Et vous, quel est le moment où vous avez réalisé que vous n'étiez plus jeune...?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Société
Le passage du temps n'est pas vécu par tous de la même façon.
Le passage du temps n'est pas vécu par tous de la même façon.
©DR

Millennial passe ton chemin

Le temps nous affecte tous indéniablement, mais la façon dont nous percevons son influence varie en fonction des personnes... et de l'âge !

Pascal Neveu

Pascal Neveu

Pascal Neveu est directeur de l'Institut Français de la Psychanalyse Active (IFPA) et secrétaire général du Conseil Supérieur de la Psychanalyse Active (CSDPA). Il est responsable national de la cellule de soutien psychologique au sein de l’Œuvre des Pupilles Orphelins des Sapeurs-Pompiers de France (ODP).

Voir la bio »

Atlantico : Le temps nous affecte tous indéniablement. Ses traces se voient aussi bien sur notre corps que sur notre environnement et la jeunesse s’efface de notre vie sans que nous nous en rendions compte. Comment apprécions-nous ce passage entre deux âges ? 

Pascal Neveu : Notre perception de l’âge fait partie d’une clinique du développement. L’enfant grandit… l’adulte vieillit !

Il est toujours assez drôle d’entendre les enfants compter leur « demi » âge alors qu’en vieillissant on préfère attendre le jour d’anniversaire et non la veille pour nommer notre âge.

De même que l’enfant qui souhaite devenir grand le plus rapidement possible, et surtout l’adolescent être considéré adulte, dans un désir d’accomplissement, de liberté et de séparation avec la cellule parentale.

Sans compter l’adolescent qui ne veut plus être considéré comme un enfant.

Pour autant même si le corps se développe, devient un objet de séduction et de désir, il finit par se dégrader, à être moins fort, se rider, avec des temps de récupération plus longs, des problèmes médicaux, jusque malheureusement la dépendance, sans compter les maladies neurodégénératives.

Aussi, la jeunesse, selon moi, ne cesse pas d’être vive dans notre mémoire et notre état d’esprit. Comme on le dit, on peut être jeune dans sa tête… et je pense que se rappeler ces moments nous maintient vifs, voire pour certains vivants.

Certains sont dans le déni da l’âge avançant, nous passons par des crises de la quarantaine, de la cinquantaine, qui sont des étapes de bilans de vie… mais qui nous font prendre conscience qu’on n’a plus 20 ans.

À Lire Aussi

Le harcèlement invisible des élèves en situation de handicap

Entre les chansons « On n’a pas toujours 20 ans » et « Hier encore »… Le rythme du temps fait partie de notre vie… Nous comptons les heures, en vieillissant nous nous faisons la réflexion qu’une année passe de plus en plus vite.

Mais cela est normal car l’enfant est dans la découverte de la vie, de lui, de son corps… l’adolescent est dans une vie effrénée face aux transformations de son corps et de ses pulsions… l’adulte est dans la construction de sa vie affective, familiale, sociale et professionnelle…

Mais tout cela nous le savons, nous devons nous adapter à ces contraintes, et finalement ne voyons pas le temps passer.

Mes patients en analyse prennent du plaisir à revivre des événements anciens. Comme je leur dis, le divan est une machine à remonter le temps… pour des événements douloureux mais d’autres très heureux qui leur permettent de retrouver de la force, tout en restant dans la réalité de leur âge... pour mieux apprécier sa date de naissance.

Y-a-t-il des éléments clefs d’une telle prise en compte de l’âge ? À quel âge se passe-t-il dans la plupart des cas ? Le fait de se sentir vieux peut-il se jouer à des détails ?

On peut se sentir vieux à n’importe quel âge… J’ai déjà suivi des enfants me dire « je suis déjà vieux ! »… certes avec un champ mélancolique.

