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Crise de la zone euro : les années 30 sont-elles devant nous ?
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Diagnostic monétaire

La crise actuelle est une crise de la demande, dont la progression a été nulle depuis 2008. Pourtant, seules les solutions budgétaires sont aujourd’hui évoquées, laissant encore une fois de côté la question des politiques monétaires.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Le 5 juin dernier, Martin Wolf, éditorialiste du Financial Times dévoilait son découragement face aux similitudes de notre époque et de la grande dépression. La lenteur d’action politique et l’incapacité d’établir un diagnostic cohérent permettent ce rapprochement malheureusement toujours plus évident.

Milton Friedman et Anna Schwartz publiaient en 1971 « A monetary history of the United States », et nous livraient alors une approche monétaire de la crise de 1929. Cet ouvrage pointe les erreurs commises par les diverses banques centrales à travers le monde. L’étalon or en vigueur a permis l’intensité de cette crise, la rigueur monétaire devenant de fait la principale cause de la grande dépression.

Cette vision fut largement admise dans le courant des années 1970 et a participé au développement de l’idée que l’économie est au mieux gérée par la combinaison d’un État de faible taille et d’une politique monétaire efficace.

Cette vision est aujourd’hui balayée. La prépondérance de l’État cumulée à la rigueur monétaire transforme une simple crise de la demande en une véritable bombe économique. Le parallèle est alors évident. Scott Sumner dans son blog The Money Illusion revient sur un article du Time Magazine datant de 1931, évoquant l’incapacité du politique à aborder un problème monétaire autrement que par des solutions budgétaires. « Pendant ce temps tout le monde argumente sur des remèdes budgétaires et d’autres solutions similaires de seconde importance, négligeant la question essentielle de la stabilité de l’étalon de valeur. » « La situation pourrait être réglée en un mois par une action commune des principaux pays soumis à l’étalon or, en laissant les banques centrales prendre les décisions qui s’imposent. »

Bien entendu, le parallèle est évident. Seules les solutions budgétaires sont aujourd’hui évoquées, via les programmes d’austérité. La question monétaire est encore une fois laissée de côté alors que nous sommes en présence d’une crise de la demande. La rigueur monétaire actuelle, enferrée dans le dogme de la stabilité des prix est bien la cause de la crise que nous connaissons depuis 2008.

Dès lors que les entreprises sont confrontées à un problème de baisse des ventes, en opposition à un problème de taxes, de formation de ses employés, de régulation, alors le problème est monétaire. En réponse à ce problème, nous argumentons sur le niveau de fiscalité, sur la régulation, et sur la formation des chômeurs. Ces questions sont importantes et même essentielles, mais elles ne sont pas la cause, et surtout pas le remède d’une crise de la demande.

La demande agrégée ici en question a progressé de façon continue entre la création de l’euro et l’année 2008 dans une fourchette de 4 à 5%. Depuis 2008, la progression a été nulle. Cette situation n’est pas évoquée, elle est pourtant la cause de la crise. La réponse est monétaire.

La résolution de la grande dépression de 1929 est intervenue suite à l’abandon de l’étalon or. « La grande récession » de 2008 attend toujours son diagnostic officiel et sa cure. 

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