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Un soldat ukrainien est assis sur un véhicule blindé de transport de troupes roulant sur une route près de Sloviansk, dans l'Est de l'Ukraine, le 26 avril 2022.
Un soldat ukrainien est assis sur un véhicule blindé de transport de troupes roulant sur une route près de Sloviansk, dans l'Est de l'Ukraine, le 26 avril 2022.
©Yasuyoshi CHIBA / AFP

Evolution du conflit

A l’initiative des Etats-Unis, 40 pays se sont réunis mardi en Allemagne, avec la volonté de fournir des armes lourdes à l’Ukraine et d’assurer un soutien militaire accru au pays contre la Russie. Au regard des difficultés de l'armée russe sur le terrain, une victoire ukrainienne est-elle envisageable ?

Jérôme Pellistrandi

Jérôme Pellistrandi

Le Général Jérôme Pellistrandi est Rédacteur en chef de la Revue Défense nationale.

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Atlantico : Cela fait maintenant presque deux mois que l’invasion de l’Ukraine par la Russie a commencé, quelle est la situation actuelle

Jérôme Pellistrandi : Depuis quelques jours, l’intensification de l’offensive russe dans le Donbass oblige les Ukrainiens à reculer. Ils ont perdu quelques petites agglomérations, sont sur la défensive sans parvenir à stopper l’avancée russe. Pourtant les Russes n’ont pas gagné la guerre et les Ukrainiens ne l’ont pas perdu. Les deux camps risquent même de s’épuiser. 

L’accroissement des frappes russes à l’ouest de la zone de combat autour de Zaporijia, de Dnipro, vers Mykolaïv ou Odessa a élargi leur champ d’action. L’armée a frappé des cibles à l’intérieur du territoire ukrainien avec des missiles de précision, mais cela reste des actions ponctuelles. Manifestement, elle veut frapper tout ce qui la sépare de Dnipro car son objectif est d’aller jusqu’au fleuve. Les Russes ont besoin de mettre entre les territoires conquis et le reste de l’Ukraine un obstacle naturel : le fleuve. D’ici plusieurs années, les Russes savent que les Ukrainiens voudront reconquérir ces régions par la force. En allant jusqu’à Dnipro, ils couvrent le flanc sud par le fossé anti-char le plus puissant qui est, le fleuve Dniepr. 

Qu’en est-il des pertes russes

On sait que les Russes ont perdu plus de 3200 engins allant du drone à l’avion de combat en passant par le camion. Ces pertes sont énormes. Les Ukrainiens affirment que les Russes ont perdu 22 000 soldats, les Britanniques ont une estimation plus probable de 15 000 individus. Cela semble plus réaliste au regard des combats menés depuis plus de 60 jours. On peut noter que les Russes ont perdu en deux mois la même quantité de soldats que durant le conflit Afghan qui a duré dix ans. Et à ces 15 000 tués, il faut multiplier par trois le nombre de blessés, soit 45 000 blessés. On peut estimer que les pertes sont à peu près identiques du côté ukrainien. 

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Quelle est la situation des deux armées moralement ? 

Mourir pour l’Ukraine devient quelque chose d’accepté par la population car elle est engagée contre son agresseur : la Russie. Ce n’est pas la même situation du côté Russe. C’est sur ce terrain que tout pourrait se jouer car l’une des difficultés à laquelle est confrontée la Russie étant qu’elle ne peut pas apporter une telle ressource humaine sur le terrain sans avoir à mobiliser. En Ukraine, l’unité nationale reste extrêmement solide, il n’y a aucune remise en cause de Zelensky et tout le monde se sent concerné par la guerre contre les Russes. 

Sur le terrain, le soldat ukrainien mange chaud, il est ravitaillé, soutenu par sa population alors que le soldat russe mange froid, il est loin de chez lui et il n’est pas soutenu par la population locale. Les Ukrainiens ont gagné un ascendant moral et savent qu’ils peuvent y arriver. Les Russes eux se rendent compte qu’ils ont du mal au fil des jours. 

Y a-t-il des scénarios où une victoire ukrainienne est envisageable

Une victoire ukrainienne reviendrait à une stabilisation de la ligne de front dans le Donbass. Les Russes devraient alors s’arrêter de progresser. Le conflit pourrait se geler comme ce qu’il s’est passé dans le Donbass et la ligne de front s’avancerait de 50 ou 100 km vers l’intérieur de l’Ukraine. 

La Russie pourrait-elle effectuer des ajustements pour éviter cela ? 

Avec les moyens lourds qui sont envoyés à l’Ukraine, une offensive russe peut être contrée et son armée être saignée à blanc. Ainsi, une telle situation pourrait entrouvrir une porte vers une négociation. Jusqu’à présent, Moscou était face à un adversaire qui n’avait rien à négocier, c’était une capitulation. Aujourd’hui, les Ukrainiens peuvent refuser certaines conditions car ils ne sont pas dans une situation d’infériorité et cela rééquilibre le cadre d’éventuelles négociations de paix. 

Nous ne sommes pas dans une situation où les Ukrainiens pourraient imposer leurs conditions aux Russes. Ils pourraient négocier un cessez-le-feu avec un maintien des positions. Les Russes eux ne peuvent plus négocier la « dénazification » ou imposer la langue russe. 

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