Et Mister France 2021 est… Bruno Le Maire<!-- --> | Atlantico.fr
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Le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, participe à une conférence de presse avec le président de l'Eurogroupe, à Paris, le 29 novembre 2021.
Le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, participe à une conférence de presse avec le président de l'Eurogroupe, à Paris, le 29 novembre 2021.
©ERIC PIERMONT / AFP

Embellie économique ?

Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, qui vient de publier "Un éternel soleil" aux éditions Albin Michel, a-t-il été en mesure de respecter ses promesses et ses engagements économiques ?

Nathalie MP Meyer

Nathalie MP Meyer

Nathalie MP Meyer est née en 1962. Elle est diplômée de l’ESSEC et a travaillé dans le secteur de la banque et l’assurance. Depuis 2015, elle tient Le Blog de Nathalie MP avec l’objectif de faire connaître le libéralisme et d’expliquer en quoi il constituerait une réponse adaptée aux problèmes actuels de la France aussi bien sur le plan des libertés individuelles que sur celui de la prospérité économique générale.
 
https://leblogdenathaliemp.com/

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Après Miss France, Mister France ! Logique. On est pour l’égalité homme femme ou on ne l’est pas. En 2017, Emmanuel Macron avait remporté le titre haut la main. Depuis l’Élysée qu’il occupait depuis peu, il avait brillamment dominé de toute la hauteur de sa pensée complexe le féroce entretien de culture générale que lui avait infligé un Laurent Delahousse plus irrévérencieux que jamais. Cette année, un candidat s’impose à l’évidence dans la compétition. Je veux bien sûr parler de notre fabuleux ministre de l’Économie Bruno Le Maire !

Juste retour des choses. À une époque, le Press Club de France lui décernait volontiers l’un ou l’autre prix de l’humour en politique, mais depuis qu’il a rejoint Bercy sous les auspices macroniens, pas la moindre petite récompense à se mettre sous la dent. Dans la récente cuvée 2021, c’est la charmante Marlène Schiappa qui a décroché le pompon. Alors qu’elle présentait son projet de loi sur la lutte contre la polygamie, elle avait pris soin de préciser : « On ne va pas s’interdire les plans à trois » !

Pourtant, côté humour, côté « franche déconnade », Bruno Le Maire est un véritable expert. Il aime bien raconter qu’enfant, quand il se promenait sur la plage en maillot de bain, on lui disait déjà : « Tiens, on dirait que tu portes un costume. » Forcément, avec de telles dispositions, il n’a pas tardé à devenir « le rigolo » de service à l’ENA. Il faut assumer.

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En 2016, cela lui avait valu le double prix Press Club du jury et des internautes pour sa formule « Mon intelligence est un obstacle » livrée dans un entretien accordé à l’hebdomadaire Le Point. Lors de la remise du prix, il s’était employé, non sans un certain humour plus ou moins volontaire et perché, à rétablir la vérité. Soulignant d’abord que quand il faisait une connerie, le bon élève qu’il était ne la faisait pas à moitié (par référence à son double prix), il avait tenu à donner la version longue de son trait d’humour (vidéo ci-dessous) :

« La phrase que vous avez citée n’est pas la phrase exacte et je voudrais quand même rétablir la vérité. Je n’ai jamais dit : ‘Mon intelligence est un obstacle’. J’ai dit : ‘Mon corps de rêve, mes yeux bleus couleur Méditerranée en colère, ma modestie, mon insondable modestie et mon intelligence sont un obstacle.' »

Ses yeux bleus, son corps de rêve, son insondable modestie, sa propension à la connerie achevée – voilà de quoi le qualifier évidemment pour mon grand prix Mister France 2021 ! Mais c’est bien sûr l’ensemble de son œuvre – et Dieu sait qu’elle est fournie – que je tiens à récompenser ici à l’approche des fêtes de fin d’année.

Voici trois exemples particulièrement spectaculaires qui, je l’espère, vous convaincront sans difficulté des remarquables talents de M. Le Maire.

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Samedi 11 décembre dernier, il était l’invité de l’émission On est en Direct animée par Laurent Ruquier et Léa Salamé sur France 2. Lumière dorée, sapin scintillant de mille feux, et trônant au milieu, notre Bruno dans ses habits de bon élève qui découvre soudain, après cinq ans de pouvoir, qu’il faut tout changer dans la façon de gouverner ! (vidéo ci-dessous, 03′ 36″) :

« Je trouve que si on veut réussir le prochain quinquennat, dont je souhaite qu’il soit celui d’Emmanuel Macron, (…) il faut changer complètement la façon dont on gouverne dans notre pays. Ce n’est plus possible ! Je le dis avec beaucoup de liberté : Ce – n’est plus – possible ! »

Mais, lui rétorque non sans raison Léa Salamé, pourquoi n’y avez-vous pas pensé plus tôt ? « Vous parlez comme si vous étiez un opposant ! » La réponse du ministre devrait lui valoir un prix à vie auprès du Press Club :

« S’il ne nous restait rien à faire, cela ne vaudrait pas le coup de faire acte de candidature. »

.
Peut-être faudrait-il même envisager de ne surtout rien faire lors du premier quinquennat pour être certain de ne pas trop s’ennuyer lors du second. Sans compter que « ne rien faire » n’est pas forcément une mauvaise politique si l’on compare avec les conséquences à venir du « quoi qu’il en coûte » effréné relancé récemment avec les mesures de soutien à l’événementiel et aux discothèques.

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Mais le point important à retenir, c’est que ce ministre, « l’un des ministres les plus brillants de ce gouvernement » comme n’a pas manqué de le souligner Laurent Ruquier samedi soir sans qu’on sache trop si c’était du lard ou du cochon, en tout cas l’un de ceux qui sont toujours en première ligne pour défendre la politique présidentielle – bref, le point à retenir, c’est que ce ministre adore faire comme s’il était en effet du côté de sa propre opposition. Il adore professer une empathie avec les Français, empathie dont on ne discerne plus rien dans les choix politiques qui sont finalement faits.

C’est ainsi qu’en novembre 2018, à l’époque de la crise des Gilets jaunes qui a commencé comme vous le savez par une révolte fiscale face à un projet de hausse des taxes sur les carburants, on l’a vu s’exclamer sur un ton pénétré au micro de Jean-Jacques Bourdin :

« Nous sommes tous des automobilistes. Les Français aiment la voiture et j’aime la voiture ! »

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Et de nous raconter comme s’il était le plus moyen des Français moyens comment il avait changé de voiture pour passer d’un 5008 diesel à un 5008 essence pour limiter les émissions de particules fines et combien il avait souffert quand il avait constaté lui-même la hausse des prix à la pompe lors de son dernier voyage dans le Gers (vidéo, 01′ 23″) :

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Et c’est ainsi que quelques jours plus tard, à l’occasion de la présentation du projet de loi de finances 2019, il jouait sur le même registre larmoyant-compatissant en proclamant devant la représentation nationale :

« Nous dépenserons moins et mieux, nous réduirons la dette, mais aussi les impôts et les taxes des Français – on voit bien ce qui se passe actuellement : les impôts et les taxes, ça suffit ! »

« Les impôts et les taxes, ça suffit ! » – comme c’est beau dans la bouche d’un ministre de Bercy. Et surtout, comme c’est vrai !

Ça commence à se savoir que la France est championne du monde des prélèvements obligatoires et des dépenses publiques. Ça commence à se savoir que sa dette publique, loin de se réduire, s’envole rapidement et sûrement dans les volutes du « quoi qu’il en coûte » et autres dérapages dépensiers non contrôlés. Et ça commence à se savoir que les prestations reçues en retour à l’hôpital, à l’école ou ailleurs sont parfois, comment dire, légèrement décevantes.

Mais au fait, Bruno, qui est ministre de l’Économie depuis cinq ans ? Peut-être n’était-ce pas le meilleur moment pour écrire des livres et de la poésie. Peut-être eut-il fallu s’intéresser un peu plus à l’économie. Qu’as-tu fait, ô toi que voilà, versant sans cesse tes larmes de crocodile sur les plateaux télé ? Dis, qu’as-tu fait, toi que voilà, de tes promesses ministérielles ? 

Cet article a été initialement publié sur le site de Nathalie MP : cliquez ICI

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