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Faut-il craindre le carnage que prédit UBS sur le dollar et les actions américaines ?
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Les dessous de l'économie

Une étude d'UBS annonce que les marchés vont perdre 42% si on se réfère à l'analyse des cours depuis 1800. Qu'en penser ?

Simone Wapler

Simone Wapler

Simone Wapler est rédactrice en Chef des Publications Agora (analyses et conseils financiers).

Elle est l'auteur de "Comment l'Etat va faire main basse sur votre argent: ... et ce que vous devez faire pour vous en sortir !", paru chez Ixelles Editions en mars 2013.

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Les marchés actions s’envolent, un vent d’optimisme souffle. Après tout :

  • L’euro survit
  • Les États-Unis ne se sont pas fracassés sur leur "falaise fiscale"
  • La Chine a évité un atterrissage brutal.


Comme les obligations ne rapportent plus rien – même les obligations "pourries", les junk bonds sont à un niveau historiquement bas – et que finalement, rien ne va plus mal aujourd’hui qu’hier, les marchés actions progressent.

Voilà que l’UBS prévoit un carnage sur le dollar et les actions américaines pour le deuxième semestre 2013 ou 2014. Damned, comment est-ce possible ?

Il s’agit d’une analyse technique qui mouline les données boursières américaines depuis 1800 et qu’UBS a d’abord rendue publique en octobre. Depuis 1929, il se dessine une grande droite de tendance et l’indice S&P 500 n’est pas revenu toucher cette droite depuis 1982. Voici les deux principaux graphes de l’étude d’UBS.

Evolution du S&P 500 de 1900 à aujourd’hui

Nous sommes dans ce qu’on appelle un "grand marché baissier des actions" depuis 2001 (flèche rouge).

Voici maintenant le deuxième graphe d’analyse technique  qui sous-tend la thèse des analystes de l’UBS.

Puisque nous sommes dans un grand marché baissier, l’indice S&P 500 devrait toucher à nouveau sa ligne rouge, ce qui implique une baisse de près de 50% par rapport au niveau actuel. Ce n’est qu’après cette nécessaire purge qu’un nouveau grand marché haussier commencera.

Et la création monétaire ?

L’analyse technique est une méthode statistique qui se veut prédictive. Mais une chose dérange : le dollar de ces quarante dernières années n’est pas du tout le dollar de 1800 - 1970. En 1971, avec la fin des accords de Bretton Woods, le dollar fut libéré de toute contrainte de parité par rapport à l’or. Le dollar est devenu une monnaie purement fiduciaire – qui repose sur la seule confiance. Depuis 2008, nous sommes rentrés dans une phase de création monétaire généralisée sans précédent historique.

Actuellement, la Fed imprime 85 Mds$ tous les mois. Les banques se délestent de créances douteuses ou de leurs bons du Trésor qui ne rapportent rien, encaisse du cash créé par la Fed, et l’investissent sur les marchés.

Or un indice actions, c’est une somme de capitalisations (le nombre d’action cotées multiplié par la valeur en dollar de chaque action) et donc des dollars. Si l’on crée des dollars, on crée une marée de liquidités pour pousser le cours des actions à la hausse.

Richesse illusoire et richesse réelle

« Mais ce rally des marchés ne garantit pas celui de l’économie réelle. (…) Une des principales justifications de l’assouplissement monétaire est que la hausse des prix des actifs financiers instaurera de la confiance (…) un puissant  effet de richesse, encourageant les ménages à consommer ».

Simon Nixon dans le Wall  Street Journal (Central Banks' Change of Heart Bears Fruit http://professional.wsj.com/article/SB10001424127887324624404578253743734723164.html?mg=reno64-wsj )

La création monétaire crée une illusion de richesse… au début. Après vient la ruine et cette fois ne sera pas différente de toutes les autres.

Un marché haussier sain reflète avant tout des espoirs de résultats d’entreprises en hausse. Aujourd’hui, rien ne soutient de tels espoirs. Les enquêtes montrent que les chefs d’entreprises sont prudents et avouent manquer de visibilité. Les investissements ne s’envolent pas, ni la consommation.

Un effet de richesse n’est pas de la richesse.

De l’argent imprimé n’est pas de la richesse.

De la croissance achetée par du déficit ne crée pas de richesse.

Nous avons besoin d’une bonne purge avant de repartir sur des bases saines.

L’analyse technique de l’UBS va dans le sens de l’Histoire : la supercherie de la fausse monnaie finie toujours par être découverte. Mais ce que ne modélise pas l’analyse technique, c’est la psychologie humaine. Pour le moment, la majorité des acteurs du marché garde confiance. L’économie de la dette – qui consiste à se financer avec l’argent du futur – n’est pas morte, pensent-ils, elle va repartir, comme avant, grâce à la fausse monnaie.

« L’idée de génie, c’est de prendre dans la poche des gens l’argent qui n’y est pas encore » Zola, L’Argent.

Les gens ne se rendent absolument pas compte qu’on a détruit l’argent du futur. Le prochain krach arrivera quand ils réaliseront cela.

[NDLR : Et si vous voulez prendre dès maintenant des mesures pour vous protéger, c'est par ici

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