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La Finlande a beau rejeter l'accord sur le MES, elle ne pourra
en bloquer l’action
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Détente

Le dernier sommet européen a débouché sur un accord permettant au MES d'intervenir sur le marché secondaire pour acheter la dette publique des États en difficulté. Mais depuis, la Finlande s'est prononcée contre. Reste qu'elle ne pèse pas suffisamment dans le volume du MES pour raviver les inquiétudes des investisseurs et marchés financiers.

Cyril Regnat

Cyril Regnat

Cyril Regnat est stratégiste taux chez Natixis depuis 7 ans, au sein du service de la Recherche économique dirigée par Patrick Artus.

Il est également spécialiste des marchés obligataires souverains

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Atlantico : Le dernier sommet européen a débouché sur un accord permettant au MES (Mécanisme européen de stabilité) de racheter des obligations de dettes publiques sur les marchés secondaires. Depuis, la Finlande s'est prononcée contre un tel programme, et les Pays-Bas y sont favorables seulement après étude des dossiers au cas par cas. L'accord européen est-il remis en cause ?

Cyril Regnat : Même en cas de refus de la Finlande, les éventuelles demandes d'aide de l'Espagne aux autorités européennes, et donc au MES, pour racheter sa dette souveraine sur le marché secondaire resteraient possible si la situation est suffisamment critique pour être qualifiée d'urgente par la Commission européenne et la BCE.

Dans ce cas, nous sortons du cadre normal qui exige une unanimité au niveau du Conseil des directeurs du MES pour passer à un vote qui requiert une majorité qualifiée. Il faudrait alors 85% des droits de vote en faveur pour que la demande soit acceptée. La Finlande ne représentant que 1,8% des droits de vote au sein du MES, il existe donc toujours une "porte de sortie".

Comment expliquer ce revirement de la Finlande et des Pays-Bas, alors qu'un accord semblait avoir été trouvé sur le rôle du MES ?

Cette décision peut paraître surprenante puisque le Parlement finlandais a ratifié le MES il y a une dizaine de jours.

Mais le pays avait formulé une demande similaire lors du premier plan d'aide à la Grèce, dans lequel les membres de la zone euro s'engageaient à prêter de façon bilatérale des sommes importantes - 80 milliards d'euros - afin d'obtenir des garantis - sous forme de collatéral - pour s'assurer d'une couverture en cas de défaut de la péninsule hellénique.

La Finlande est aujourd'hui le seul pays de la zone euro, avec le Luxembourg, à respecter les critères de Maastricht, puisque son déficit devrait être inférieur à 1%, et sa dette légèrement supérieure à 50% d'ici la fin de l'année 2012. Dès lors, la mobilisation de ces quelques milliards d'euros fait courir un risque supplémentaire sur ses finances publiques, un risque que le gouvernement de Helsinki ne souhaite pas forcément prendre.

Cela marque, une fois de plus, le manque de solidarité au sein de la zone euro. Ce qui joue négativement sur les dettes de certains pays, puisque ce manque de solidarité peut être perçu comme une difficulté supplémentaire pour les autorités à prendre rapidement des mesures pour sortir de la crise.

Justement, comment réagissent les investisseurs et les marchés ? Les craintes sont-elles ravivées ?

Si l'Allemagne tenait la même position que la Finlande, cela poserait de sérieuses questions. Mais en l'état actuel, l'accord n'est pas remis en cause. D'ailleurs, les rendements obligataires italiens et espagnols continuent de baisser depuis le sommet. La détente est donc importante, et se poursuit.

Mais ce sommet ne réglera pas tous les problèmes de la zone euro. Par exemple, sur les 120 milliards d'euros adoptés dans le cadre des mesures de soutien à la croissance, l'effort réel n'est que de 15 milliards, le reste étant des dépenses déjà prévues.

Enfin, la puissance de feu du MES lui-même reste encore limitée, car il faudrait mobiliser des centaines de milliards d'euros rapidement pour racheter des dettes publiques sur le marché secondaire. Nous entamons donc une phase de détente, mais pas celle d'une sortie de crise. Les réponses apportées ne règlent en rien les problèmes structurels de la zone euro.

Propos recueillis par Olivier Harmant

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