Il y a par exemple cette perception d’être moins jeune lorsqu’un jour on vous dit « Monsieur ou Madame », lorsqu’on vous propose une place assise dans le bus ou le métro… et par orgueil on décline en marmonnant « Je suis pas si vieux petit c… » et on se trouve ridicule d’y avoir pensé.

À Lire Aussi

Chine : Xi Jinping, tout puissant mais en situation délicate

De fait l’environnement, et l’autre, à travers son regard, nous rappelle notre âge. Car face au miroir, en dehors les rides et les cheveux blancs (que certains peuvent avoir dès 20 ans)… on ne se voit pas comme les autres nous voient.

Les hommes plus que les femmes prennent conscience de passages lorsqu’ils deviennent pères.

Mais tout comme il y a une sorte de haine de la jeunesse et il y a une haine des « vieux »… les deux se renvoient la balle : les jeunes à travers les personnes plus âgées se disent « je vais devenir comme çà »… et les plus âgés pensent « j’étais comme ça »…

Cependant toutes les études montrent que la période où se sent le mieux est le fameux « quadra ».

D’une part on s’est construit socialement, professionnellement, on veut en profiter le maximum avant de devenir « quinqua », on est reconnu, le corps résiste encore, on transmet aux plus jeunes.

Le « drame » d’être vieux est simple, et on l’enseigne en clinique du vieillissement : c’est le fait de penser qu’on ne sert plus à rien, c’est aussi souvent la solitude, l’isolement, et c’est toute une réflexion concernant la mort et ses derniers jours.

Mais on le retrouve chez des jeunes patients qui dès 25 ans pensent déjà à la mort et la décrépitude de leur corps et facultés, car comme Freud le disait « L’erreur ce n’est pas la mort… c’est la vie ! »

Comment mieux appréhender ce passage ?

Je n’évoquerai pas mes propres crises des 40 et 50 ans, qui sont totalement différentes.

Quand on voit arriver les 40 ans, on se dit « ça y est je suis vieux… il faut que j’en profite… je change de boulot ? je divorce ? je sors en boîte comme lorsque j’étais jeune ? je profite des copains ?... », tout le monde s’y reconnaîtra à sa manière.

À Lire Aussi

Ces seniors qui se radicalisent et qui pourraient bien changer la donne politique

A 50 ans la crise est plus mature : on prend conscience physiquement et psychologiquement de son âge et on anticipe déjà son futur, sa retraite, les moments à privilégier, plutôt que l’éphémère. On pense à soi, et on élimine le futile.

Certains n’y parviennent pas. Raison pour laquelle il existe tout un marché du « rajeunissement ». Il y a d’ailleurs eu un Magazine, dans les années 2000 qui s’appelait « Rajeunir », dont la couverture du 1er numéro représentait une femme qui se tirait la peau du visage comme on le pratique en chirurgie esthétique.

Mais c’est en vieillissant qu’on se rend compte que chaque décennie à ses avantages, certes aussi ses inconvénients. Cependant, nous n’avons pas le choix. Donc l’appréhension n’est qu’une question de ne pas penser d’autres avantages à venir.

Ces passages dans l’âge qui avance c’est une école de la vie… parce qu’on peut transmettre comme un « jeune vieux c… » toutes nos expériences, nos erreurs, nos réussites, nos conseils…

Mais il est toujours drôle de voir combien les plus jeunes et les plus âgés aiment échanger entre eux.

Le Général de Gaulle, souvent cité, disait « L’âge, ce vaste naufrage ! »… nous renvoie à une seule solution : profiter de notre vie, de nos âges… et parfois avec un œil revivifiant, repenser à des moments drôles de notre vie passée qui ne s’est pas éteinte mais nous maintient dans une pulsion de vie et cette joie de vivre.

Regardez ces vidéos d’octogénaires capables de danser, rire…

On pense notre âge dans notre tête !

À Lire Aussi

Une étude menée dans 10 pays montre à quel point le dérèglement climatique angoisse les jeunes générations

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !