Face au Hamas, où sont passés les antiracistes, les féministes et les organisations LGBT ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Manifestation pro-palestinienne, à Paris, le 27 mai 2024.
Manifestation pro-palestinienne, à Paris, le 27 mai 2024.
©Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP

Révélateur

L’attaque perpétrée par le Hamas le 7 octobre 2023 et ses conséquences ont servi de révélateurs.

Mohamed Sifaoui

Mohamed Sifaoui

Mohamed Sifaoui est journaliste, écrivain et réalisateur. Il est l'auteur de plusieurs reportages et ouvrages sur les milieux islamistes radicaux.

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L’attaque perpétrée par le Hamas le 7 octobre 2023 et ses conséquences ont servi de révélateurs. Au-delà de la barbarie, l’opinion publique a pu constater les vraies convictions des uns, les postures des autres, mais aussi les impostures et le cynisme qui peut caractériser certaines organisations, des partis, des personnalités publiques et autres intellectuels et universitaires.

Il convient de poser une question qui, à mon sens, n’a été formulée par personne : au nom de quelles valeurs cette attaque a été perpétrée ? Trop facile de se confiner dans une réponse convenue et prétendre que le 7 octobre ne révèle rien d’autre qu’une action réalisée par des « mouvements de libération » ayant pour nom, pour ne citer que ces milices, le Hamas et le Jihad islamique. Un mouvement de libération digne de ce nom ne prend pas en otage un bébé de 6 mois ni une dame de 85 ans. Un mouvement de libération ne viole pas. Il ne découpe pas en pièces. Un mouvement de libération ne s’attaque pas délibérément à des civils dans l’espoir de terroriser toute une population.

Le Hamas et le Jihad islamique ont agi donc, dès le départ, comme des organisations terroristes. Aussi loin où l’on puisse remonter, dès la naissance des deux milices, le Jihad islamique d’abord, le Hamas ensuite, ont inscrit leurs actions dans une optique de terreur de la société israélienne en général et de tous les Juifs sionistes en particulier.

Le refus d’un parti français – comme la France insoumise – de qualifier ces deux organisations de terroristes a confirmé, nous étions quelques-uns à le redouter, que ce parti s’inscrivait véritablement dans une logique de connivence idéologique avec certaines organisations terroristes islamistes. Cette tendance lourde, chez une partie de l’extrême gauche européenne, a été par la suite confirmée par les positions publiques exprimées par certaines formations politiques en Belgique, dans des pays scandinaves, en Espagne et en Allemagne. On pourra toujours nous expliquer par la suite que l’utilisation du néologisme « islamo-gauchisme » qui décrit justement les convergences entre des milieux de gauche et la mouvance islamiste serait excessif !

Pourtant, il ne l’est guère et permet de souligner une réalité. 

Les attentats qui ont frappé le territoire israélien ont permis aussi de mesurer l’ampleur du sentiment antisémite à la fois au sein des doctrines qui alimentent les organisations terroristes palestiniennes, mais aussi dans la littérature et les discours de leurs alliés, musulmans et non musulmans. D’ailleurs, dès le 7 octobre, avant même la riposte israélienne, les actes antisémites, en France et ailleurs en Europe, ont connu une montée exponentielle. En moins de trois mois, le ministère français de l’Intérieur allait enregistrer plus de trois fois plus d’actes antisémites que durant toute l’année précédente comme si la bête immonde était libérée au même moment où les attaques étaient perpétrées. Apologie du terrorisme, justifications des crimes les plus odieux et refus de condamnation ont montré, là aussi, que l’antisémitisme, longtemps mis sous le boisseau, par plusieurs milieux de gauche et autres relais européens des Frères musulmans, est réapparu au grand jour sous des allures totalement décomplexées. D’ailleurs, un peu comme durant le début du XXe siècle, il est chic désormais de fréquenter des salons antisémites. Certes, pour éviter des poursuites pénales, leurs organisateurs changent de vocable, en gardant les mêmes antiennes et les mêmes poncifs, préférant ainsi se présenter lâchement en « antisioniste » pour ne pas assumer ce qu’ils sont réellement. Oui, le 7 octobre a permis de révéler l’existence d’une gauche antisémite – qui n’a visiblement jamais disparu – qui désormais manipule des musulmans, des Maghrébins ou des Africains, mais aussi une partie de la jeunesse, dans l’espoir de fragmenter la société autour de cette thématique proche-orientale qui reste inflammable, car passionnelle, surtout lorsqu’elle est traitée avec manichéisme.

