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Et voilà à quoi ressemblerait le secteur du logement en France si tout le monde se comportait comme Danielle Simonnet de La France Insoumise
©BERTRAND GUAY / AFP

Crise du logement

Après le cas, Raquel Garrido-Alexis Corbières, voici Danielle Simonet, issue de la France Insoumise est au centre d'une polémique sur l'occupation d'un logement HLM. Elle s'est justifiée en déclarant qu'elle ne voulait pas enrichir un propriétaire.

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Atlantico : Je ne veux pas me loger dans le privé​, enrichir un propriétaire privé,​ et participer à la spéculation im​m​obilière"​, par ces mots, Danielle Simonnet​, conseillère de Paris du partide gauche, tentait de justifier sa présence dans un logement social de la ville de Paris. Au delà du cas d'espèce, quelles seraient les conséquences, sur le marché immobilier aussi bien privé que social, si l'ensemble de la population agissait de la même façon ? 

Philippe Crevel : En poussant à l’extrême le raisonnement de Danielle Simonnet, il faut nationaliser tous les logements pour éviter de financer le privé, coupable de tous les maux. Au nom de l’égalité, il conviendrait de loger tous les Français en HLM. Cette nationalisation qui pourrait couter plus de 6000 milliards d’euros en l’état actuel du marché n’est pas finançable. Toujours dans la logique de Madame Simonnnet, la spoliation serait la solution la plus pratique. Evidemment, elle remettrait en cause le droit de propriété, droit constitutionnellement protégé. Certes, en prenant comme référence le centenaire de la révolution bolchévique d’octobre 1917, cela pourrait avoir du sens. 

En prenant un angle un peu moins extrémiste, ce refus de migrer vers le privé prive évidemment des personnes remplissant les conditions d’accéder à un logement social. Le cas de madame Danielle Simonnet n’est pas isolé. De nombreux rapports ont souligné qu’une proportion non négligeable de locataires avait des revenus suffisants qui devraient les conduire à sortir du parc social. Par ailleurs, des locataires n’ayant plus d’enfant à charge se maintiennent dans des appartements ne correspondant plus à leurs besoins. La mobilité au sein du parc social est en France trop faible. 

Plus généralement, quels seraient les effets d'une économie reniant le droit de "s'enrichir" ou plus simplement de gagner de l'argent, d'épargner ou d'investir ? 

Madame Danielle Simonnet ne doit pas connaître la réalité du marché immobilier. La rentabilité après impôt de l’investissement locatif est assez faible, entre 1 à 3 %. Certes, les plus-values en cas de revente peuvent améliorer le rendement mais elles demeurent lourdement taxées, l’abattement étant très progressif (22 ans au titre de l’impôt sur le revenu et 30 ans pour les prélèvements sociaux). Par ailleurs, les gains à la revente ne sont jamais certains. L’immobilier est sujet à de fortes fluctuations. Le propriétaire doit supporter une grande partie des charges, la taxe foncière, le cas échéant l’ISF qui deviendra l’Impôt sur la fortune immobilière et les éventuels impayés des locataires indélicats. 

Le régime soviétique a prouvé que la fin de la propriété privée ne signifiait pas la fin des inégalités. Les Russes ont du faire face à de multiples pénuries. Il n’était pas rare que plusieurs familles occupent le même logement. L’Etat est rarement un investisseur efficace car la notion de rentabilité ne guide pas son action. La France manque de bailleurs privés pour permettre de loger dans des conditions décentes la population française. C’est en raison de la multiplication des contraintes administratives et fiscales que les investisseurs privés se retirent du marché de la location de logements. 

A quelles logiques économiques peuvent correspondre la formule utilisée par la conseillère de Paris ?

Collectivement marxiste et personnellement individualiste. Il est toujours difficile de quitter un logement avec un loyer mesuré surtout s’il est bien situé. Mettre en avant le caractère vil du secteur privé n’est économiquement fondé. 

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