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Et si les premiers ministrables possibles d’Emmanuel Macron étaient Pascal Lamy et Jean-Louis Borloo...
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Atlantico Business

Le doute s’est invité dans l’entourage d’Emmanuel Macron, qui cherche désormais les moyens de stopper le recul de sa position dans le peloton de tête.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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Pour convaincre un électorat qui a tendance à douter, Emmanuel Macron serait prêt cette semaine à dévoiler le nom de personnalités qui pourraient occuper Matignon sous son quinquennat. Il pense à deux hommes, deux profils bien différents mais avec lesquels il se sent compatible :

- Pascal Lamy, l’ancien directeur de l’OMC : il incarne l‘Europe et la régulation nécessaire du commerce mondial.

- Jean-Louis Borloo, fondateur de l’UDI et ancien ministre de l’économie puis de l’écologie du gouvernement de François Fillon. Il serait capable de faire la synthèse entre la nécessaire performance économique et la contrainte sociale.

Emmanuel Macron reste en tête de liste des quatre favoris du premier tour de la présidentielle. Sauf que la semaine dernière, sa position de leader s’est un peu dégradée, tout comme celle de Marine Le Pen, alors que la situation de Jean-LucMélenchon est restée forte et que celle de François Fillon s’est un peu améliorée.

A quatre jours du scrutin, la position des 4 favoris est tellement serrée que les instituts de sondage sont bien incapables de faire des prédictions. Aucun ne se risquera à ce type d’exercice.

Les quatre candidats de tête ont donc décidé de mettre le paquet en multipliant les meetings de terrain, mais dans l’entourage d’Emmanuel Macron, on a bien le sentiment que cela ne suffira pas à sécuriser le résultat. On a compris, semble-t-il, qu’il fallait sécuriser un électorat habité par le doute.

Dans la forme comme dans le fond, la campagne d’Emmanuel Macron pourrait se renforcer dans quatre directions.

D’abord, les équipes de campagne cherchent à améliorer la cohérence du programme pour échapper à la critique qui porte sur la légèreté des propositions, le flou artistique qui les entoure et sur la jeunesse de leur auteur. La jeunesse de Macron est un énorme atout, un gage de renouveau et de changement, mais son programme apparaît beaucoup plus incertain et fragile que celui de François Fillon, au regard de la situation. Donc, ils doivent renforcer la cohérence du discours, souligner la colonne vertébrale de l'ensemble et même trouver un axe plus fort.

Ensuite,ils veulent trouver une mesure forte et symbolique qui permettrait d’occuper le terrain médiatique des derniers jours. L‘exonération de la taxe d’habitation pour 80% des Français n’a pas eu l’effet escompté dans l’opinion, essentiellement parce que les maires lui ont fait une contre publicité justifiée puisqu’ils n’ont aucun financement alternatif.

Par ailleurs, ils vont essayer de gérer au mieux les ralliements socialistes pour éviter l‘image d’héritier de François Hollande qui lui colle à la peau. Les petites phrases du Président de la République le gênent pour le premier tour. Elles accréditent les critiques que font tous les autres candidats.

Enfin, Emmanuel Macron voudrait donner quelques garanties sur sa capacité à gouverner. On est convaincu dans son entourage que son arrivée à l'Elysée lui vaudra une notoriété internationale extraordinaire, ce qui lui donnera des moyens d’agir exceptionnels. Il sera le plus jeune président d’un grand pays démocratique de toute l’histoire. A ce titre et du haut de ses 39 ans, il incarnera très bien le XXIesiècle et sa modernité. Le problème est que cet état de grâce ne durera pas très longtemps. Il lui faudra gouverner, mais comment et avec qui ?

Le problème de dégager une majorité se posera très vite, dès la semaine prochaine s’il accède au second tour. Il va devoir donner des signes qu‘il possède une équipe solide etcrédible. Et l’équipe sera crédible si elle est solide.

Emmanuel Macron a peu de ressources humaines dans les milieux politiques puisqu‘il n’a pas de famille politique. Son cercle rapproché peut se tourner vers ses autres réseaux.

1.le réseau de l’ENA et notamment celui de la promotion 2004 Leopold Sedar Senghor. Beaucoup sont déjà casés dans des postes de pouvoir ou dans les antichambres.