Lors des attaques du 7 octobre 2023, malgré les dénégations de certains des leaders des organisations terroristes et de leurs relais médiatiques, des femmes ont été violées, agressées sexuellement, sauvagement assassinées, décapitées, humiliées. Il ne s’agissait pas d’actes isolés. Ces femmes ne sont pas des « victimes collatérales », tuées lors de bombardements ou d’accrochages. Non, les terroristes ont violé l’intimité de kibboutz allant chercher femmes et enfants pour terroriser certes, la société israélienne, mais pour l’humilier surtout. Attentez à l’honneur de l’ennemi en s’attaquant à ses femmes est une vieille pratique moyenâgeuse, qui vient de la société arabique médiévale, et qui est reprise par toutes les organisations terroristes. Pour ceux qui maîtrisent les nuances de la langue arabe, d’aucuns ont entendu dans ces horribles vidéos qui montraient les méfaits des hommes du Hamas, ces terroristes s’écriaient « Sabaya ! Sabaya ! ».

Ce mot arabe – Sabaya – désigne les femmes non combattantes que la doctrine islamiste empêche de tuer, mais autorise à prendre en otage si les conditions de combat le permettent. Ainsi, celles qui ont connu ce sort sont transformés en otages, représentant une valeur marchande sur le plan politique ou financier, mais elles peuvent aussi devenir des esclaves, y compris sexuelles. Bref, dans tous les cas de figure, nous avons constaté la « retenue » et la « pudeur » de la plupart des organisations néo-féministes. Celles-là même qui s’insurgent pour le premier propos sexiste, le plus banal, se taisent devant le viol de juives. Elles ont raison de s’insurger devant les propos sexistes, y compris ceux qui paraissent d’une totale banalité, mais elles auraient été crédibles, si, dans un autre mouvement, elles s’élevaient, à tout le moins avec la même hargne, quand des Israéliennes, de 18 à 85 ans sont prises en otages, humiliés et martyrisées. Je suis bien conscient de ce qu’est notre époque. Le wokisme est passé par là et le 7 octobre a révélé les supercheries qui le caractérisent. Une question demeure néanmoins : la position de ces organisations féministes, adeptes du wokisme, que racontent-elles précisément ? Que révèlent ce silence et cette retenue ? Une complaisance quand l’agresseur est musulman ? Un mépris quand la victime est juive ? Les deux ?

Dans cet indécent élan wokiste, les attaques du 7 octobre ont montré aussi une attitude tout aussi ambigüe de plusieurs associations LGBT. À travers la position qui fut la leur, plusieurs organisations européennes qui prétendent défendre les droits des homosexuels ont préféré afficher, toute honte bue, des drapeaux arc en ciel dans des manifestations dites « propalestiniennes » à Paris, à Stokholm, à Bruxelles, à Londres, à Berlin et ailleurs, y compris aux États-Unis. Shame on you !

Le problème ne réside pas dans le fait de défendre les Palestiniens ou les civils de Gaza, bien que ceux qui les mettent en danger depuis plusieurs années ce sont bien les islamistes du Hamas. Mais c’est encore un autre sujet. Ce n’est pas du tout ce qui est reproché à toutes ces organisations qui ont dévié de la trajectoire qui doit être la leur. Le problème réside dans le fait que des associations ou des personnes se réclamant des droits de l’homme, de l’humanisme ou de l’antiracisme se montrent si indifférentes devant des actions reconnues et assumées, revendiqués même et, dans le même mouvement et dans la même dynamique, agir de manière totalement survoltée devant des faits allégués, des bilans approximatifs et des accusations d’une organisation terroriste. Allez comprendre ce que font des drapeaux incarnant les luttes pour les droits des homosexuels dans des manifestations où il est prohibé de dire que le Hamas, organisation terroriste certes, et aussi un groupe homophobe, nourri par une idéologie homophobe qui n’hésite pas à tuer des homosexuels sur la base d’un simple soupçon de ce que l’organisation appelle « déviances sexuelles ».

Ce monde est devenu fou, nous le savions. Mais une partie de la gauche, ainsi que certains de ses relais « antiracistes », féministes et homosexuels notamment, se sont complètement trahis et ont trahi toutes les valeurs humanistes et universalistes, par cynisme et par bêtise pour servir l’agenda d’organisations totalitaires. Triste époque.

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