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Et vlan : une étude internationale montre que les pays où l’égalité femmes-hommes est la mieux respectée sont aussi ceux ou il existe de plus grandes différences comportementales entre les sexes
©FRED DUFOUR / AFP

Etude de genres

Selon une étude publiée par Science, plus l'égalité entre sexes est forte, plus les préférences (prise de risque, patience, confiance, altruisme, etc.) des hommes et des femmes divergent.

Peggy Sastre

Peggy Sastre

Peggy Sastre est écrivaine et traductrice. Elle est l'auteure de "Ex Utero : pour en finir avec le féminisme" et de "La domination masculine n'existe pas".

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Atlantico : Selon une étude publiée par Science, menée sur 80 000 personnes au travers de 76 pays, il apparaît que plus l'égalité entre sexes est forte, plus les préférences  (prise de risque, patience, confiance, altruisme etc..) des hommes et des femmes divergent. Comment expliquer ce qui pourrait apparaître comme un paradoxe ? 

Peggy Sastre :Dans leur étude, Armin Falk, de l'institut BRIQ de Bonn, et Johannes Hermle, de Berkeley, cadrent leurs résultats dans la théorie post-matérialiste stipulant que lorsque les besoins vitaux de base sont remplis, la liberté individuelle a davantage de place pour s'exprimer. Sauf que pour comprendre pourquoi cette amplification de la liberté individuelle ne se traduit pas par une augmentation générale de la diversité comportementale, mais dessine au contraire deux pôles genrés assez statistiquement nets, il faut notamment en passer par ce que nous dit la biologie des rôles sexués et des trajectoires évolutives relativement distinctes que les femelles et les mâles ont empruntées au cours de l'évolution et selon des mécanismes propres à la sélection sexuelle. Vu que le fossé comportemental entre les hommes et les femmes ne rétrécit pas – mais, au contraire, s'élargit – dans les pays les plus économiquement développés et les plus socialement, politiquement et juridiquement égalitaires, on peut faire l'hypothèse que, dans ces sociétés, les hommes et les femmes ont d'autant plus d'espace pour développer les différences d'aptitudes, d'intérêts et de profils psychologiques innées existant entre les deux sexes et qui sont aujourd'hui très bien documentées.

Comment inscrire ce résultat d'une égalité cause de divergences entre sexes dans le féminisme actuel ? 

Cette étude – qui est certes sans doute l'une des plus conséquentes sur le sujet, mais qui est loin d'être la seule, ce faisceau de preuves a aujourd'hui une bonne trentaine d'années – est évidemment contradictoire avec ce que nous disent les féministes orthodoxes, à savoir que les différences hommes-femmes sont une pure construction socioculturelle issue de l'arbitraire d'un rapport de force « systémique » voulu par et pour les hommes et maintenant les femmes dans une position dominée où elles n'ont pas la moindre agentivité. C'est une lecture qui ne tient plus face aux faits et qui, dès lors, devrait être radicalement amendée. Mais on connaît malheureusement la force de l'inertie intellectuelle, notamment dans les milieux militants...

Comment lire de tels résultats à rebours ? Comment peut-on expliquer que des pays marqués par de plus fortes inégalités hommes femmes produisent une plus grande uniformité des préférences ? 

Si on garde la perspective des auteurs de cette étude, c'est parce que des difficultés économiques poussent les individus à une harmonisation (et, de fait, à une falsification) de leurs préférences – en gros, tout le monde cherche à survivre et de telles stratégies existentielles sont relativement neutres sur le plan du genre. À mon avis, il manque une dimension politique : la précarité économique est aussi un terreau à autoritarisme. Ce sont des sociétés où les individus sont davantage forcés dans telle ou telle voie parce qu'un pouvoir les estime bénéfiques au « collectif ». 

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