mourir. Croyant bien faire, ses parents la font interner dans un service psychiatrique pour adolescents perturbés…
Le viol comme sujet d’un film… Ce n’est pas nouveau. Ce qui l’est ici, c’est la façon dont il est traité, presque naturaliste. On se croirait presque dans un documentaire  tant ce drame et  ses conséquences sont explorés avec minutie : l’absence, l’enfermement, le mutisme, l’effroi. C’est d’autant plus dérangeant que le filmage, posé,  et la lumière, très douce, contrastent beaucoup avec la violence du propos. Ajouter à cela que ce premier film d’une jeune réalisatrice tchèque est porté par une actrice aussi naturelle que jolie. On y découvre aussi le fonctionnement des hôpitaux psychiatriques tchèques, et ca fait froid dans le dos…
Recommandation : bon

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