2. le réseau des Gracques, un club de hauts fonctionnaires et de dirigeants de grandes entreprises qui s’est déjà mis à son service. C’est ce réseau qui était déjà largement à l’origine de la commission Attali formée au début du quinquennat Sarkozy pour proposer des réformes de structures et dont le Secrétaire général était Emmanuel Macron. L’homme qui a sans doute le plus d’influence dans ce réseau est Jean-Pierre Jouyet, le secrétaire général de l’Elysée et qui a, depuis la commission Attali, fortement sponsorisé la carrière d’Emmanuel Macron.

3.le réseau des entrepreneurs du digital, qu’ils soient en France ou à l’étranger où on trouve principalement les fondateurs de l’école 42, dont le leader naturel est XavierNiel.

4. les ressources politiques. Pour Emmanuel Macron, la pêche au personnel politique est plus délicate. Il doit rester sur le créneau de la compétence et de l’expertise. C’est la raison pour laquelle il aurait pris contact avec Pascal Lamy, l’ancien collaborateur de Jacques Delors, ancien directeur de l’Organisation Mondiale du Commerce et qu’il pourrait nommer àMatignon. Politiquement, Pascal Lamy est plutôt de centre gauche, très européen, assez proche de la CFDT dont il partage le pragmatisme, et qui peut s’entendre aussi avec la nouvelle présidente de la FNSEA, Christine Lambert.

Mais parallèlement, les gens de chez Macron ont beaucoup parlé avec Jean-Louis Borloo qui pourrait offrir une image plus politique que celle de Pascal Lamy pour occuper Matignon.

Mais ce qu’il faut savoir, c’est que Pascal Lamy comme Jean-Louis Borloo sont très clivants. Tous les deux concentreront la critique des eurosceptiques et des antieuropéens de l’extrême gauche et de l’extrême droite, et de tous ceux qui se sentent déclassés par la mondialisation et par les mutations technologiques.

C’est pour cette raison qu’Emmanuel Macron ira sans doute chercher des gages à droite pour se ménager des possibilités de constituer des majorités d’idées ou de circonstances. Il a déjà, dans son équipe, Renaud Dutreil, ancien ministre de l’artisanat sous Jacques Chirac, sur lequel il pourra compter. Renaud Dutreil cumule une expérience de ministre qui avait bien réussi dans le milieu des PME, qui a gardé beaucoup d’amis chez les libéraux proches de Gérard Longuet et qui a su se constituer un bon réseau chez les patrons français qu’ils soient à Paris ou à New-York. A noter que les réseaux chiraquiens en général se sentent assez proches d’Emmanuel Macron.

Ceci dit, pour se lancer dans la bagarre du deuxième tour, Macron aura aussi besoin de trouver l’appui de ceux qui ont supporté François Fillon. Il y a d’abord ceux qui avait abandonné le bateau au tout début des affaires comme Bruno Lemaire qui serait tout à fait récupérable ... mais les hommes de Macron comptent aussi sur des plus gros poissons de droite à la fois pour gouverner mais aussi pour consolider des majorités.

Dans la short-list qui aurait été constituée par Macron, on trouve des représentants de la nouvelle génération, outre Bruno Lemaire, Xavier Bertrand, Nathalie Kosciusko-Morizet, Jean-Louis Borloo et même François Baroin qui restera fidèle et loyal à François Fillon, selon le deal qui avait été écrit entre Nicolas Sarkozy et son ancien premier ministre jusqu'à la dernière minute.  Mais après, tout est possible.

Ce renforcement de l’image, du programme et de la structure a été imaginé dans le cas d’un scénario qui verrait se nouer un affrontement entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron.

Mais ce que les équipes de Macron n’ont pas analysé, c’est le cas où François Fillon arriverait deuxième devant Marine Le Pen et se retrouverait face à leur champion.

Dans ce cas, on reviendrait à un duel entre la gauche et la droite.Ce duel nous ramènerait à une figure très classique que Macron avait voulu fuir. La stratégie du ni à gauche, ni à droite ne fonctionnera plus. Il sera déporté plus vite qu’il ne l'aurait voulu dans la position du fils naturel de François Hollande, c’est à dire dans une position inverse de celle avec laquelle il a construit son mouvement.

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